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[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

[Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz

Titel: [Napoléon 2] Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Mais, si l’entreprise réussit, on sera bien contraint de la subir. Le duc d’Enghien sera jugé. On le condamnera. C’est la guerre. Le duc d’Enghien a choisi. Dumouriez est avec lui. Hésiter serait s’affaiblir, peut-être se perdre.
     
    Napoléon veut que chacun s’exprime. Cela permet aussi de connaître les uns et les autres en ce moment crucial et, même si le choix est fait, de le confronter aux arguments de ceux qui s’y opposent.
    Cambacérès, le visage empourpré, élève seul la voix.
    — Je pense que, si un personnage tel qu’un membre de la famille des Bourbons était en votre pouvoir, la rigueur n’irait pas à ce point…
    — Je ne veux pas ménager ceux qui m’envoient des assassins, coupe Napoléon.
    Il s’approche de Cambacérès.
    — Sans doute, dit le consul, mais si l’on prenait le duc d’Enghien, je pense qu’il suffirait de le garder en prison comme otage.
    Napoléon fixe Cambacérès.
    — Vous êtes devenu bien avare du sang des Bourbons, dit-il sèchement.
    Qui sont ces hommes qui ont peur des actes qu’ils ont accomplis et s’imaginent qu’en les reniant ils seront pardonnés ?
    Napoléon entre dans la salle des cartes. Il veut, maintenant qu’il a obtenu l’approbation de sa décision, dicter immédiatement les ordres précis nécessaires à l’action. Il a convoqué le général Berthier, ministre de la Guerre.
    Il se retourne. Cambacérès l’a suivi. Napoléon, par un mouvement de tête, marque qu’il a de l’estime pour l’obstination du consul.
    — Vous avez été étranger aux crimes de la Révolution, dit Cambacérès, vous allez y être mêlé.
    Comment cet homme ne comprend-il pas qu’il s’agit de bien autre chose que de crimes ? L’histoire n’est pas une suite d’affaires privées.
    — La mort du duc d’Enghien, reprend Napoléon, ne sera aux yeux du monde que de justes représailles de ce qu’on tente contre moi-même. Il faut bien apprendre à la Maison de Bourbon que les coups qu’elle dirige sur les autres peuvent retomber sur elle-même !
    Il ne ressent aucune hargne. Cambacérès ne mesure-t-il pas qu’une guerre est engagée ?
    Il s’agit de moi et des Bourbons, mais ce n’est pas l’affrontement de deux familles, comme dans une vendetta, mais bien le combat entre deux France .
    — Je dois soutenir la Révolution française dont je suis l’homme.
    Il regarde Cambacérès, dont le visage s’est affaissé.
    — La mort, reprend Napoléon, c’est le seul moyen de forcer la Maison de Bourbon à renoncer à ses abominables entreprises… Lorsqu’on est aussi avancé, il n’est plus possible de reculer.
     
    Il commence à chercher parmi les cartes, appelle Méneval.
    — Aidez-moi à retrouver un plan du cours du Rhin, dit-il avec un mouvement d’impatience.
    C’est déjà le milieu de la nuit. Il suit du doigt les berges du fleuve, s’arrête sur les villages, les ponts. Quand le général Berthier, puis le général Caulaincourt sont annoncés, il les fait entrer, demande à Berthier de prendre la plume et, d’une voix tendue, il commence à dicter, si vite qu’il doit parfois se reprendre pour que Berthier puisse noter.
    — Vous voudrez bien, citoyen général, donner ordre au général Ordener, que je mets à cet effet à votre disposition, de se rendre dans la nuit, en poste, à Strasbourg. Il voyagera sous un autre nom que le sien ; il verra le général de division.
    « Le but de sa mission est de se porter sur Ettenheim, de cerner la ville, d’y enlever le duc d’Enghien, Dumouriez, un colonel anglais et tout autre individu qui serait de leur suite…
    « Les troupes prendront du pain pour quatre jours et se muniront de cartouches…
    « Les deux généraux auront soin que la plus grande discipline règne, que les troupes n’exigent rien des habitants, vous leur ferez donner à cet effet douze mille francs…
    « Vous ordonnerez de faire arrêter le maître de poste de Kehl et autres individus qui pourraient donner des renseigenements…
    Pour la première fois depuis la découverte de cette conspiration, depuis des semaines donc, il éprouve à dicter un soulagement joyeux.
    C’est comme s’il s’était mis enfin à commander le feu sur la redoute principale, ou à charger, comme à Toulon, il y a déjà si longtemps, à la tête des troupes. Il agit. Il est sûr d’avoir choisi la meilleure stratégie. Et alors que Berthier lui présente l’ordre à signer, il relit en un seul coup

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