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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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si vous vous montrez trop imprudentes – en supposant que votre
théorie soit juste. Non, à mon avis, il s’agit plus probablement d’une
vengeance entre proxénètes, sans lien aucun avec la bonne société.
    — Vous oubliez Bertie Astley.
    — Lui ? Il était propriétaire de toute une rue
dans Devil’s Acre. Voilà d’où vient l’argent de la famille Astley : la
location de taudis dans un quartier pauvre.
    — Oh, non !
    — Mais si ! S’il possédait une maison close, il a
pu être éliminé par un rival.
    — Qu’allez-vous faire ?
    — Retourner là-bas, pardi ! Voyez-vous une autre
solution ?
    — Thomas, je vous en prie, soyez prudent…
    Elle se tut brusquement, ne sachant trop qu’ajouter.
    Pitt n’ignorait pas les dangers qu’il courait, mais il n’avait
pas le choix ; si le tueur frappait à nouveau, l’opinion publique deviendrait
hystérique ; Athelstan, craignant de perdre sa place, ferait de plus en
plus pression sur lui et lui enjoindrait de procéder à une arrestation pour
satisfaire le Parlement, l’Église et aussi tous les propriétaires d’établissements
de prostitution de la capitale. Si par malheur d’autres atrocités étaient
commises, une vague de terreur et de fureur s’ensuivrait, et la police en
serait tenue pour responsable.
    Mais, par-dessus tout, Pitt désirait résoudre seul cette
affaire, avant que Charlotte, dévidant quelque fil d’Ariane à l’intérieur du
cercle des relations d’Emily, ne commence à le suivre et finisse par se
retrouver dans une situation risquée et incontrôlable. Il devait bien se l’avouer :
il lui avait interdit de s’occuper de cette affaire non seulement parce qu’il
considérait qu’elle courait un grand danger, mais aussi parce qu’il voulait lui
démontrer qu’il n’avait pas besoin de son aide !
    — Je ferai attention, dit-il sèchement. Je ne suis pas
stupide à ce point !
    Elle lui lança un regard oblique, mais tint sa langue.
    — En tout cas, j’exige que vous restiez en dehors de
tout cela ! ajouta-t-il. Vous avez suffisamment à faire sans vous mêler de
choses qui ne peuvent que vous attirer des ennuis.
     
    Néanmoins, lorsqu’il se rendit à Devil’s Acre le lendemain, il
prit un soin particulier à s’habiller de façon à ne pas se faire remarquer. Il
marchait avec le pas furtif et assuré de quelqu’un qui connaît le quartier, mais
qui n’a pas de but précis.
    Il faisait froid. Le ciel était sombre et un vent glacial
soufflait de la Tamise. Il avait donc une bonne raison d’enfoncer son vieux
chapeau sur sa tête et de cacher la moitié de son visage dans son écharpe. Les
rares becs de gaz de Devil’s Acre luisaient encore dans la grisaille, pareils à
de petites lunes perdues dans un monde souterrain et perverti.
    Pitt avait l’intention de mettre à profit son savoir sur
Pomeroy pour en apprendre le plus possible sur les établissements spécialisés
dans la prostitution des enfants. Il espérait découvrir la raison pour laquelle
le répétiteur avait été retrouvé dans ce cloaque, mais il craignait, malheureusement,
de connaître déjà la réponse : Pomeroy devait avoir besoin de venir ici
pour assouvir d’immondes appétits qu’il ne pouvait ou n’osait satisfaire à
Seabrook Walk. Pour quel autre motif un être aussi guindé et méticuleux
serait-il venu hanter ces bas-fonds ?
    Il avait débuté sa journée au commissariat de Devil’s Acre, dans
le bureau de l’inspecteur Parkins, où il rassembla le maximum d’informations
sur les maisons closes dans lesquelles travaillaient des enfants. Son collègue
lui fournit le nom d’indicateurs, ainsi que quelques tuyaux lui permettant de
faire pression sur eux afin de tenter de leur extorquer la vérité.
    Mais hélas, aucun tenancier de maison close ne voulut
admettre qu’il avait eu Pomeroy pour client.
    À dix heures du soir, épuisé et transi, Pitt décida d’essayer
encore un dernier établissement, celui d’Ambrose Mercutt, avant de rentrer chez
lui. Cette fois, il n’eut pas à cacher son identité : le portier le
reconnut aussitôt. La mémoire visuelle était un talent indispensable à l’exercice
de ce métier.
    — Qu’est-ce que vous voulez ? aboya-t-il. Vous
pouvez pas entrer, y a des clients. On travaille, nous.
    — Moi aussi, riposta Pitt. Mais si vous acceptez de
répondre poliment à quelques questions, je me contenterai de passer
discrètement…
    L’homme réfléchit. Il était

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