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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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bénédictines à Castelnuovo. Pourquoi ?
    Pour toute réponse, Sigismondo pressa son cheval de l’avant.
En voulant le rattraper, Benno aspergea un mendiant avec la boue d’une flaque
gelée et dut se baisser pour éviter la pierre que le gueux lui jeta, accompagnée
d’une malédiction sur son voyage. Sans ralentir son allure, Benno tendit les
doigts pour se protéger du mauvais sort et pria pour que, quel que soit l’endroit
où ils allaient, il revoie bientôt dame Cosima.
     
    La villa de la veuve Costa était située sur une colline, comme
la masure où était né Poggio, mais toute ressemblance s’arrêtait là. Ici, on se
protégeait du vent violent par de hautes haies de chênes verts, des fenêtres à
volets et des toits recouverts de bonnes tuiles. Une petite allée de peupliers
menait de la route aux grilles de fer forgé de l’entrée, qu’on laissait ouvertes
en toute hospitalité, et un homme occupé à ratisser le gravier devant la villa
leva la tête et se découvrit au passage des visiteurs. On semblait avoir ici l’habitude
de recevoir des hôtes.
    Benno, qui n’avait aucune idée de l’endroit où ils se trouvaient
ni de la raison pour laquelle ils s’y trouvaient, fut heureux de pouvoir
descendre de cheval, se dégourdir les jambes et sentir le sang y circuler à nouveau.
Laissant Biondello arroser le gravier, il suivit une grosse fille jusqu’au
quartier des domestiques pour s’y restaurer. L’homme au râteau emmena les deux
chevaux aux écuries, derrière la maison, pendant qu’une servante enjouée d’environ
quatorze ans, affublée d’un tablier trop grand pour elle, s’enquérait de savoir
qui elle devait annoncer. Voyant Sigismondo poser le doigt sur ses lèvres, elle
sourit de toutes ses fossettes et le conduisit jusqu’à la porte de la veuve, où
elle le laissa lui faire la surprise.
    — Hubert !
    La femme en noir qui lisait, assise auprès d’une chandelle
qu’on avait allumée tôt en cette fin d’après-midi hivernal, se leva avec une
exclamation ravie. Son livre glissa sur la table marquetée et elle se précipita,
les bras grands ouverts, ses jupes de lourde soie bruissant comme des feuilles
d’automne dans le vent.
    Comme son corps, son visage était tout en rondeurs, avec de
sombres yeux en amande, et sa bouche aux lèvres pleines souriait lorsqu’elle se
jeta dans les bras de Sigismondo.
    — Combien de temps cela fait-il ? Deux hivers, et
vous n’avez même pas changé. Comme j’aimerais que le temps soit aussi indulgent
avec les femmes !
    Elle se tourna vers sa compagne, qui s’était aussi levée, mais
sans lâcher son rosaire, comme si elle pouvait en avoir besoin à tout instant
pour chasser quelque démon. Le temps l’avait traitée avec plus de sévérité que
la veuve ; bien qu’elles fussent à peu près du même âge, ses rondeurs à
elle s’étaient affaissées, et ses traits étaient soulignés, sinon embellis, par
une moustache.
    — Permettez-moi de vous présenter Hubert, ma chère. Le
compagnon d’armes de votre frère et mon très fidèle ami.
    Suspendue au bras de Sigismondo, elle leva vers lui des yeux
alanguis.
    — J’espère que vous êtes venu pour un long séjour.
    Benno mangea un solide repas à la cuisine et impressionna la
grosse fille et même la cuisinière par son appétit, ainsi que par le récit, animé
de fréquents recours au mime, du banquet de mariage organisé au palais. Il
espérait que son maître passait un aussi bon moment que lui. Il apprit que la
veuve était une bonne maîtresse, généreuse et aimant recevoir ; il formula
le souhait très désintéressé que son maître ne se laisserait pas détourner de
leur quête par cette douce et accueillante dame.
    Biondello, qui, à ses pieds, grignotait un os avec des bruits
fort grossiers, ne partageait en rien ces inquiétudes. C’était un chien qui
vivait dans l’instant. Depuis qu’il avait quitté son village natal, il évoluait
dans un véritable paradis, et ses puces  – celles en tout cas qui avaient
survécu au bain  – n’en croyaient pas leur chance.
    La nuit fut agréable pour tous, encore plus agréable peut-être
pour la veuve. Même sa belle-sœur, au cours du souper, avait succombé au charme
de Sigismondo, ce qui la poussa à ajouter, à la liste déjà longue des suppliques
qu’elle récitait chaque soir avant de se coucher, une prière spéciale pour les
braves soldats. Tout aussi attentive à leur bien-être, la veuve ne

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