Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
Vom Netzwerk:
curieux
sentiment que Sigismondo, qui n’avait pourtant à aucun moment tourné la tête
vers lui, savait pertinemment qu’il était là.
    — Messires.
    D’un geste cérémonieux, le duc inclina la tête vers les deux
hommes ; tous deux s’inclinèrent à leur tour.
    Privé de ses soutiens, Jacopo paraissait bizarrement fragile,
mais il recouvra aussitôt son énergie lorsque le duc se tourna vers lui en disant :
    — Votre fille…
    —  Enlevée ! J’accuse Ugo Bandini ! Devant
vous se tient l’homme qui a enlevé ma fille ! Je demande justice à mon duc !
    Ce dernier, qui n’avait guère l’habitude d’être interrompu, fronça
les sourcils. Son ton se durcit.
    — Vous devez répondre à quelques questions, Di Torre ;
pourquoi, si votre fille a été enlevée dans sa chambre, a-t-elle eu le temps de
s’habiller et d’emmener avec elle son esclave et son chien ?
    Di Torre commença à répondre, bafouilla, voulut protester, se
tut et considéra enfin Sigismondo d’un regard courroucé.
    — Vous avez déclaré à notre agent que les ravisseurs
étaient arrivés par le toit, alors que celui-ci ne comporte aucune trace de
passage, aucune tuile cassée, aucune plante piétinée. De surcroît, aucun chien
n’a aboyé, donc les hommes dont vous dites qu’ils sont entrés chez vous n’étaient
pas étrangers à la maison, ou bien n’ont jamais existé.
    La bouche de Jacopo écumait du désir de protester, mais le
duc poursuivit d’une voix implacable qui résonna avec stridence dans le vide de
la salle.
    — Vous avez vous-même, Di Torre, organisé la disparition
de votre fille. Vous avez cherché à désobéir à notre décret selon lequel elle doit
épouser Leandro Bandini. Vous avez cherché à nous tromper. Mais vos manigances
se sont cruellement retournées contre vous.
    Il hocha la tête à l’adresse de Sigismondo, qui sortit par
la porte aux rideaux dorés avant de réapparaître porteur d’une couverture
enveloppant une forme oblongue. Il la posa au pied de l’estrade et retira la couverture.
Le cadavre vêtu de blanc avec sa tête emmaillotée roula au sol, une main
frappant le marbre en s’abattant, et le tissu qui recouvrait la tête s’écarta en
partie, révélant une joue et une oreille carbonisées.
    Sigismondo avait lâché la couverture et s’était aussitôt
dirigé vers Di Torre, de sorte qu’il était derrière lui et put le rattraper
lorsque celui-ci s’effondra. Le seigneur Paolo, presque aussi rapide, se
précipita vers une table dissimulée derrière le rideau de l’estrade, et réapparut
avec une coupe de vin. Sur ordre du duc, le clerc remit la couverture sur le
corps de la jeune fille en évitant soigneusement de la regarder.
    Di Torre hoqueta, grogna et but du vin, puis on l’aida à se
remettre sur pied. Le seigneur Paolo était le seul à montrer quelque compassion.
Bandini manifesta un répugnant dégoût vertueux. Le duc avait l’attitude impitoyable
du fauve qui s’apprête à bondir pour planter ses crocs dans la gorge de sa
proie.
    — Ce n’est pas votre fille, Di Torre. C’est son esclave
qui, par peur ou complicité, a revêtu ses habits.
    Jacopo cherchait encore sa réplique lorsque le duc tourna
son regard bleu vers Bandini.
    — Et vous, messire. Pour perpétuer la rivalité entre vos
deux familles, la rivalité qui menace notre État, vous étiez prêt à tuer.
    Benno avait un jour vu un homme tomber d’un marchepied en
croyant trouver un dernier échelon ; le même brusque changement d’expression
se peignit sur le visage de Bandini.
    — Votre Seigneurie, je jure que…
    La main du duc, dont les bagues jetaient des éclats de
lumière, le fit taire.
    — Vous avez enlevé la fille de Di Torre à l’extérieur
de la maison. Notre agent nous a informé qu’il y avait des traces de lutte dans
la rue, et du sang sur le mur. Vous l’avez fait escorter en dehors de la ville
à l’aube.
    Ces paroles rendirent à Jacopo son énergie, sinon ses sens. Sa
main se posa sur sa dague, qu’il commença à dégainer. La main de Sigismondo s’abattit
et fit rentrer l’arme dans son fourreau avant qu’elle n’ait exposé son acier
devant la personne du duc.
    Celui-ci, l’ignorant, poursuivit :
    — Vous avez fait assassiner l’esclave et tenté de la brûler
afin d’interdire toute possibilité d’identifier son visage ; vous
souhaitiez faire croire que dame Cosima Di Torre était morte là-bas, déshonorée.
    — Pas par

Weitere Kostenlose Bücher