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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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va
savoir très vite qu’ils ont échoué, remarqua Sigismondo tandis qu’ils
approchaient du palais par la longue rampe inclinée. Sois sur tes gardes.
    — Je suis si important que ça ? fit Benno.
    Sigismondo fredonna.
    — Ils ne savent pas que je ne te raconte rien.
    — Et les cadavres ? Là-haut dans la montagne ?
    — Poggio m’a dit qu’ils n’y seront plus au lever du jour.
Quelqu’un du village les trouvera. Il n’en restera pas une miette.

 
CHAPITRE IX
« Je vous relève de votre tâche »
    Le duc assistant au conseil, Sigismondo se trouva dans l’impossibilité
de lui faire son rapport et chercha à obtenir une audience avec un autre membre
de la famille.
    Il était évident que pour dame Violante, le deuil décrété à
la cour ne concernait que les personnes de moindre rang. Lorsqu’on lui annonça
Sigismondo, elle se tenait au centre d’un groupe de femmes gloussantes.
    Toutes étaient vêtues de noir, mais la robe de la fille du duc
était à ce point brodée de perles que l’effet tenait plus de la clarté lunaire
que de la nuit profonde. Elle congédia ses suivantes d’un geste si brutal que l’une
d’elles trébucha.
    — Allez-vous-en ! Je veux parler seule avec cet homme.
    Tout en débitant les courtoisies d’usage avant de sortir, elles
échangèrent des regards et examinèrent le nouveau venu avec de petits sourires.
La porte se referma sur la formidable matière à papotages que dame Violante
venait de leur fournir.
    — C’est très aimable à vous de me recevoir, madame.
    Dans son registre le plus bas, la voix de Sigismondo n’était
que miel et velours. Son interlocutrice y réagit comme une fleur au soleil.
    Elle lui fit signe d’approcher et laissa courir son regard
sur les larges épaules et le curieux crâne rasé, comme si elle avait soudain
trouvé l’objet intéressant qu’il lui fallait. Ses yeux rappelaient par bien des
aspects ceux du duc : d’un bleu éclatant, ils avaient le même regard
dangereux  – chez elle, celui d’une enfant encline à la méchanceté, mais
encore indécise sur la forme qu’elle entendait lui donner. Comme le duc, elle
était grande et mince. Ses cheveux, aussi blonds que ceux de son père, étaient
arrangés en une tresse parsemée de perles et de rubans noirs qui pendait dans
son dos, tandis que des boucles savamment négligées lui encadraient le visage. En
dépit de la nécessaire solennité de son habit et de sa coiffure, elle exprimait
une nature indomptée, donnait le sentiment qu’elle était capable de tout à tout
instant et qu’elle en tirait grand plaisir. Elle tenait dans les bras une hermine
au bout d’une fine chaîne d’or reliée à un collier orné de joyaux. Tandis que
Sigismondo se tenait debout devant la jeune femme, l’hermine tourna vers lui
son museau pointu et le regarda avec cette même expression d’heureuse et
imprévisible férocité.
    — Pourquoi avez-vous demandé à me voir en privé ?
    Elle caressa l’animal, l’éleva jusqu’à son menton et observa
Sigismondo par en dessous, comme si elle s’attendait à ce qu’il avoue quelque
mobile amoureux.
    — J’ai pensé que vous pourriez me fournir quelques
éclaircissements au sujet de la mort de madame la duchesse.
    L’hermine avait-elle cherché à s’échapper, ou les mains de
dame Violante s’étaient-elles resserrées malgré elle ? La jeune femme
haussa les sourcils.
    — En quelle manière ?
    — Madame a vu la duchesse peu après qu’elle a été assassinée.
    L’hermine se dégagea de l’étreinte de sa maîtresse et se
laissa couler au sol, mais la chaîne la retint et elle se réfugia sous un
tabouret tapissé de velours. Les yeux bleus, dépourvus d’expression, fixèrent
Sigismondo.
    Les mains, délaissées par l’hermine, tombèrent avec lenteur
le long du corps. Dame Violante garda le silence.
    — Vous vous êtes en tout cas trouvée seule avec la duchesse
avant que le meurtre soit découvert. Madame a-t-elle vu quelque chose qui
puisse m’aider à identifier son assassin ? Quelqu’un que vous auriez vu
sortir de la chambre avant que vous y entriez ?
    La somnambule reprit vie. Elle se retourna et se dirigea
vers le feu comme si un froid soudain l’avait saisie. Elle tendit les mains, couvertes
de bagues étincelant des bijoux de deuil, perles et diamants.
    — Je n’étais pas là, dit-elle par-dessus son épaule.
    Sigismondo émit un fredonnement presque imperceptible. Elle
se tourna

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