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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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étaient trop solidement attachées et le gourdin
de Benno trop efficace pour que les gamins aient la moindre chance de succès. Benno
avait froid et il fut heureux d’apercevoir son maître, dont l’arrivée dispersa
instantanément les enfants.
    — Je croyais que vous étiez en train de tuer quelqu’un,
avec tout ce boucan, dit-il avec entrain tandis qu’ils remontaient en selle.
    Ils s’éloignèrent dans l’obscurité croissante, suivis par
des regards pleins de regrets. En même temps que la morsure des flocons de
neige, le vent apportait à Benno, qui chevauchait derrière son maître, l’écho d’un
léger fredonnement.
    Et dans les vêtements de Benno, serré contre sa poitrine, gavé
de saucisses, dormait le petit chien à l’oreille manquante.
    Ils ne se doutaient pas qu’ils allaient vite revoir Poggio. Tandis
que leurs montures cheminaient dans le crépuscule et que Benno se disait qu’avec
ou sans neige, descendre à cheval le flanc d’une colline escarpée était un
exercice que nul homme de bon sens ne saurait apprécier, un sifflement aigu fit
soudain se retourner les deux hommes. Au sommet de la colline, se découpant sur
le ciel obscur, Poggio sautillait sur place en poussant des cris perçants. Lorsqu’il
vit leurs visages tournés vers lui, il tendit le bras, indiquant, au-devant d’eux,
l’endroit où le sentier s’enfonçait entre les blocs de rochers d’un ancien
éboulis, et se passa un doigt en travers de la gorge. Benno se demandait ce que
cela signifiait et allait le demander à son maître lorsqu’il vit Sigismondo
dégainer son épée.
    L’ayant lui aussi aperçu, Poggio disparut dans la nuit. Benno
détacha son gourdin, prit une profonde inspiration qui lui emplit la bouche de
neige et s’efforça de rassembler son courage. Sans forcer son allure, Sigismondo
continua d’aller de l’avant.
    L’attaque se déroula dans un silence farouche. Parmi les
hautes silhouettes des rochers, dans les tourbillons de neige, Benno s’efforça
de maîtriser son cheval apeuré tout en essayant de frapper l’homme qui, tel un
incube, avait sauté sur la croupe de sa bête pour le jeter à bas. Benno avait
travaillé comme palefrenier parce qu’il avait une connaissance instinctive des
chevaux et savait monter ; tirant sur le mors il calma sa monture tout en
assenant des coups de gourdin à son agresseur qui se cramponnait à lui. Benno
entendit un hurlement au-delà de Sigismondo, et le gros cheval de ce dernier recula
en heurtant le sien. Les pierres du chemin produisirent des étincelles. Les
rafales de neige faisaient comme un rideau, alourdissaient les paupières. La
monture de Benno dérapa, tomba sur sa croupe mais parvint tant bien que mal à
se remettre debout. L’agresseur de Benno avait disparu. Ce dernier calma sa
bête et, l’œil aux aguets, tâcha d’apercevoir Sigismondo tout en veillant à ne
pas lâcher son gourdin qui glissait entre ses doigts glacés. Le petit chien
tremblait contre sa poitrine et l’inonda d’un chaud liquide. Sigismondo, tel un
géant à la silhouette imprécise, apparut entre les flocons puis redisparut en
abattant son épée. Le cheval de Benno trébucha sur quelque chose et une voix
courroucée hurla : « Hé, fais donc attention ! » Benno se
pencha et distingua le nain Poggio qui courait se mettre à l’écart tandis que
derrière lui, allongée sur la neige, se découpait la forme d’un homme. La neige
était maculée de sang.
    — Benno !
    Celui-ci fit faire volte-face à son cheval. Sigismondo dégagea
ses pieds des étriers et tendit ses rênes à Benno, qui, coinçant le gourdin
sous son bras, s’en empara d’un geste instinctif. Il vit Sigismondo se dresser
debout sur sa selle et bondir sur un rocher.
    — Occupez-vous de celui-ci ! cria-t-il en tendant
le doigt.
    Benno découvrit une seconde silhouette à terre. Poggio, enveloppé
d’une peau de mouton qui lui donnait l’allure d’une boule de neige sale, sautilla
jusqu’à elle tandis que Sigismondo disparaissait une nouvelle fois derrière le
rideau de neige.
    Ils n’attendirent pas longtemps. Poggio était debout près du
deuxième homme dont la gorge était à présent ouverte jusqu’à l’os.
    — Tu as eu de la chance, tu l’as frappé au bras qui tenait
le couteau ! cria-t-il à Benno.
    Benno méditait sur ce que l’on doit ressentir quand un
couteau vous transperce lorsque Sigismondo réapparut un peu plus loin entre les
rochers. Il se pencha

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