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[Napoléon 1] Le chant du départ

[Napoléon 1] Le chant du départ

Titel: [Napoléon 1] Le chant du départ Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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plénipotentiaires autrichiens qui s’éloignent. Ils sont installés non loin du château, à Campoformio. D’autres ont choisi d’habiter Udine. Mais ils viennent négocier ici, au château de Passariano. Ni le comte Louis de Cobenzl, un diplomate aguerri, ni le marquis de Gallo, ni le général comte de Merveldt ne paraissent pressés de conclure la paix. Ils continuent de discuter des Préliminaires signés à Leoben.
    Ils jouent de leur frivolité et de leur élégance, de leur art de la conversation, pour faire passer les journées. Ils font leur cour, en aristocrates maniérés, à Joséphine de Beauharnais. Ils participent même aux jeux de cartes ou de dés que, pour tromper l’ennui, Joséphine organise.
    Napoléon entre dans le château en claquant les portes. Il n’est pas dupe. Ces diplomates attendent les événements de Paris. Ils espèrent que, dans la lutte qui divise le Directoire, les partisans de Pichegru, les royalistes, les membres du club de Clichy l’emporteront. Alors adieu, la paix. Ce sera le retour de la monarchie à Paris.
    Impossible. Quel serait mon destin ?
     
    Napoléon a agi. Des proclamations, des journaux ont été répandus par milliers auprès des soldats de l’armée d’Italie. « Soldats, vous vous devez tout entiers à la République… Soldats, les royalistes, dès l’instant qu’ils se montreront, auront vécu… Guerre implacable aux ennemis de la République et de la Constitution de l’An III », ont-ils pu lire.
    Mais la manoeuvre est compliquée. Il ne faut pas trop se découvrir. Napoléon répète à Lavalette : « Voyez tout le monde, défendez-vous de l’esprit de parti ; donnez-moi la vérité, et donnez-la-moi dégagée de toute passion. »
    Comment choisir une stratégie, si les brouillards ne sont pas dissipés ?
    Lavalette explique : Barras et La Révellière-Lépeaux ont fait appel au général Hoche et à son armée pour exécuter un coup d’État antiroyaliste. Mais le général, après s’être engagé, a reculé devant les attaques et les intrigues. Les Directeurs cherchent un autre sabre.
    Je ne serai plus le général Vendémiaire .
    Mais voici Augereau, que Napoléon délègue avec trois millions pour Barras. Il agira. Napoléon a reçu une lettre de lui peu après son arrivée à Paris : « Je promets de sauver la République des agents du Trône et de l’Autel. »
    Lavalette conseille à Napoléon de se tenir personnellement à l’écart, de ne pas compromettre sa gloire de général vainqueur dans les répressions qui se préparent à Paris.
    « Ont-ils reçu les papiers de D’Antraigues ? » demande Napoléon.
    « Ils seront le prétexte à la répression, et le coup de grâce, précise Lavalette. Les victimes sont déjà désignées. On imprime déjà secrètement la confession de D’Antraigues prouvant la trahison de Pichegru. Des affiches sont apposées sur les murs, dénonçant le complot de l’étranger. »
     
    Attendre le coup de sabre que donnera Augereau, demeurer à distance mais ne pas rester inactif.
    Napoléon harcèle, en les convoquant au château de Passariano, les hommes auxquels il a confié le soin de lancer des journaux à Paris et à Milan, à destination des citoyens qui comptent ou des soldats. Il feuillette les premiers numéros du Courrier de l’armée d’Italie ou du Patriote français , de La France vue de l’Italie , ou du Journal de Bonaparte et des hommes vertueux . Il s’emporte. Trop tièdes ! Il ne faut pas laisser sans réponse les attaques des journaux royalistes et prôner des idées simples, fortes. « Qu’on parle de moi, de mes exploits », dit-il.
    On ne loue jamais assez un chef.
    Il lit à haute voix une phrase du Courrier  : « Il vole comme l’éclair, et frappe comme la foudre, il est partout et il voit tout. »
    Voilà ce qu’il convient d’écrire. Il dicte : « J’ai vu les rois à mes pieds, j’aurais pu avoir cinquante millions dans mes coffres, j’aurais pu prétendre à bien autre chose ; mais je suis citoyen français, je suis l’envoyé et le premier général de la Grande Nation, je sais que la postérité me rendra justice. »
    Si l’on n’assène pas ce genre de vérités dans les journaux qu’il paie, qui le proclamera ?
    Il y a quatre-vingts journaux royalistes, s’exclame-t-il, qui répandent chaque jour des outrages, des calomnies.
    « Je vois que le club de Clichy veut marcher sur mon cadavre pour arriver à la destruction

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