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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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son épouse travaille
dans une maison close peut puiser en lui assez de haine pour se venger de la
sorte. Je ne parle pas seulement de Max, mais de toute personne qui aurait eu
une relation avec la déchéance de sa femme.
    — Et comment les aurait-il retrouvées, selon vous ?
Il n’y a aucun lien, vous m’entendez, entre Max et Hubert Pinchin ! Jusqu’à
présent, nous n’avons identifié personne les connaissant tous deux.
    Si elle tenait à jouer les détectives, qu’elle trouve donc
toutes les réponses aux questions que ne manquerait pas de poser Athelstan !
    — Pinchin soignait peut-être les pensionnaires de Max ?
    — Bonne idée. J’y ai déjà pensé, mais hélas, ce n’est
pas le cas. C’est un vieux corbeau, un médecin marron rayé de l’Ordre, qui s’en
charge. Une activité très lucrative, de surcroît. Pour rien au monde ce grigou
ne partagerait cette manne avec quiconque !
    — Corbeau ? Est-ce le mot d’argot utilisé pour
désigner un médecin ?
    Sans attendre de réponse, elle enchaîna :
    — Supposons qu’un mari, venu en client, se retrouve
dans le lit d’une catin qui n’est autre que sa propre femme. Il connaîtrait
certainement le nom du proxénète ! jubila-t-elle, ravie de cette
argumentation imparable.
    — Et que fait-il de son épouse ? riposta Pitt, cinglant.
Il en fait un paquet et la ramène à la maison ? Croyez-vous qu’il veuille
encore d’elle ?
    Charlotte renifla et lui jeta un regard impatient.
    — Non, bien sûr. Mais il ne peut pas demander le
divorce !
    — Pourquoi pas ? Il aurait de bonnes raisons, non ?
    — Thomas, voyons, réfléchissez ! Quel homme
avouerait avoir découvert que sa femme se prostitue à Devil’s Acre ? Sa
vie serait détruite, même si la police ne recherchait pas un criminel ! S’il
existe quelque chose de pire que la mort pour un gentleman, c’est bien de
devenir en même temps objet de risée et de pitié.
    Pitt ne trouva rien à répliquer.
    — En effet, grommela-t-il. Alors il ne lui reste plus
qu’à attendre son heure pour se débarrasser d’elle.
    Elle pâlit.
    — Vous croyez ?
    — Nom d’une pipe, Charlotte ! En voilà une
question ! Je n’en sais rien ! S’il est capable de châtrer son
souteneur et ses amants, qu’est-ce qui l’empêcherait de laisser le cadavre de
son épouse dans un caniveau – dans un quartier plus respectable, s’entend. Gardez
bien cela en tête et cessez de vous mêler de ce que vous ne comprenez pas. Vous
ne feriez que causer du tort à certaines personnes en éveillant des soupçons. Attention,
si votre thèse est la bonne, l’homme n’a plus rien à perdre !
    — Mais, Thomas, je ne suis jamais allée…
    — Bon sang ! Vous me prenez pour un idiot ? Je
ne sais pas exactement ce que vous manigancez avec Emily, mais j’en connais la
raison !
    Elle demeura immobile sur sa chaise, les joues en feu.
    — Je ne suis pas allée à Devil’s Acre, et que je sache,
je n’ai parlé à personne qui ait eu l’occasion de s’y rendre ! précisa-t-elle,
sur le ton de la vertu offensée.
    À voir l’étincelle de colère qui s’allumait dans ses yeux, Pitt
comprit qu’elle ne mentait pas. Sinon, elle ne le lui aurait pas dit de façon
aussi explicite.
    — Avouez que ce n’est pas l’envie qui vous en manque, observa-t-il,
d’un ton acide.
    — Votre enquête paraît piétiner, si je ne m’abuse… Moi,
je peux vous citer une demi-douzaine de noms susceptibles de vous intéresser. Lavinia
Hawkesley, par exemple, mariée à un vieux barbon. Dorothea Blandish. Mrs. Dinford.
Lucy Abercorn. Et la nouvelle veuve, Adela Pomeroy… Il paraît qu’elle est très
jolie et qu’elle fréquente une belle bande de noceurs…
    Pitt sursauta. La surprise lui fit momentanément oublier sa
colère.
    — Adela Pomeroy ?
    — Eh oui, fit-elle avec un petit sourire satisfait, devant
son expression étonnée. Et il y en a d’autres… Je vais vous en dresser la liste.
    — C’est ça, bougonna-t-il, faites-moi une belle liste
et ensuite, oubliez-la et restez à la maison ! Il s’agit de crimes, Charlotte,
de morts horribles. Si vous vous mettez en tête de vous mêler de cette affaire,
vous pourriez très bien finir votre existence dans un caniveau. Faites ce que
je vous dis !
    Elle ne répondit pas.
    — M’entendez-vous ?
    Il avait involontairement élevé la voix.
    — Dieu sait quel malade mental vous pourriez déranger, vous
et votre sœur,

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