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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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pour examiner l’agresseur de Benno, puis s’approcha de l’autre
homme. Sigismondo émit un long soupir de contrariété.
    — Je vous avais dit de vous en occuper, pas de lui trancher
la gorge, fit-il.
    — C’est la même chose ! protesta Poggio.
    Sigismondo se redressa et récupéra ses rênes.
    — Oh non ! Un homme à la gorge tranchée ne peut plus
me dire qui l’envoie.
    — Ce ne sont pas des voleurs ? s’enquit Benno.
    Sigismondo se remit en selle.
    — Des hommes bien habillés, avec de bonnes chaussures
et au moins une bourse pleine… Les autres avaient-ils de l’argent ?
    Poggio se frappa la poitrine, l’air méfiant.
    — Ah ! Ah ! Donc ils avaient de l’argent. Ils
n’ont pas besoin de voler. Et ce ne sont pas des hommes de la campagne ; ce
sont des citadins.
    Il se pencha vers Poggio.
    — Nous te devons une fière chandelle. Qu’est-ce qui t’a
amené si vite et si opportunément ici ?
    — Je ne veux pas rester là-bas, répondit le nain. J’ai
pris le raccourci, à travers la carrière, pour vous guider le reste du chemin. Avec
cette obscurité, vous risquez de vous perdre.
    — Comme tu veux, rétorqua Sigismondo. Je te l’ai dit, tu
es libre.
    — Faites-moi monter.
    Sigismondo se pencha et le souleva sans effort, puis les
trois hommes se remirent en route.
    — Qu’est-ce qu’on fait pour… ? cria Benno en désignant
les deux corps que la neige recouvrait déjà.
    Personne ne lui répondit. Le vent lui apporta en revanche
des bribes de ce que disait Poggio :
    — Si vous, vous avez pu me trouver… cette bague…
    Une fois, il pointa son visage hors du manteau de Sigismondo
tel un étrange nouveau-né et indiqua le chemin d’un geste.
    Ils traversèrent une forêt sur laquelle la neige tombait comme
en chuchotant, puis descendirent une forte pente en terrain découvert. Benno, qui
tour à tour se frottait les jambes et glissait les mains dans son pourpoint
pour que le chien les réchauffe, suivait son maître presque à toucher la croupe
de son cheval de façon à ne pas le perdre dans le noir.
    Au-delà de la masse indistincte chevauchant devant lui, il
aperçut, au bas de la colline, des lumières autour d’un feu. Des aboiements de
chiens portés par le vent leur parvinrent alors que la lueur du foyer
disparaissait derrière un voile de neige. Sigismondo arrêta son cheval bien
avant le campement et trois hommes vinrent à leur rencontre, porteurs d’un
flambeau, de longs bâtons et d’une pique, pour voir qui approchait. Bientôt
Benno se trouva assis devant une écuelle emplie d’une soupe indéterminée et put
réchauffer ses membres endoloris pendant qu’on étrillait les chevaux et que
Sigismondo s’entretenait en une langue étrangère avec leurs hôtes.
    Ceux-ci firent grand cas de Poggio. À la façon dont ils s’adressaient
à lui, Benno déduisit qu’ils considéraient comme une chance de l’avoir
rencontré. Ils avaient établi leur campement ici en attendant leur acrobate et
chanteur qui avait disparu, sans doute resté en ville avec quelque femme. Ils n’avaient
pas du tout apprécié l’ambiance de la cité et n’avaient aucune envie de s’attarder…
Un nain qui savait chanter, jouer la comédie, danser et, grâce à la taille de l’instrument,
jouer du luth les intéressait beaucoup. Sigismondo déclara alors que Poggio
était en route pour aller s’engager chez un noble personnage ; c’était un
artiste connu et recherché. S’ils désiraient qu’il reste avec eux, ils devaient
lui donner la place qu’il méritait.
    La discussion se prolongea, on but beaucoup, Benno et le
petit chien se grattèrent, reprirent du potage, et finalement on topa : Poggio
resterait avec eux et les accompagnerait dans leur tournée, et si son numéro
 – dont il montra l’un des moments les plus spectaculaires – tenait
ses promesses, on lui proposerait de devenir membre à part entière de la troupe.
    On s’aperçut alors que Poggio, qui avait eu une journée
chargée, s’était endormi, et on le transporta dans une des roulottes.
    Sigismondo et Benno se mirent en route aux premières lueurs
du jour. La neige avait cessé de tomber durant la nuit mais ils cheminèrent sur
un sol d’une blancheur lumineuse. Les portes de la ville étaient encore closes ;
toutefois, quand Sigismondo montra l’anneau du duc, c’est avec empressement qu’on
les laissa franchir la poterne.
    — Ces hommes qui nous ont attaqués, Benno : on

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