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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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dépêche pour Murat.
    « Une bonne ruse serait de faire tirer des salves en réjouissance de la victoire remportée sur l’autre armée. »
    À la guerre, un instant d’incertitude peut décider de tout.
    Il s’apprête à quitter la chambre du château de Duben, puis il revient sur ses pas. D’un geste, il indique au secrétaire qu’il veut ajouter une dernière phrase pour Murat.
    « Il faudrait aussi faire passer une revue d’apparat, comme si j’étais là, et faire crier “vive l’Empereur !”. »
    C’est le jeudi 14 octobre 1813, il est sept heures.
    Autrefois, je n’avais pas besoin de ces ruses !

14.
    Il se tient immobile sous la pluie fine et froide qui tombe depuis le début de la nuit de ce jeudi 14 octobre 1813.
    Il regarde s’éloigner la voiture du roi de Saxe, Frédéric-Auguste I er . Le souverain regagne Leipzig.
    C’est mon dernier soutien allemand. Et que peut-il ? Il va, a juré le roi, exhorter ses soldats à demeurer fidèles à leurs alliés français, à respecter leur serment, à se battre avec honneur .
    Napoléon hausse les épaules. Où est l’honneur ?
    Il rentre dans ce pavillon cossu où est établi son quartier général. Il s’arrête devant les grands tableaux qui décorent le hall. Le luxe d’un banquier ! La demeure appartient en effet à un financier de Leipzig, M. Weister, qui venait ici, à quelques lieues de la ville, dans ce village de Reudnitz, recevoir ses amis.
    Les banquiers aussi sont mes ennemis. La rente continue de baisser à Paris. On joue ma défaite. Les banquiers de Londres prêtent à tous ceux qui sont décidés à me combattre. Je suis seul .
    Il va et vient dans la pièce mal éclairée où sont déployées les cartes et où l’on rassemble les dépêches.
    Où est l’honneur ? Le roi de Bavière vient de trahir et il a écrit à son beau-fils, Eugène de Beauharnais, pour lui conseiller de rejoindre la coalition de mes ennemis ! Voilà leur morale ! Serviles quand je suis fort, maîtres si je m’affaiblis .
    Il reste appuyé à la croisée. Derrière le rideau de pluie, il aperçoit les feux de bivouac des armées de Schwarzenberg, de Blücher, de Bernadotte, de Bennigsen. Ils forment presque un cercle, à peine entrouvert vers le sud-ouest, vers cette route qui conduit à Erfurt par Lindenau, vers la France. Mais il faut franchir des fossés, des marécages, la rivière Elster et ses affluents, la Pleisse et la Partha. Encore des ponts et des ponts. Il pense à ceux de la Bérézina.
    Combien sont-ils autour de moi ? Trois cent cinquante mille hommes ? Je ne dispose même pas de la moitié ! Et que valent les dernières unités allemandes, wurtembergeoises ou saxonnes qui servent dans les corps français ?
    Il ne peut détacher ses yeux de cette couronne de points lumineux vacillants qui dessinent les limites de l’échiquier où va se jouer la partie du tout ou rien. À peine une dizaine de kilomètres carrés où s’affronteront dans quelques heures cinquante mille hommes et trois mille canons.
    Toute l’Europe contre moi ! Toutes les nations contre la Nation. On ne me pardonne pas d’être ce que je suis, un empereur français, on ne pardonne pas à la France d’avoir décapité un roi de droit divin et de m’avoir donné les moyens d’aller occuper Rome, Madrid, Moscou, Berlin, Vienne. On veut nous réduire, nous mettre à genoux .
    Soit. Je jouerai cette partie jusqu’au bout .
    Après, plus rien ne sera semblable .
     
    Il ne dort que par saccades de quelques minutes. Et c’est déjà l’aube du vendredi 15 octobre 1813.
    Il entend le canon, loin vers le sud. Ce sont sans doute les troupes de Schwarzenberg qui se rapprochent. Les éclaireurs expliquent que les colonnes autrichiennes avancent précédées par une centaine de canons. Des cosaques, des baskirs armés d’arcs et de flèches harcèlent les Français, s’éloignent, reviennent. Le terrain est difficile, fait de mamelons, de nombreux cours d’eau, de marécages.
    Napoléon monte à cheval. Ce vendredi ne sera pas jour de bataille mais d’approche. Il le devine. Il parcourt en compagnie de Murat ces collines et ces vallées dont la terre sera demain gorgée de sang. On l’acclame. Il fait beau. Il descend de cheval dans le village de Wachau, il inspecte les environs. Ici sera le centre de l’armée. Le noeud de la bataille contre les troupes de Schwarzenberg.
    Il repart, galope sur les plateaux.
    Il choisit un emplacement derrière une

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