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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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Seigneurie m’a fait porter un pli. Elle est maintenant
persuadée…
    Et par « maintenant », Bandini voulait dire « maintenant
qu’elle croit que c’est mon fils qui a tué la duchesse ».
    — … que ça n’est pas Di Torre mais moi qui ai enlevé
cette maudite fille. Elle m’ordonne de la restituer avant la fin de la semaine.
    Là encore, les deux hommes songèrent à ce qui risquait de se
passer à la fin de la semaine.
    — Où pensez-vous qu’elle soit, messire ?
    — Dans la villa campagnarde de ce vieux renard ! C’est
là que vous devriez chercher.
    Ugo Bandini abattit son poing sur le lisse marbre pourpre de
la table, faisant tressauter quelques parchemins comptables.
    — Il veut me tuer, moi et les miens ! Je ne comprends
pas ce qu’il mijote, mais je suis sûr et certain qu’il est la cause du destin
funeste de mon fils. Il serait bien dans sa nature d’avoir assassiné la
duchesse pour parvenir à ses fins. Il serait capable de tout pour me tourmenter.
    Les larmes qui dévalèrent les plis de son visage auraient
sans nul doute réjoui Di Torre.
    — Aurai-je toute liberté pour mener mes recherches comme
je l’entends ?
    Les réticences de Bandini cédèrent sous la pression de ses
sentiments : il agrippa le bras de Sigismondo.
    — Oui, oui. Et vous aurez de l’or, tout ce que vous voudrez,
mon meilleur cheval, ma maisonnée à vos ordres si vous retrouvez la fille. Trouvez-la
et le duc montrera peut-être quelque pitié. Mon fils ne doit pas mourir.
    Les larmes redoublèrent dans les crevasses de ses joues, et
l’une d’elles tomba sur la main de Sigismondo.
    Un coup à la porte interrompit les deux hommes et un
secrétaire en robe indigo apparut.
    — Un messager, maître. Il dit que c’est très important.
    Bandini, surpris et irrité, fronça les sourcils et parut un
instant sur le point de congédier l’intrus, mais il lâcha le bras de Sigismondo
et se dirigea vers la porte, où l’homme lui murmura à l’oreille, produisant le
bourdonnement d’une mouche emprisonnée. Le froncement de sourcils de Bandini s’accentua,
il agita la main vers Sigismondo pour lui signifier d’attendre, puis disparut à
la suite du secrétaire.
    Resté seul, Sigismondo avança le long des étagères, s’arrêtant
de temps à autre pour en extraire un ouvrage, en examiner d’un air appréciateur
la reliure dorée et, l’ouvrant, en lire quelques lignes. Il y était encore occupé
près d’une demi-heure plus tard lorsque Bandini réapparut et lui jeta un regard
aussi surpris que soupçonneux. Avec un fredonnement amusé, Sigismondo se
retourna, un livre entre les mains.
    — J’étais en train de consulter les sortes Virgilianae. Les auspices sont excellents, écoutez : Nusquam abero, et tutum
patrio te limine sistam, que l’on pourrait rendre par : « Je ne t’abandonnerai
jamais, et te déposerai en toute sécurité sur le seuil de ton foyer. »
    Bandini, qui était resté bouche bée devant le spectacle de
cet individu, à ses yeux guère plus qu’un soudard, lisant du latin, serra les
lèvres sans trouver de réplique satisfaisante.
    Son attitude avait curieusement changé ; il était de toute
évidence toujours aussi pressé de voir s’en aller Sigismondo et ébauchait de
ses mains des gestes involontaires en direction de la porte, mais toute urgence
personnelle semblait l’avoir abandonné.
    — N’importe qui vous dira où trouver la villa de Di Torre ;
peut-être feriez-vous mieux de dire que c’est le duc qui vous envoie.
    Sigismondo secoua la tête avec fermeté.
    — Sa Seigneurie n’apprécierait guère. Si elle devait par
hasard apprendre que…
    — Oui, oui, bien sûr. Agissez du mieux que vous l’entendrez.
    Bandini saisit une clochette argentée en forme de poire et l’agita.
L’homme en habit indigo avait dû rester derrière la porte, car il l’ouvrit
aussitôt devant Sigismondo. Mais celui-ci s’arrêta à hauteur de Bandini et
murmura d’un air innocent :
    — Et pour les frais, messire ?
    Bandini prit un air chagrin, ses mains parurent échapper à
son contrôle et vouloir chasser l’air par la porte.
    — C’est arrangé. Mon secrétaire vous…
    — Et les chevaux ?
    Bandini aurait eu la même expression si on lui avait demandé
des chameaux, mais les gestes de ses mains s’amplifièrent encore.
    — Il va s’en occuper. Suivez-le.
    Sigismondo inclina la tête et, en sortant, entendit Bandini
pousser un profond

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