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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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droit d’entrer chez les gens comme
ça ! s’écria-t-il en essayant de recouvrir discrètement le feuillet sur
lequel il travaillait. Je pourrais porter plainte pour intrusion dans une
propriété privée. C’est pas légal, Mr. Pitt. Et surtout, ça se fait pas.
    — Simple visite de politesse, expliqua ce dernier, en s’asseyant
en équilibre sur une caisse renversée. Vos talents de faussaire ne m’intéressent
pas.
    — Ah ? fit Squeaker, visiblement peu convaincu.
    — Allez donc me ranger tout ça à l’abri de la poussière,
suggéra Pitt. Vous ne voudriez pas que votre travail soit gâché ?
    Squeaker lui lança un rapide coup d’œil. Une telle
indulgence le troublait. C’était un comportement incohérent de la part d’un
représentant de la loi ! À ce compte-là, comment savoir où était la place
de chacun ? Cependant, il était bien content d’aller mettre ses faux
papiers à l’abri des regards indiscrets. Lorsqu’il revint s’asseoir, il
paraissait nettement plus détendu.
    — Eh bien ? Qu’est-ce que vous me voulez ? Vous
êtes pas venu pour rien !
    — Bien sûr que non… Que dit-on, dans le quartier, à
propos de ces meurtres ?
    — Vous parlez du coupeur de… Personne n’en parle. Personne
ne sait rien et personne ne dira rien…
    — Voyons, quatre crimes atroces perpétrés à Devil’s Acre
et personne n’aurait la moindre idée de l’identité de l’assassin, ni de ses
mobiles ? À d’autres, Squeaker… Je ne suis pas né de la dernière pluie.
    — Moi non plus, Mr. Pitt. Et je veux rien savoir. Ce
type-là me flanque bien plus la trouille que vous autres flics. Pourtant Dieu
sait que vous nous empoisonnez l’existence. Mauvais pour la santé et mauvais
pour le commerce de vous avoir toujours dans les pattes. Et j’en connais, parmi
vos collègues, qui sont du genre méchant. Mais au moins ils sont pas fous, enfin,
pas fous à lier comme cette espèce de malade qui s’amuse à zigouiller tout le
monde. Je peux admettre qu’on tue son prochain, mais ce qu’il a fait, celui-là,
alors là, je comprends pas. Et je suis pas le seul. Tout le monde pense comme
moi.
    Pitt se pencha en avant et faillit tomber du siège de
fortune sur lequel il était juché.
    — Alors aidez-moi à le pincer, Squeaker ! Aidez-nous
à vous en débarrasser !
    Le faussaire fit la grimace.
    — Vous voulez dire, le pendre ? J’vous répète que
je sais rien et que je tiens pas à savoir. Inutile de me harceler de questions !
C’est pas quelqu’un d’ici.
    — Alors qui ? Y a-t-il des nouveaux venus dans le
quartier ?
    Squeaker prit un air chagriné.
    — Comment voulez-vous que je le sache ? C’est un
malade ! P’têt’ bien qu’il vient seulement rôder la nuit. C’est p’têt’ même
pas un être humain. Je connais personne qui soit au courant. À ma connaissance,
il n’y a aucun souteneur qui aurait le courage de faire une chose pareille. Quant
à nous autres, écrivains publics, vous savez bien qu’on a rien à voir avec tout
ça. Moi, je suis un artiste, je suis pas un violent. Me servir de mes poings, ça
m’abîmerait les mains. Si je perds mon doigté, je ne peux plus travailler.
    Il remua les doigts de manière expressive, comme un pianiste.
    — Et un pickpocket le ferait pas non plus, ajouta-t-il,
après coup.
    Pitt lui concéda ce point, avec un sourire. Il était bien
obligé de le croire. Toutefois, il fit une dernière tentative.
    — Et Ambrose Mercutt ? Max lui prenait sa
clientèle.
    Squeaker hocha la tête.
    — Ça, c’est vrai. Max était doué. Et Ambrose peut se
montrer très méchant quand il est pas content. Demandez à ses filles… Mais il
est pas fou ! Si Max s’était fait planter un couteau dans le bide ou
étrangler, ou qu’on l’ait jeté dans la Tamise, là, j’aurais tout de suite pensé
que c’était Ambrose…
    Il retroussa une lippe méprisante.
    — Mais vous auriez jamais retrouvé Max. Tout le monde
aurait juré qu’il était parti, et vous auriez rien pu prouver. Faut être abruti
ou malade pour laisser traîner un cadavre dans un caniveau, à la vue du premier
venu, après lui avoir coupé les choses !
    Il leva un sourcil broussailleux.
    — Non, mais franchement, Mr. Pitt, j’vous demande un
peu : qui abandonnerait un macchabée devant une maison de bonnes sœurs, sinon
quelqu’un qu’a pas sa tête à lui ?
    — Ambrose employait-il des enfants, Squeaker ?
    Celui-ci fit à nouveau la

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