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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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est préparée
par des spécialistes et par des gens qui connaissent tous les secrets de la
montagne, font appel à des mercenaires basques.
    Au mois de novembre 1243, un groupe de ces Basques réussit à
prendre pied sur le versant sud, à cent cinquante mètres au-dessous de la
forteresse. C’est une position peu confortable, mais elle peut permettre d’engager
d’autres opérations, d’autant plus qu’on réussit à s’y maintenir fermement. On
met en batterie un trébuchet qui, malgré sa position en contrebas, parvient à
expédier quelques boulets de pierre dans la barbacane orientale du château. C’est
d’ailleurs dans cette direction que va porter l’effort des assiégeants. Pendant
la nuit, à la fin du mois de décembre, un groupe de volontaires, armés à la
légère, s’engage dans les falaises méridionales, sous l’éperon rocheux qui
termine le pog , vers l’est. Ils sont conduits
par un guide, qui connaît les sentiers secrets, et qui est, selon toute vraisemblance,
un Cathare renégat. Ils parviennent sur la crête et massacrent les gardiens de
la barbacane. Les Basques, qui attendaient, à l’abri dans leurs positions, interviennent
à leur tour, font irruption dans la barbacane, et malgré la résistance acharnée
des défenseurs de cette barbacane, réussissent à s’en emparer. On raconte que, le
jour venu, les volontaires de l’expédition nocturne frémirent d’horreur à la
vue du précipice le long duquel ils avaient rampé pendant la nuit sans s’apercevoir
du danger qu’ils couraient. On ajoute qu’ils assurèrent à leurs camarades que
jamais ils n’auraient osé s’y aventurer s’ils avaient connu la difficulté ou s’ils
avaient pu voir le précipice.
    Cette prise de la barbacane orientale va changer le sort de
la bataille et raccourcir considérablement la durée du siège. En effet, sur
cette position qui permet de surveiller les ennemis presque au même niveau que
la forteresse, les hommes de l’évêque d’Albi commencent le montage d’une énorme
pierrière, et cela à quatre-vingts mètres des remparts du château. Cette
pierrière permet de lancer à l’intérieur des fortifications des boulets de
pierre de soixante à quatre-vingts livres qui causent beaucoup de dégâts, à la
fois sur les toitures et sur les murs. La situation qui, jusque-là, était
plutôt favorable aux assiégés, prêts à narguer pendant des années les forces
royales, tourne à l’avantage des assiégeants.
    Pierre-Roger de Mirepoix, le chef de la garnison de Montségur,
ne se fait plus d’illusions sur l’avenir. Il parvient à convaincre l’évêque
Bertrand d’en Marti de faire évacuer le trésor cathare. Grâce à la complicité
de quelques sentinelles de l’armée royale, que l’on achète purement et
simplement, on peut ainsi faire transporter une grande quantité d’or et d’argent
dans une grotte fortifiée de la haute vallée de l’Ariège, et, ensuite, au
château d’Usson, dans le Donnézan. Là, les porteurs du trésor essaient de
recruter une troupe d’élite : il s’agit de se ruer sur les Croisés, de
rompre leurs rangs et de se jeter dans Montségur par la crête orientale après
avoir détruit la pierrière ou après l’avoir retournée contre les assiégeants. On
se met d’accord avec un chef catalan, plus ou moins bandit de grands chemins, un
dénommé Corbario, qui se charge de conduire les opérations. La tentative échoue,
surtout parce que les hommes de Corbario s’égarent, dans la nuit sombre, au
milieu de la gorge du Lasset, sans pouvoir prendre pied sur la position
convoitée. Et la pierrière de l’évêque d’Albi continue à faire des dégâts considérables.
    Le premier jour du mois de mars 1244, les assiégés, bien préparés
et prêts à tout, tentent une sortie. Ils sont repoussés. Pierre-Roger de
Mirepoix comprend que cela ne peut plus durer longtemps. Ce n’est pas que l’on
manque de provisions, ni de possibilités d’échanges avec l’extérieur. La nuit, des
groupes d’hommes d’armes forcent le blocus de l’armée royale et, conduits par
des hommes sûrs, arrivent jusqu’à la forteresse. D’autres apportent des
messages à l’évêque Bertrand d’en Marti. On peut donc faire venir des armes et
même du ravitaillement. Mais le problème de l’eau devient préoccupant : les
citernes sont polluées à cause des rats qui y sont tombés en grand nombre. On
pense d’ailleurs que ce n’est pas un accident,

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