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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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Bandini
soit surpris  – par mon père, pourquoi pas ? – dans la chambre de la
duchesse. C’est peut-être quelqu’un d’autre qui l’a tuée.
    — Avez-vous vu Leandro dans la chambre ?
    — Il avait dû se cacher. Je n’ai vu personne.
    Il y eut un silence. Elle se tourna face à lui, les mains
bien à plat sur les plis emperlés de sa robe. Puis elle les joignit devant elle,
la bouche pincée.
    Le silence se prolongea. Elle serrait tour à tour une main
avec l’autre. Ses lèvres firent une moue en bouton de rose.
    L’ombre d’un petit rire moqueur s’échappa de la bouche de
Sigismondo. Dame Violante frappa du pied par terre, puis leva les bras au ciel
et vint vers lui avec l’aisance d’une jeune femme qui sait que de toute façon
sa position est invulnérable.
    — Je voulais récupérer mon bijou. La croix que ma… que
la duchesse Maria m’avait promise. Elle m’a toujours été destinée. Je n’étais
pas là quand elle est morte ; j’ai porté le deuil d’une mère quand j’ai
appris la nouvelle. Et la duchesse ne voulait pas la croix pour elle, mais ne
voulait pas non plus me la donner. Comme je savais où elle était, j’ai été la
chercher.
    — Pourquoi à ce moment-là, madame ? Pourquoi n’avoir
jamais cherché à la récupérer avant ?
    — Parce qu’il ne lui était encore jamais arrivé de congédier
ses suivantes et ses gardes, ou si elle l’a fait, Cecilia restait toujours
auprès d’elle. J’ai donc observé ce qui se passait jusqu’à ce que je voie, comme
je m’y attendais, la duchesse s’en aller par l’escalier.
    — À quoi l’avez-vous reconnue ?
    — À son manteau à capuchon. J’ai cru reconnaître un
manteau qu’elle porte souvent. Tout le monde s’était habillé pour assister au
feu d’artifice.
    — Il n’y avait personne d’autre ?
    — J’ai prêté l’oreille. Si j’avais entendu du bruit, je
serais restée cachée.
    Elle saisit une boucle de ses cheveux et la fit tourner entre
ses doigts.
    — Si ce n’est pas Leandro Bandini qui l’a tuée, serait-ce
la personne que j’ai vue partir ? demanda-t-elle en étrécissant les yeux.
    — C’est possible, madame.
    Elle prit un air songeur, étira la boucle de cheveux et les
examina comme pour en vérifier la bonne santé.
    — Elle avait fait en sorte que personne ne voie ce visiteur.
    — Connaissez-vous un admirateur de madame la duchesse
susceptible de jouir de ce privilège ?
    — Vous dites cela de façon très élégante, rétorqua-t-elle
d’un ton acerbe. Est-ce que je connaissais ses amants ?
    Elle lâcha la boucle qui reprit sa forme et, riant, regarda
Sigismondo droit dans les yeux.
    — Non. Mais elle en avait. Cecilia le savait. Je suppose
que certaines de ses suivantes le savaient aussi, mais rien ni personne ne
pourrait le leur faire avouer, pas même vous.
    Sigismondo savait pertinemment qu’on pouvait forcer n’importe
qui à parler, mais il se contenta de demander :
    — Sa Seigneurie le duc était-elle au courant ?
    — Il n’en a jamais parlé. S’il avait des soupçons, il ne
l’a jamais accusée. Même pas quand ils se disputaient.
    Elle eut un sourire mauvais en se remémorant ces querelles.
    — Ils ont eu une scène il y a quelques jours quand elle
a appris que mon père avait fait don d’une de ses villas à Caterina Albruzzo. C’est
si stupide, d’être jaloux. La duchesse Maria ne l’était pas. Elle n’a jamais
manifesté de jalousie envers ma mère, ou du moins elle n’a pas eu la sottise de
le montrer. À la mort de ma mère, elle m’a fait venir au palais et m’a traitée
comme sa propre fille. Mon père l’a aimée pour cela.
    Un grattement à la porte. Elle s’ouvrit, le rideau s’écarta,
un page apparut et fit la révérence.
    — Madame, le conseil de Sa Seigneurie est terminé et
elle désire vous voir.
    Dame Violante tendit la main à Sigismondo.
    — Venez avec moi.
    Tandis que le page se retirait, Sigismondo lui prit la main
et s’inclina. Dame Violante demeura immobile.
    — Avez-vous l’intention de dire à mon père… que j’étais
là ?
    — S’il ne me pose pas la question, je n’ai aucune raison
de le lui dire.
    Des doigts de sa main libre, elle pressa les lèvres de Sigismondo
et se pencha légèrement vers lui.
    — Alors, silence.
    Sa main reposant sur celle de Sigismondo, elle l’autorisa à
l’escorter jusqu’en présence du duc.
    Ils furent précédés par le page de ce dernier

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