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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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quitté la route pour s’arrêter à l’ombre
au pied d’une falaise tourmentée, ils eurent bu et mangé, la veuve put déclarer
avec conviction :
    — Oui, je suis Maria-Dolores de Cornuto, et j’étais mariée
à un cousin vénitien. Mais tu ne fourniras aucune autre explication à quiconque.
Tu m’appelleras « Madame ». Et à partir de maintenant, jusqu’à nouvel
ordre, dès que nous serons en compagnie, tu laisseras pendre ta mâchoire et ne
laisseras aucun mot sortir de ta bouche.
    — Où allons-nous donc, madame ?
    Il n’y avait personne avec eux, et la veuve Cornuto était d’humeur
enjouée. Benno se souvint des rires qu’il avait entendus à l’aube au premier
étage de la villa.
    — Tu ne connais donc aucune des routes autour de Rocca ?
Tu ne sais vraiment pas où nous sommes ?
    — Je ne suis jamais sorti de Rocca, sauf pour aller à la
villa. J’aimerais bien voir le monde, aller à Kiev, Compostelle et tout ça.
    — Pour l’instant, nous nous rendons à la maison de bénédictines
dont tu as parlé. Si des nonnes de ce couvent sont allées voir Ugo Bandini et
qu’après les avoir vues il ne souhaitait plus que je parte à la recherche de
dame Cosima, c’est sans doute qu’il a appris où elle se trouve. Et quelle
meilleure cachette qu’un couvent pour une jeune fille ?
    — Qui l’y a emmenée, si ce ne sont pas les Bandini ?
    Le visage si étrangement féminisé se tourna vers lui, les
sourcils levés touchant le rabat de lin.
    — Quand je connaîtrai la réponse à cette question, Benno,
il est possible que je t’en fasse part.
    Ils poursuivirent leur route en silence tandis que Benno
ruminait. Il avait posé Biondello à terre pour lui donner un peu d’exercice. Le
petit chien ne s’éloignait guère des chevaux, intéressé mais se méfiant du bord
du chemin. Il évita un coupeur de bois qui, emmitouflé jusqu’aux yeux dans des
toiles grossières, les pieds et les jambes enveloppés de chiffons jusqu’aux
genoux, les croisa avec son âne sans prêter plus d’attention à cette femme
accompagnée de son serviteur. Biondello, qui avait appris que la plupart des
êtres humains donnent des coups de pied ou lancent divers projectiles, se tint
prudemment de l’autre côté de la chaussée, à l’abri de ses dieux qui ne
faisaient ni l’un ni l’autre.
    Ils rencontrèrent un char à bœufs, grinçant derrière les deux
bêtes à poil blond qui, fanons ballottants, semblaient dormir en marchant. Un
peu plus loin ils rencontrèrent une bouse que l’un des animaux avait laissée, et
qu’une volée de passereaux picorait sans conviction. Biondello les chassa.
    — Et Leandro Bandini, alors ? fit Benno qui, ayant
reçu certaines réponses, espérait pouvoir placer quelques-unes des questions
qui le préoccupaient.
    Vous pensez vraiment qu’il n’est pas l’assassin ? Dans
ce cas, pourquoi aurait-il agi ainsi pendant le banquet, à donner son cœur à la
duchesse et non à la mariée ? À danser de la sorte sur la table ?
    — Tu as trouvé qu’il dansait bien ?
    — Comme ça au milieu des plats et des assiettes, un acrobate
aurait pas fait mieux. Du moins jusqu’à ce qu’il renverse le vin sur la
duchesse. Mais il l’a certainement fait exprès.
    Le bai, qui avait pris la tête depuis que le sentier avait
rétréci, cheminait prudemment parmi les pierres de la pente, et la voix de
Sigismondo flotta derrière lui jusqu’à Benno.
    — Un vrai professionnel, comme tu dis. As-tu déjà essayé
de danser sur une table ? Il y avait deux costumes d’Homme sauvage ; Leandro
n’en portait qu’un.
    Benno se hâta de se porter à sa hauteur lorsque le chemin s’élargit
à nouveau, et il se pencha pour récupérer Biondello. Il fourra le petit chien
sous son manteau, collé contre sa peau pour réchauffer ses pattes qu’il avait
senties glacées dans sa paume.
    — Vous pensez que c’est un acrobate qui a tué la duchesse ?
    L’étonnant visage se tourna de nouveau vers lui avec un air
amusé.
    — Hum ! hum ! Tu pourrais avoir raison. C’est
une idée, Benno. Sachant qu’un Bandini aurait besoin d’un déguisement pour
entrer au palais, quelque acrobate qui en voulait à la duchesse a pu faire
parvenir le second costume à Leandro avec un faux message. Il serait
intéressant de savoir où se trouve cet acrobate à présent. Il pourrait nous
éclairer.
    — Ou alors on l’a payé pour la tuer. Et si c’était Poggio ?
Il lui en

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