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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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soupir avant que la porte se referme.
    Benno, guère impressionné, examina les chevaux d’un œil
professionnel.
    — Rien à voir avec ceux du duc.
    Sigismondo claqua la croupe du grand bai qu’il avait choisi.
    — Et encore, nous avons eu de la chance d’avoir pu prendre
ceux-ci. Si Bandini était venu aux écuries, nous aurions hérité d’une paire de
rosses infestées de vers.
    Il plongea la main sous son pourpoint.
    — Si tu n’aimes pas les chevaux, dis-moi ce que tu penses
de cet argent.
    Benno rattrapa la bourse au vol, la soupesa, en dénoua le
lacet et jeta un coup d’œil à l’intérieur. Il leva des yeux perplexes.
    — Achète donc un os à Biondello, Benno. Cette bourse ne
nous paiera pas grand-chose d’autre.
    Le chien récemment baptisé, qui tournait autour de Sigismondo
en sautillant d’un air ravi, aboya comme s’il connaissait déjà son nom et avait
saisi l’allusion au dîner. Sur un signe de tête de son maître, Benno fourra la
bourse dans quelque recoin puant de sa tunique de laine et entreprit de
harnacher le bai, qui, avec une grande expérience, gonflait déjà les poumons. Benno
était trop curieux pour respecter la règle interdisant les questions, et il
avait senti que Sigismondo était d’humeur indulgente.
    — Pourquoi cet argent ? Pour aller traire les mouches ?
    — C’est un acompte pour retrouver dame Cosima.
    Benno lâcha la sous-ventrière et fixa son maître.
    — C’est donc pas lui qui l’a ? À moins que ce soit
une ruse ? Si c’était pas des brigands, alors qui l’a enlevée ? Le
vieux coquin… c’est drôle qu’il vous demande ça à vous.
    Le cheval venait d’expirer par inadvertance, et Benno serra
la sangle.
    — Il doit se dire que vous ne la retrouverez jamais. Et
là, il se trompe encore, pas vrai ? Et puis d’abord, pourquoi veut-il qu’on
la retrouve ? Il croit peut-être que mon ancien maître va accourir et
larmoyer sur son épaule et dire : « Tout est pardonné maintenant que
j’ai retrouvé ma fille, et j’voudrais juste te dire que c’est moi qu’ai piégé
ton fils, et désolé pour la duchesse, hein, vraiment navré, Votre Seigneurie » ?
    Benno se gratta la barbe, hors d’haleine mais enchanté de sa
tirade.
    Sigismondo accueillit la fin du discours en branlant la tête,
et Benno, qui en avait terminé avec les chevaux, s’empara de Biondello et le
caressa en roucoulant :
    — On va aller trouver ta maîtresse, tu vas voir. Attends
un peu.
    Il regarda Sigismondo enfourcher son cheval, et celui-ci
relever la tête et faire un pas de côté afin de tester la fermeté de la main
qui la conduisait. Benno remit alors le petit chien dans son pourpoint et monta
à son tour en selle.
    — Bon, où on va ? Avec cet argent on risque pas d’aller
loin. Pas plus qu’avec ce cheval, d’ailleurs. C’est peut-être le seul qui peut
supporter votre poids, mais quelqu’un l’a épuisé tout récemment.
    — La légèreté de cette bourse parle d’elle-même, Benno,
rétorqua Sigismondo en éperonnant son bai. Bandini se moque que nous
retrouvions la fille ou non.
    — Mais vous avez pas dit que c’était pour ça qu’il vous
avait fait venir ?
    — Au début, c’était bien ce qu’il voulait. Mais ensuite
quelqu’un l’a fait changer d’avis. Qui est entré dans la maison pendant que tu
m’attendais ?
    Benno réfléchit en grattant d’abord sa barbe, puis la tête
de Biondello qui émergeait de son habit, produisant le même bruit, et sans
doute à peu près le même effet, sur les laborieux habitants des deux toisons.
    — Presque personne, à part deux nonnes. Chargées comme
si elles avaient fait un long trajet par mauvais temps. Les montures en piètre
condition, harassées et toutes crottées. J’ai parlé à leur valet avant qu’on l’appelle
à l’intérieur. L’avait un drôle d’accent, à mon avis il était de Castelnuovo. Il
a l’air de considérer tous les gens d’ici comme des criminels, il me lorgnait comme
si j’allais sortir un couteau et le lui enfoncer entre les côtes juste pour m’amuser.
Et j’peux vous dire que ça en aurait même pas valu la peine, vu ce qu’il avait
su’l’dos.
    — Des nonnes. À quel couvent appartenaient-elles ?
    — J’ai pas eu l’occasion de leur demander.
    — Il faut toujours poser des questions, sauf à moi.
    Benno sourit.
    — En tout cas, c’étaient des bénédictines, j’en suis sûr.
Il y a une grande maison de

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