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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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s’agit pour eux de prendre Berlin. Au centre, il met en ligne Macdonald, Ney, Lauriston, Marmont. Moi, je m’enfoncerai en Bohême, je bousculerai Schwarzenberg, je marcherai jusqu’à Prague, je ferai sentir à l’Autriche le poids de son infamie .
    Il entend des cris et des exclamations. Un aide de camp se précipite. Le roi de Naples vient d’arriver.
    Napoléon regarde Murat s’avancer. C’est comme si le roi de Naples, sous la magnificence de sa tenue, bleue, serrée à la taille par une ceinture dorée, son chapeau garni de plumes d’autruche blanches et d’une aigrette, voulait cacher la gêne qu’exprime toute son attitude.
    Il sait que je sais. Il connaît ma police. Il a voulu me trahir. Mais les Anglais ne lui ont pas assez offert, ou bien il a craint de choisir le camp perdant en me quittant. Il est là. Il va commander la cavalerie reconstituée, quarante mille cavaliers qui seront le fer de lance de cette armée de quatre cent quarante mille hommes que j’ai réunie .
    Il fait asseoir Murat.
    — J’ai ici, dit-il en s’installant en face du roi de Naples, trois cent soixante-cinq mille coups de canon attelés, c’est la valeur de quatre batailles comme celle de Wagram, et dix-huit millions de cartouches.
    Il parle avec énergie. Mais il sent qu’il ne réussit pas à la communiquer à Murat, qui s’inquiète des forces ennemies.
    Le roi de Naples est incertain, comme eux tous. Il me parle de Bernadotte, de Moreau, de Jomini aussi, ce stratège qui a déserté l’état-major de Ney pour passer chez les Russes .
    Ces trois hommes connaissent ma façon de combattre. Ils peuvent me deviner. Ils vont vouloir se dérober, comme l’a fait si souvent Koutousov, et épuiser mon armée en longues manoeuvres où elle se dissoudra dans la boue par la fatigue et la maladie .
    Il pressent cela. Mais que faire ?
    Il se lève, s’approche de Murat, dit d’une voix dure :
    — Ce qu’il y a de fâcheux dans la position des choses, c’est le peu de confiance qu’ont les généraux en eux-mêmes : les forces de l’ennemi leur paraissent considérables partout où je ne suis pas.
    Et je ne peux être partout .
    — Il ne faut pas se laisser épouvanter par des chimères, ajoute-t-il, et l’on doit avoir plus de fermeté et de discernement.
    Il congédie Murat. Sur le champ de bataille, sous les boulets, cet homme-là oubliera ses hésitations et ses tentations. Il se battra.
    Constant, le valet de chambre, entre, place des bûches dans la cheminée.
    J’ai quarante-quatre ans .
    Il écrit :
    « Ma bonne amie, Je pars ce soir à Gôrlitz. La guerre est déclarée. Ton père, trompé par Metternich, s’est mis avec mes autres ennemis. C’est lui qui a voulu la guerre, par une ambition et avidité démesurées. Les événements en décideront. L’empereur Alexandre est arrivé à Prague. Les Russes sont entrés en Bohême. Ma santé est fort bonne. Je désire que tu aies du courage et que tu te portes bien. Addio, mi dolce amore . Tout à toi.
    « Nap. »
     
    Il avance dans la nuit et la pluie. On passe un pont sans parapet. Tout à coup, un cri près de lui, il voit le colonel Bertrand, l’un de ses aides de camp, qui tente de retenir son cheval mais bascule dans le ravin.
    Il ne s’arrête pas. Il se souvient de sa chute dans les blés, au bord du Niémen. Il donne un coup d’éperon. Il faut sauter par-dessus les présages. Les combattre, conquérir l’avenir malgré eux.
    Tout en chevauchant, il écoute les aides de camp qui rapportent que Blücher recule. Ses troupes ont repassé la rivière Katzbach. L’ennemi, comme Napoléon l’avait envisagé, refuse le combat avec lui.
    À Lowenberg, il relit les dépêches reçues durant les dernières heures. Davout a été vainqueur au nord, à Lauenbourg. Mais Oudinot piétine face à Bernadotte.
    — Je ne puis pas encore asseoir mes idées, murmure-t-il en marchant dans la petite pièce où l’on a établi son cabinet de travail.
    Il sort, il est midi. Maintenant, toute la nature ruisselle et brille sous le soleil. Mais l’horizon est noir. Il pleuvra à nouveau.
    Il déjeune debout, en lisant les dépêches. Et tout à coup il brise son verre sur la table. Les dix mille Bavarois et Saxons d’Oudinot ont déserté ! Et, au sud, l’armée de Schwarzenberg se dirige vers Dresde, tentant de le prendre à revers alors qu’il s’est avancé sans pouvoir rejoindre Blücher.
    Il faut que Dresde tienne. C’est le centre de mon

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