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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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dispositif .
    Il interroge le général Gourgaud qui revient de la ville.
    — Sire, je pense que Dresde sera enlevé demain, si Votre Majesté n’est pas là.
    — Puis-je compter sur ce que vous me dites ? Tiendrez-vous jusqu’à demain ?
    — Sire, j’en réponds sur ma tête.
     
    Il lance ses ordres sous la pluie qui a recommencé. Demi-tour. On refait la route. Les colonnes refluent, et il les dépasse, galopant vers Dresde.
    Il traverse le pont sur l’Elbe, au milieu de la cohue des troupes. Tout cela sent l’affolement, presque la défaite. Est-ce possible ! Il met pied à terre, voit le général Gouvion-Saint-Cyr et le rassure. « Les renforts arrivent. Je les dirige. »
    Les soldats le reconnaissent alors qu’au milieu du pont il donne leurs ordres aux chefs de corps, comme si la fusillade et la canonnade n’annonçaient pas l’arrivée des Autrichiens et des Prussiens marchant en colonnes serrées précédées de cinquante canons tirant à mitraille. Ils sont presque deux cent cinquante mille et nous sommes cent mille. Nous vaincrons .
    Il a étudié chaque mètre carré de la campagne qui entoure Dresde. Il donne l’ordre à la cavalerie de Murat de charger sur le flanc gauche, aux fantassins du général Victor de pénétrer dans la brèche ainsi ouverte dans l’armée ennemie. Et à Ney d’attaquer. Mille deux cents canons écrasent les assaillants.
    Tout cela, dans la pluie et la boue.
    Il parcourt les avant-postes. L’ennemi recule. Il faut le poursuivre. Il rentre pour quelques instants à Dresde. Le roi de Saxe le serre dans ses bras. Napoléon l’écarte. Il grelotte, les dents claquent. Il a envie de vomir. Son chapeau est à ce point trempé qu’il lui tombe sur les épaules. Il a l’impression de marcher dans l’eau glacée parce que ses bottes en sont pleines. Il peut à peine se tenir debout. Constant le déshabille. On bassine son lit. Il s’y couche, mais le froid mêlé à la fièvre ne le quitte pas. Il dicte pourtant. Fain lui lit les dépêches. La victoire à Dresde est certaine. Il y a dix mille prisonniers, des généraux parmi eux, des drapeaux. Certains soldats autrichiens assurent que le général français Moreau a été tué par un boulet alors qu’il se trouvait aux côtés d’Alexandre.
    Il ouvre les yeux. Moreau ! Il ne ressent rien. Le destin a écarté de son chemin cet homme qu’il avait autrefois épargné, qui n’avait jamais renoncé à le haïr.
    Je ne hais point. Je combats et je méprise .
    Mais méprise-t-on un mort ?
    Il a de plus en plus froid. Il veut un bain brûlant. Peu à peu, il cesse de trembler. Il se couche. Qu’on ne le réveille pas, ordonne-t-il. Mais à cinq heures, il est déjà debout.
    Un mot à Marie-Louise, ce vendredi 27 août 1813, avant de rejoindre les avant-gardes.
    « Mon amie, je viens de remporter une grande victoire à Dresde sur l’armée autrichienne, russe et prussienne commandée par les trois souverains en personne. Je monte à cheval pour les poursuivre. Ma santé est bonne. Bérenger, mon officier d’ordonnance, a été blessé mortellement. Fais-le dire à sa famille et à sa jeune femme. Adieu, mio bene . Je t’envoie des drapeaux.
    « Nap. »
     
    Il ne peut galoper. Il sent son corps si affaibli que parfois il a le sentiment qu’il va tomber de sa selle. Il s’arrête près du bourg de Pirna. Il fait beau, des troupes passent, l’acclament. La victoire d’hier les a transfigurées. Il veut manger là, dans le champ, afin de les regarder défiler et de se faire voir d’elles.
    Il s’assied, avale quelques bouchées. Et tout à coup son front se couvre de sueur. Il tombe en avant. Il vomit. Il pense : ils m’ont empoisonné. Les Anglais, Metternich, peut-être leur stipendiés autour de lui, tous veulent sa mort, qui leur permettrait enfin d’organiser l’Europe à leur guise, dans une France soumise.
    On l’entoure. Il fait des gestes pour qu’on s’écarte. Il a besoin d’air. Il ne veut pas mourir ainsi, tel un empereur romain victime d’un complot. Il veut la mort sur un champ de bataille, comme Muiron, Duroc ou Lannes, ou Bessières, ou tant de jeunes hommes.
    Mourir à quarante-quatre ans, alors que ces soldats ont à peine connu la moitié de son âge. Il se redresse. Il faut rentrer à Dresde, répète Caulaincourt. L’Empereur doit être soigné, il ne peut continuer la poursuite. D’autres pensent qu’il faut le conduire à Pirna où se trouve déjà la Jeune

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