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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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mais une trahison, un membre de
la garnison ayant dû être soudoyé pour cette besogne. Il est donc grand temps
de prendre des décisions pour éviter le pire.
    On fait savoir à tous la situation réelle : les
Cathares s’en remettent à Ramon de Perella et à Pierre-Roger de Mirepoix, leur
donnant tout pouvoir pour négocier une reddition honorable. Les deux chefs
envoient un messager au sénéchal de Carcassonne pour demander à quelles
conditions ils pourraient accepter de rendre Montségur.
    Le siège dure depuis près d’un an. Les chefs des troupes royales
sont excédés par cette durée. Ils savent aussi que jamais ils ne pourront
prendre d’assaut la place. Hugues des Arcis, l’archevêque Pierre Amiel et l’inquisiteur
Ferrier acceptent la plupart des conditions posées par les assiégés. Tous ceux
qui se rendront auront la vie sauve et ne seront pas inquiétés s’ils acceptent
une confession sincère de leurs fautes. Ils sortiront avec leurs armes et leurs
bagages, et aucune sanction ne sera prise pour la participation à l’attentat d’Avignonnet.
On laisse aux assiégés un délai de quinze jours, et ils devront se rendre le 16 mars.
    Ce délai pose une question : pourquoi cette mansuétude ?
On a avancé une hypothèse : peut-être pour permettre aux Cathares de
célébrer une dernière fois une fête solaire, probablement d’origine manichéenne,
à l’équinoxe de printemps. Mais il paraît surprenant que les vainqueurs, si
acharnés contre l’hérésie, aient pu se montrer aussi tolérants. D’ailleurs, cette
autre mansuétude qui consiste à laisser aller tous ceux qui confesseraient
leurs fautes, est en réalité un redoutable piège : les vainqueurs savent
très bien que les Cathares authentiques, en particulier les « Parfaits »,
ne renieront pas leur foi et qu’ils préféreront mourir sur le bûcher.
    La nuit précédant la reddition, Pierre-Roger de Mirepoix
fait évader quatre Parfaits qu’il a, au préalable, séparés des autres, et
cachés dans les souterrains du château. Il les fait descendre par des câbles, le
long de la grande paroi occidentale de la montagne. Qui étaient ces quatre
hommes ? Probablement des Cathares qui connaissaient certains secrets, peut-être
l’emplacement du trésor, ou tout au moins des « missionnaires » chargés
de perpétuer la doctrine. À moins qu’ils aient emporté des documents pour les
mettre en lieu sûr. On comprend en tout cas que cette évasion, au dernier
moment, dans des conditions invraisemblables, et avec tout le mystère que cela
suppose autour de l’événement, ait pu provoquer tant d’hypothèses, et aussi
tant d’interprétations sans preuves. On parle aussi d’un glacier souterrain, sur
la montagne, en face de Montségur : les fugitifs auraient enfoui des
documents ou un trésor dans ce glacier, lequel glacier descend chaque année :
il suffit d’attendre patiemment le moment où la glace restituera ce qu’on lui a
confié. Mais cela risque d’être long.
    Alors, le 16 mars 1244, les occupants de Montségur
quittent le sommet du pog . Deux cent cinq
Cathares refusent de confesser leurs erreurs et persistent dans leur foi. Parmi
eux, il y a bien entendu l’évêque Bertrand d’en Marti, mais aussi des femmes, en
particulier Esclarmonde de Perella, la fille du seigneur du lieu, sa mère Corba
de Perella, et sa grand-mère, Marquésia de Lantar. On dresse immédiatement le
bûcher, peut-être sur ce qu’on appelle le Prat del
Cramats (Pré des Brûlés), là où se trouve le monument commémoratif. Mais
on n’est pas sûr du lieu exact. Toujours est-il que le bûcher fut allumé et que
les « hérétiques » s’y précipitèrent en chantant, comme des gens qui
étaient assurés de revenir à la pureté originelle, quand le Mal n’avait point
encore perturbé la marche du monde.
    Quelques semaines plus tard, à Paris, le roi Louis IX, que
nous appelons saint Louis, fut averti de la prise de Montségur et de l’autodafé
qui s’ensuivit. On lui dit aussi que Gui II de Levis avait pris possession
de la place au nom du roi et qu’il y avait établi une garnison d’hommes fidèles.
Pour Louis IX, c’était cela qui était important : posséder, en plein
cœur d’un pays suspect, une forteresse inexpugnable où son autorité pourrait se
manifester. Le reste, c’est-à-dire les hérétiques brûlés, ce n’était qu’une
opération de police, et ce n’était pas la première fois

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