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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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bien rangée,
puis il se tourna vers Benno.
    — Dis-moi de quoi il s’agit, sinon nous ne partons pas.
    Benno mit son sac en bandoulière et prit un air résigné.
    — Un des hommes d’Ugo Bandini vous cherchait. Je lui ai
dit que vous étiez chez le duc, mais qu’il pouvait me parler. Il me connaît
bien parce que lorsque j’étais au service de Di Torre, on se battait chaque
fois qu’on se voyait. Avec les yeux au beurre noir que je lui mettais, il
ressemblait à une putain turque.
    Benno se frotta la mâchoire comme s’il se remémorait ce qu’il
avait lui-même encaissé en retour.
    — Ugo Bandini veut vous voir.
    — Est-il toujours chez le cardinal Pontano ?
    — Non, il est rentré dans son palais. Il paraît qu’il s’arrache
les cheveux au sujet de son fils. On m’a dit que le cardinal, lassé de ses
plaintes et lamentations, avait fini par craquer. « On se reverra le jour
de l’exécution. En attendant je prierai pour vous, mon fils », qu’il lui
aurait dit, ou tout comme.
    Mais déjà Benno se hâtait pour rattraper Sigismondo, dont la
traversée du palais suscita autant de regards en coin et de murmures qu’auparavant,
avec toutefois une légère différence d’attitude montrant que l’on avait
remarqué l’absence à son doigt de l’anneau du duc.
    — Bandini a juré de son innocence sur l’autel de Sainte-Agnès ?
    — Il en aurait profité pour jurer aussi de celle de son
fils si on l’avait laissé faire. Le duc est furieux qu’il se soit réfugié
auprès du cardinal. Il dit qu’il n’est pas un tyran et que Bandini devrait
faire confiance à sa justice. C’est drôle…
    Benno trottina pour rester à la hauteur de son maître.
    — … c’est justement ce qui semble lui faire peur.
    En tout cas il est retourné chez lui et veut vous voir. Je suppose
qu’on va y aller ? Et après on cherchera dame Cosima, hein ?
    Pour toute réponse, Sigismondo lui ébouriffa les cheveux, ce
qui fit trébucher Benno, lequel se retrouva, une fois n’est pas coutume, devant
son maître. Ils quittèrent le palais non par les grilles du castello et la longue
rampe inclinée, mais par une porte récemment percée donnant sur la place, où le
petit chien se mit à fureter partout pour renifler toutes ces odeurs inconnues.
    — J’me suis dit que j’allais l’appeler Biondello, comme
l’autre, fit Benno. Il est pas aussi joli, enfin, je veux dire que c’est pas un
chien de femme, mais il est petit et il est tout blanc.
    — Maintenant, oui, rétorqua Sigismondo.
    Ils traversèrent la ville par les ruelles, passages et cours
dont Benno savait qu’ils constituaient le chemin le plus direct. Biondello, lui,
dédaignait de tels trajets.
    La ville regorgeait d’odeurs miraculeuses, et il couvrit au
moins deux fois la distance sans beaucoup s’éloigner des talons de son maître. Il
tomba sur un tas d’ordures du plus haut intérêt, mais celui-ci était la propriété
exclusive d’une famille de cochons qui le chassèrent prestement. Il fut ensuite
expulsé d’une échoppe à coups de pied, et reçut le poing bien ajusté d’un
mendiant aveugle qu’il était allé renifler. Précédant les hommes, il explorait
une étroite venelle entre deux hautes maisons lorsque survint la seconde attaque.
    Quand la silhouette emmitouflée surgit d’une encoignure pour
lui bondir dessus, Benno se contenta de se laisser tomber à terre comme une
fleur coupée. Le coup que voulait lui porter son agresseur frappa violemment
son complice, qui attaquait Sigismondo ; celui-ci repoussa l’homme
chancelant et allait s’occuper de celui qui avait sauté sur Benno lorsqu’un troisième
individu leur tomba littéralement dessus. Il était resté jusqu’alors tapi au
sommet d’un mur, dans l’intention probable d’entraîner Sigismondo dans sa chute,
mais le léger bruit que produisit son corps en sautant suffit à lui assurer un
accueil approprié. Des mains puissantes le saisirent et le cognèrent sans ménagement
contre le mur. Tandis que cette opération se répétait, le premier assaillant s’était
placé à califourchon sur Benno, et, le bras droit levé, s’apprêtait à le frapper
au cou. À cet instant, les jeunes crocs tranchants de Biondello se refermèrent
dans le gras d’une des cuisses de l’attaquant, lequel se releva, Biondello suspendu
par la gueule, en poussant un cri inhumain.
    Sigismondo laissa retomber l’homme qu’il tenait et abattit
son poing sur la nuque

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