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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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grand, maigre, habillé d’une
veste cintrée, avec un foulard de soie noué autour du cou, comme c’était la
mode chez les voyous. Il lui manquait la moitié d’une oreille.
    — Et d’après vous, ça rapporterait combien ?
    — Rien. Mais cela pourrait vous permettre de conserver
votre emploi et votre joli cou. Une corde de chanvre, ça brûle… et ça peut
ruiner l’avenir d’un homme.
    Le portier renifla.
    — J’ai tué personne, moi. C’est vrai, j’en ai chauffé
les oreilles à plus d’un qui se rendait pas compte qu’il en avait eu pour son
argent…
    Il ricana bêtement, découvrant ses longues dents pointues.
    — … mais ils sont jamais revenus se plaindre. Les beaux
messieurs ne se plaignent jamais. Et vous autres flics, vous n’arriverez pas à
leur faire porter plainte. Ils préféreraient mourir plutôt que d’attaquer un
proxénète en justice !
    Il se déhancha, prit la pose et se mit à déclamer d’une voix
de fausset :
    — S’il vous plaît, Votre Honneur, monsieur le juge, je
vous présente la prostituée dont j’ai acheté les services ; je veux porter
plainte contre elle parce qu’elle ne m’en a pas donné pour mon argent. Je
voudrais que vous lui fassiez comprendre que la prochaine fois elle devra se
montrer un peu plus gentille, Votre Honneur !
    Il changea de position, posa sa main sur son autre hanche et
prit un air dédaigneux.
    — Très certainement, monsieur Jobard. Dites-moi donc
combien vous l’avez payée et donnez-moi son adresse. Je veillerai personnellement
à ce qu’elle vous donne satisfaction !
    — Vous n’avez jamais pensé à monter sur les planches ?
fit Pitt joyeusement. Vous feriez un tabac au poulailler !
    L’homme hésita, flatté malgré lui, réfléchissant à la
possible célébrité qu’on faisait miroiter devant lui. Lui qui s’était attendu à
des insultes recevait des compliments, sans parler de cette excellente idée que
venait de lui suggérer ce policier.
    Pitt sortit de sa poche le portrait d’Ernest Pomeroy et le
lui tendit. Jusqu’à présent, il n’avait pas été diffusé dans les journaux.
    — Vous le connaissez ?
    — Et alors ? Qu’est-ce que ça peut vous faire ?
    — Cela ne vous regarde pas. Croyez-moi, c’est important.
Tellement important que je n’aurai de cesse de retrouver celui ou ceux qui lui
procuraient de quoi satisfaire ses vices. Ce ne serait pas bon pour le commerce
d’avoir tous les jours la police à sa porte, n’est-ce pas ?
    — Bon, d’accord. On le connaît. Et alors ?
    — Pourquoi venait-il ici ?
    Le portier le dévisagea d’un air stupéfait.
    — Comment ? Mais vous êtes demeuré, ma parole !
Pourquoi croyez-vous qu’il venait, à votre avis ? Pour cueillir des
pâquerettes ? Un vrai vicelard, celui-là. Il les aimait très jeunes, les
gamins. Sept, huit ans, pas plus. Mais vous arriverez jamais à le prouver. Moi,
j’ai rien dit, hein ? Maintenant, fichez le camp, avant que j’arrange
votre joli petit cou avec un joli collier rouge. Vous vous retrouveriez avec un
sourire fendu jusqu’aux oreilles.
    Pitt le crut volontiers ; de plus, il n’avait pas
besoin de preuves. Il savait qu’il n’en trouverait jamais.
    — Merci, dit-il avec un léger signe de tête. Je pense
que je n’aurai plus besoin de vous déranger.
    — Tant mieux ! cria l’homme dans son dos tandis qu’il
s’éloignait. On vous aime pas trop, dans le quartier. Un conseil : allez
fourrer votre nez ailleurs, si vous tenez à votre santé…
    Pitt avait bien l’intention de quitter cet endroit au plus
vite. Il se mit à marcher d’un pas vif, les poings enfoncés dans les poches, son
cache-col remonté jusqu’aux oreilles. Donc, comme il s’en était douté, Pomeroy
était bien pédéraste. Il était simplement venu en chercher confirmation. Et
Bertie Astley louait des immeubles dans Devil’s Acre, hébergeant ateliers, appartements
à louer, et un tripot. Le métier exercé par Max n’était un secret pour personne.
Désormais, il ne lui restait qu’à découvrir le vrai motif des allées et venues
du Dr Pinchin. Et ensuite, bien entendu, il faudrait trouver ce que ces quatre
hommes pouvaient avoir en commun qui expliquerait leur assassinat.
    Il faisait un froid de loup. Le vent, chargé d’une âcre
odeur d’égout, lui piquait les yeux. Il releva le menton, redressa les épaules
et allongea le pas.
    Il n’entendit pas les hommes qui arrivaient derrière lui
dans

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