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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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moi, Votre Seigneurie, répondit Bandini en
écartant largement les bras. Ni de ma main ni par mes ordres. Je suis innocent
de tout cela. Messire Di Torre cherche, comme toujours, à me discréditer à vos
yeux, et quel vilain subterfuge il a choisi cette fois-ci ! Quelle preuve
y a-t-il que ces actes sont de mon fait ? Des brigands ont emmené la fille
et tué la servante.
    — Pourquoi des brigands laisseraient-ils une robe de
valeur sur un cadavre, une robe cousue d’or et ornée de joyaux ? Les
brigands se comportent-ils de la sorte ?
    La voix du duc était plus calme, à présent, comme s’il
débattait d’une question banale.
    — Il y a eu dessein de tromperie, conclut-il.
    — Peut-être pour détourner de leurs personnes la justice
du duc. Qui peut dire ce qui traverse l’esprit d’un brigand ? Aux hommes
honnêtes, les intentions des coquins sont impénétrables.
    Un bras levé pointa un index belliqueux sur Di Torre.
    — Il m’attribue cet enlèvement pour tromper Votre Seigneurie.
C’est lui, lui qui a fait assassiner la pauvre fille pour étayer sa
mystification.
    Jacopo se tourna vers Sigismondo avec une soudaine énergie
et gratta le devant de son pourpoint.
    — Le tissu, mon ami, le tissu !
    Il essayait de déshabiller Sigismondo, qui baissa la tête et
considéra ses efforts avec un grave intérêt avant de produire le chiffon rouge
et jaune d’une poche ménagée dans sa ceinture. Jacopo voulut s’en emparer, mais
Sigismondo l’éleva au-dessus de sa tête, hors de sa portée.
    — Voyez, seigneur ! s’écria Di Torre avec une voix
de choucas. Dites à Sa Seigneurie…
    La main et le regard du duc lui clouèrent le bec, mais ses
mains continuèrent à se livrer à de petits gestes pressants comme ceux qu’on
adresse à un chien.
    — Est-ce cela dont vous parlez, messire ?
    — Bien sûr. Bien sûr que oui.
    — Est-ce le tissu retrouvé sur un clou près de la porte ?
La porte par laquelle dame Cosima semble avoir quitté votre maison ?
    — Oui, oui. Voyez, ceci est la marque du clou.
    Ugo Bandini regardait la scène avec la bouche contractée et
des yeux furieux, molosse tirant sur sa courte laisse. Sigismondo s’avança vers
le duc et, mettant un genou à terre, lui montra le bout de tissu.
    — Votre Seigneurie peut voir ici la fronce où le clou
retenait le tissu, dit-il d’une voix de répétiteur ecclésiastique. L’ourlet en
est solidement cousu et fini.
    — Nous observons.
    En ce cas précis, le pluriel pouvait signifier aussi bien le
duc seul que lui-même et son frère, qui s’était avancé avec un vif intérêt.
    Sigismondo s’avança vers un pilier proche de l’estrade et
ses doigts trouvèrent ce qu’il avait dû y remarquer au préalable, un clou pour
suspendre des guirlandes. Il accrocha le tissu au clou puis, après quelques
instants, l’arracha d’un geste brutal. Il revint vers l’estrade, le tissu entre
les mains. Le clou avait percé un trou dedans, et tous les points de l’ourlet
étaient effilés.
    — Ce tissu n’avait donc pas été déchiré auparavant ?
dit le seigneur Paolo. À moins qu’il n’ait été accroché exprès au clou dans le
dessein de…
    Il s’interrompit, répugnant à dire tout haut ce qu’il pensait ;
mais il tourna les yeux vers Bandini.
    Le dégoût du seigneur Paolo était multiplié par mille chez
celui-ci. Il semblait tout gonflé d’indignation ; mais sa véhémente
réplique et les violentes dénégations de Di Torre s’exprimèrent simultanément. Ils
voulurent se jeter l’un sur l’autre mais trouvèrent Sigismondo entre eux. Cela
les réduisit au silence.
    — Puis-je poser une question à l’agent de Votre Seigneurie ?
demanda alors le seigneur Paolo.
    Le duc observait toujours les deux adversaires. Il donna son
accord, comme tout à l’heure, d’un geste de la main.
    — Est-ce vous qui avez découvert… cette pauvre fille ?
    — Oui, seigneur.
    — Comment avez-vous retrouvé sa trace ?
    — Je me suis renseigné aux portes, seigneur.
    — Les gardes doivent connaître les domestiques des grandes
maisons, n’est-ce pas ? Ils auraient sans aucun doute reconnu n’importe
lequel d’entre eux quittant la ville. Vous n’avez pas précisé si ceux qui ont emmené
la fille étaient de la maison de Di Torre ou de celle de Bandini. Si les gardes
ne les connaissaient pas, alors il s’agit sans doute de brigands.
    — Ils étaient cagoulés, mon seigneur, et cela se

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