Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
Vom Netzwerk:
l’attrapa. Lorsque le vacarme des poules et
du porc se fut apaisé, on entendit la vieille demander :
    — Le laisserez-vous en paix s’il vous dit toute la vérité ?
    — D’abord, je veux l’entendre. Ensuite, je verrai ce qu’il
convient de faire, comme le duc m’en a confié l’autorité.
    La tête coincée dans le creux du coude de sa mère, Poggio
étouffait. Sigismondo l’arracha à son étreinte et le fit rasseoir. Sous les chevrons,
les poules s’agitèrent et regardèrent en bas avec des caquètements nerveux.
    La pointe de l’épée se posa sur la gorge de Poggio pour le
faire tenir tranquille.
    — Qu’as-tu vu quand tu as poussé la porte et regardé
dans la chambre de la duchesse ?
    — Je vous l’ai dit : la main de la duchesse.
    — Avant cela.
    L’épée bougea à peine, mais Poggio eut un hoquet et redressa
la tête bien droit. Une goutte de sang perla à son cou.
    — Dame Violante, coassa-t-il.
    — Dans la chambre de la duchesse.
    — Oui.
    — Que faisait-elle ?
    — Elle était debout et regardait la duchesse.
    — Comment la regardait-elle ?
    Sigismondo écarta l’épée de quelques centimètres et Poggio
joignit les mains sur la poitrine.
    — Comme ça.
    — Elle tenait quelque chose ?
    — J’en ai eu l’impression, je n’ai pas très bien vu.
    Ça brillait, mais c’était peut-être sa robe. Elle avait de l’or
sur sa robe.
    — À ton avis, depuis combien de temps était-elle là ?
    — Je l’ignore. J’avais entendu partir l’homme, mais elle, je ne m’étais même pas aperçu de sa présence. Elle se tenait au pied du lit.
Vous avez vu la chambre. Vous savez que les rideaux du lit étaient tirés, sauf
de ce côté-là. La voyant approcher du lit, je suis resté caché.
    J’ai entendu un bruit  – je ne sais pas, je crois que c’était
un soupir. Peut-être priait-elle ?
    Poggio leva les yeux, séduit par sa propre idée.
    — Elle a dû se mettre à prier, vous ne croyez pas ?
Ensuite le feu d’artifice a repris dans la cour, et quand je me suis décidé à
regarder à nouveau dans la chambre, elle était partie.
    — Étaient-elles amies, la duchesse et elle ?
    — La duchesse n’était pas aimable avec elle ; elle
trouvait toujours à redire à sa façon de s’habiller ou de se comporter. Elle
disait qu’elle était trop extravagante et trop libre  – mais elle ne lui
cherchait jamais querelle. C’est dame Maria, Dieu ait son âme, qui l’a élevée, comme
sa propre enfant, et la duchesse savait que le duc adorait dame Violante, c’est
pourquoi elles ne se disputaient pas. Jamais. Je pense que la duchesse n’était
pas beaucoup plus âgée qu’elle. Dame Violante a bon cœur. Elle a pris ma
défense quand le duc m’a exilé.
    Il toucha la petite entaille qu’il avait au cou, examina son
doigt taché de sang et l’essuya sur ses chausses.
    — C’est une femme exquise.
    Après avoir, sans un mot d’explication, ôté son manteau et
son pourpoint, Sigismondo entreprit d’enrouler autour de son buste le long
coupon de toile de lin dont les poches successives contenaient les pièces de
monnaie, et qui jusqu’alors gisait en tas à ses pieds. Il avait laissé son épée
à portée de main, de sorte que Poggio et sa mère ne purent que regarder d’un
œil nostalgique s’envoler leur avenir doré. Manteau et pourpoint furent remis, et
Sigismondo considéra la mère et le fils d’un regard qui n’était pas dépourvu d’une
certaine bienveillance. La mère croisa les mains.
    — Vous n’allez pas l’emmener ? Il vous a tout dit.
L’argent est à vous…
    — L’argent sera rendu à l’orfèvre. Poggio est libre de
rester avec vous.
    Mère et fils poussèrent un hurlement de triomphe.
    Poggio se livra à une petite danse extravagante pendant que
sa mère essayait de s’emparer de la main de Sigismondo pour la baiser ; mais
celui-ci avait déjà fait volte-face en direction de la porte. Dans ce preste
mouvement, son manteau tournoyant faillit éteindre le feu et, emplissant la
pièce de fumée, fit ressembler sa sortie à celle de quelque génie.
    Dehors, le crépuscule hivernal était tombé et il commençait
à neiger dru. Benno en avait assez de repousser à coups de bâton les enfants
qui en voulaient aux sacoches. L’un d’eux, particulièrement audacieux, avait
sauté d’un toit sur le plus gros des chevaux, mais celui-ci s’était cabré et le
gosse était retombé à terre.
    Les sacoches

Weitere Kostenlose Bücher