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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Autrichiens de Schwarzenberg qui, plus au sud, semblent vouloir passer par la Suisse pour tourner les places fortes françaises qui défendent le Rhin ?
    Mais s’il avait les hommes, aurait-il les armes nécessaires ?
    « Rien n’est moins satisfaisant que notre situation en fusils », dit-il au ministre de la Guerre dès ces premières heures à Saint-Cloud.
    Le général Clarke bredouille des réponses. Il y a des réserves dans les arsenaux de Brest et de La Rochelle, dit-il.
    — Bien loin, murmure Napoléon. Ils ne seront pas arrivés avant plusieurs semaines. Et si vous n’avez pas d’autres mesures, toutes les troupes qui vont se rassembler pourraient se trouver sans utilité, par défaut de fusils !
    Mais il faut faire avec ce que l’on a. Il ne veut pas céder au découragement, aux mauvaises nouvelles qui, à chaque heure, s’ajoutent les unes aux autres : les places fortes allemandes, Dresde, Torgau, Dantzig, se sont rendues. Leurs garnisons ne pourront constituer une armée venant de l’Allemagne du Nord comme il l’avait prévu. Il ne peut pas compter non plus sur les troupes d’Eugène. Elles vont rester en Italie. Et les renforts que Murat devait rassembler pour me porter secours iront sans doute grossir la coalition .
    Et chacun, ici, autour de moi, connaît la situation .
     
    Le dimanche 14 novembre 1813, aux Tuileries, il reçoit les sénateurs. Il les écoute affirmer leur fidélité. Et il est vrai qu’ils votent les levées de conscrits, mais dans leur tête ils doutent. Ils supputent.
    Certains se retrouvent autour de Talleyrand, beaux esprits, qui célèbrent avec ironie ma « dernière victoire ». Ils manoeuvrent une « armée de femmes », la duchesse de Dalberg, la duchesse de Courlande, Mme de Vaudémont, bavardes conspiratrices qui infestent les salons de Paris. Tous ceux-là attendent le retour des Bourbons. Je le sais. Mais les choses sont ainsi. Puis-je faire appel au peuple ? Pour qu’il recommence cette Révolution à laquelle j’ai mis fin ?
    — Sénateurs, dit-il, j’agrée les sentiments que vous m’exprimez. Toute l’Europe marchait avec nous il y a un an. Toute l’Europe marche aujourd’hui contre nous. C’est que l’opinion du monde entier est faite par la France ou par l’Angleterre. Nous aurions donc tout à redouter sans l’énergie et la puissance de la nation.
    Il veut croire à cette énergie, à cette puissance.
    — La postérité dira, reprend-il, que si de grandes et critiques circonstances se sont présentées, elles n’étaient pas au-dessus de la France et de moi.
    Il faut que l’on sache qu’il se battra, qu’il n’acceptera pas une paix de capitulation. Il se retire dans son cabinet de travail. Une nouvelle dépêche. Les Anglais marchent sur Bayonne.
    Il froisse le feuillet, dicte :
    « Ordre que, si jamais les Anglais arrivent au château de Marracq, on brûle le château et toutes les maisons qui m’appartiennent, afin qu’ils ne couchent pas dans mon lit. On en retirera tous les meubles, si l’on veut, qu’on placera dans une maison de Bayonne. »
    Ils vont voir si le lion est mort .
     
    D’abord se montrer, faire croire, faire savoir que rien n’a changé.
    Il préside des Conseils quotidiens. Il parcourt les rues de Paris, visite les travaux du Louvre, de la nouvelle halle aux vins. Il se promène sur les quais de la Seine, au marché aux fleurs. On l’acclame. Il décide de se rendre au faubourg Saint-Antoine. Il voit les ouvriers et les artisans qui, en l’apercevant, sortent des ateliers, des entrepôts, qui crient « Vive Napoléon », et il entend les paroles des chants qu’ils entonnent : « Les aristocrates à la lanterne ».
    Il se souvient de ces journées de 1792, de l’assaut donné aux Tuileries, de cette barbarie de la foule et de l’impuissance du roi Bourbon. Il ne veut pas revoir cela. Toute sa vie, il a cherché à construire autre chose, à ne pas céder à la rage des faubourgs et à échapper à la lâcheté des rois.
    Dans la foule qui se presse autour de lui, il sent l’angoisse. Il faut qu’il rassure.
    Il se rend plusieurs soirées de suite au théâtre, à l’Opéra. Il organise des revues au Carrousel. Il veut que défilent des milliers d’hommes, pour que Paris sache que la Grande Armée est reconstituée. Après les parades, il rentre à Saint-Cloud. Il s’enferme dans son cabinet de travail. Là, point de décors, de faux-semblants. L’ennemi qui avance.

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