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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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à nouveau vers lui, ouvrit une bonbonnière en or suspendue à sa
ceinture, porta une sucrerie à sa bouche et continua à le fixer avec calme.
    — La première fois que j’ai vu Sa Seigneurie après sa
mort, elle était étendue dans la chapelle. Qui prétend que je l’ai vue avant ?
    L’énergie farouche que l’on décelait dans sa voix et son
attitude donnaient l’impression que si elle avait pu à cet instant mettre la
main sur ladite personne, celle-ci se serait aussitôt vue privée de sa langue.
    Sigismondo secoua la tête avec regret.
    — Je ne suis pas autorisé à le dire, madame.
    —  Qui vous l’interdit ? Mon père est le
seul ici à pouvoir décider ce qui est autorisé ou non.
    — Tant que votre père reste duc de Rocca.
    Elle braqua sur lui un brûlant regard bleu.
    — Comment pourrait-on douter qu’il le reste ?
    Elle posa la main sur le poignard qu’elle portait également
à la ceinture.
    — Vous osez me dire…
    — Je suis aux côtés du duc. De cela vous pouvez être
certaine. Mais il a des ennemis et je ne pensais pas que vous en faisiez partie.
    À ces mots elle bondit vers lui, sifflant comme une chatte, le
visage déformé et le poignard à la main.
    — Vous osez, vous osez dire que je suis son ennemie !
    Manié avec une remarquable dextérité, le poignard frôla
Sigismondo au creux de l’estomac. L’homme s’empara du poignet de dame Violante,
à qui il s’adressa avec une soudaine violence :
    — Madame, votre père pourrait perdre son duché si ses
ennemis réussissent à souiller son nom comme ils ont commencé à le faire. Ils
disent qu’il a tué sa femme. C’est ce qu’on raconte à Rocca aujourd’hui, et c’est
ce qu’on dira demain dans les cités du duc Ippolyto. Celui-ci prêtera alors
main-forte aux ennemis de votre père pour le chasser. Et le tuer.
    — Leandro Bandini doit être exécuté pour ce meurtre.
    — Il est sans doute innocent. Laisserez-vous mourir un
jeune homme innocent ?
    — Comment pourrait-il être innocent ? On l’a trouvé
près du cadavre.
    Sigismondo lui lâcha le poignet et dame Violante, sans
quitter son interlocuteur des yeux, rengaina lentement le poignard.
    — Sa Seigneurie le duc n’est pas satisfaite, dit Sigismondo.
    Demeuré jusqu’alors invisible parmi un empilement de
coussins, un chien grogna dans son sommeil et s’étira en frissonnant. Dame
Violante se tourna dans la direction du bruit, puis s’approcha à nouveau du feu
en frottant le poignet que Sigismondo avait serré ; la bordure en fourrure
de sa robe produisait un doux frottement sur le bois poli, un son guère
différent de celui du feu.
    La voix grave la poursuivit, impitoyable.
    — Leandro Bandini affirme que c’est vous qui l’avez
fait venir au banquet.
    Elle se retourna d’un bloc.
    —  Moi, demander quelque chose à Leandro Bandini !
    L’épaisse tresse de ses cheveux s’envola et retomba en
travers de son épaule. Un léger empourprement sous l’outrage à son rang lui
avait échauffé le visage, et son ton était celui d’un saint accusé d’avoir
pactisé avec la lie de l’enfer.
    — Voici sa version : un messager est venu le chercher
de votre part pour l’introduire en secret au palais ; une fois dans la
place, vous lui auriez fait porter une coupe de vin et un déguisement afin qu’il
puisse vous rejoindre sans être reconnu.
    Un flamboiement d’éclair bleu.
    — S’il dit cela, il mérite de mourir. C’est un mensonge,
de bout en bout. Et c’est à cause de cela, de cette stupide fable, que
vous le pensez innocent ?
    Elle se tut et, soudain, frappa dans ses mains, faisant apparaître
un page qui poussa le rideau de la porte, mais qui fut aussitôt renvoyé d’un
geste péremptoire.
    — Non, vous ne voyez donc pas ? Si ça n’est pas Leandro
Bandini, s’il est innocent, alors ce que disent mes stupides suivantes doit
être vrai : c’est Jacopo Di Torre qui a envoyé le message pressant le
jeune Bandini de venir au palais. Elles le croient innocent parce que c’est un
beau jeune homme. Elles disent qu’Ugo Bandini a enlevé la fille de Di Torre, et
que Di Torre veut voir le fils Bandini mourir pour cela. C’est vraiment très
astucieux.
    — Vous pensez que Di Torre aurait fait tuer la duchesse
pour se venger ?
    — Une bonne vengeance ne connaît aucune limite. Vous le
savez.
    Elle traversa la pièce, les mains jointes sur la robe.
    — Peut-être voulait-il seulement que le jeune

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