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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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passait
au crépuscule ; mais ils ont tout de même aperçu les couleurs d’un
cavalier à la lueur d’un flambeau.
    — Des couleurs ? fit le duc. Les couleurs de qui ?
    Sigismondo leva le bout de tissu.
    — Des Bandini, Votre Seigneurie.

 
CHAPITRE IV
« Sombre comme la tombe »
    Le duc se leva en voyant les deux hommes se lancer dans des
assauts d’éloquence braillarde. Son claquement de mains, tel un coup de
tonnerre, les fît taire et provoqua une irruption d’hommes d’armes dans la salle.
D’un geste il calma ses gardes et ordonna que l’on referme les portes. Dans le
silence revenu, il adressa un hochement de tête à son secrétaire, qui vint se
placer debout devant son bureau. Di Torre était à nouveau effondré, tandis que
Bandini, de frustration, fourrait les mains dans ses manches.
    — La dernière fois que je vous ai convoqués devant moi,
dit le duc d’une voix grinçante de colère, je vous ai prévenus que je punirais
tout nouvel incident survenu du fait de l’un ou de l’autre dans la querelle qui
vous oppose. J’applique à présent la sanction dont je vous avais menacés. Vous
êtes tous deux assignés à votre domicile, vous et vos familles.
    Tandis que les deux hommes se remettaient à parler, il s’avança
au bord de l’estrade et, planté au-dessus d’eux, hurla :
    — Silence !
    La plume du secrétaire courait et grinçait sur le papier en
enregistrant le décret. Sigismondo s’était écarté des deux hommes et se tenait
debout, les mains croisées devant lui. La force tangible qu’exprima le brusque
déplacement du duc calma aussitôt les deux ennemis.
    — Vous voudriez parler ? Vous oseriez protester ?
Implorer notre merci ? Sachez bien – Vous m’écoutez, Bandini ? C’est
bien compris, Di Torre ? – que ceci est le dernier gage de notre
miséricorde envers vous. Si l’un d’entre vous lève la main, ou fait lever la main
contre l’autre, contre sa famille, ses marchandises, ses meubles, ses
serviteurs ou ses terres, celui-là verra tous ses biens confisqués par l’État, ses
possessions domestiques et commerciales, son argent et ses rentes, ses
vêtements et ses meubles, sa vie même seront à notre merci. Je ne tolérerai
plus vos dissensions. Bandini, vous rendrez la fille. Tel est le décret, irrévocable,
que nous prenons ce jour.
    Il pivota alors sur les talons et sortit à grands pas de la
salle, son long manteau tournoyant derrière lui. Le secrétaire écrivait
toujours, les gardes ouvrirent les portes et le maréchal du duc entra. Les deux
adversaires parurent se figer. Di Torre se ressaisit le premier, rejoignit en
hâte son secrétaire et son intendant et leur parla avec frénésie tout en les
entraînant vers la porte, sans prêter la moindre attention au corps de l’esclave
dissimulé par la couverture. Avant de sortir par une autre issue, Bandini
adressa quelques mots à Sigismondo, qui s’inclina légèrement. On emporta le cadavre
de la femme de chambre. Des courtisans entrèrent, s’assemblèrent devant la
grande cheminée, spéculèrent à voix haute sur ce qui venait de se passer, tentant
de deviner, faisant des paris. Sigismondo se retourna et traversa toute la
longueur de la pièce.
    D’une main il fit sortir Benno de son recoin, puis le propulsa
entre les gardes en faction devant une porte latérale, laquelle donnait sur une
antichambre en pierre nue. Il assena à Benno une petite claque qui fit résonner
son crâne.
    Benno le suivit au bas d’une volée de marches, puis dans une
petite chambre discrète ménagée dans une courbe de l’escalier. Un rideau de
cuir la séparait de ce dernier, une lanterne posée à terre brûlait à côté d’une
paillasse. Il n’y avait pour ainsi dire place pour rien d’autre. Sigismondo
souleva un coin du grabat et tira de dessous un tissu qui, une fois déroulé, s’avéra
être un manteau qui ne ressemblait à celui du duc que par la taille, puisque
celui-ci était en simple laine noire. Il en prêta un coin à Benno, s’enveloppa
dans le reste et dit :
    — Nous avons le temps de dormir avant le banquet. Si tu
arrives à te décrasser, tu pourras rester derrière moi à table et avoir ta part.
    Benno, qui avait cessé depuis longtemps de sentir sa propre
odeur, et qui reniflait depuis un bon moment celle du festin en préparation, se
sentit soudain de belle humeur. Il n’avait pas songé une seconde à son prochain
repas ; c’était là la responsabilité de

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