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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Schwarzenberg a pénétré en Suisse, franchi le Rhin à Schaffhouse et, après avoir débouché sur Bâle, marche sur Belfort. Il va maintenant remonter vers le nord-est, vers Dijon, Chalon-sur-Saône, pendant que Blücher, ses Prussiens et ses Russes vont attaquer frontalement le Rhin. Les coalisés se sont encore renforcés, et ils alignent près de quatre cent mille hommes.
    Que puis-je leur opposer ?
    Il a besoin d’échapper à ces questions qui l’habitent. Il part chasser, galopant dans le bois de Satory, éperonnant sa monture pour se retrouver seul, marchant alors au pas dans la bruine qui enveloppe la forêt. Il revient lentement vers le château de Saint-Cloud. Il traverse les galeries, retrouve quelques instants Marie-Louise. Il la rejoindra cette nuit. Elle l’attend. Mais souvent, dès qu’elle est endormie, il la quitte pour retourner à ses appartements, où il ne dort pas mais travaille.
     
    Il a reçu ainsi au milieu de la nuit le comte de Saint-Aignan, le beau-frère de Caulaincourt. L’homme, bien sûr, est du parti de la paix à tout prix. Napoléon l’observe. C’est un officier valeureux qu’il a nommé écuyer et utilisé souvent comme plénipotentiaire. Il a été fait prisonnier. Il est porteur, dit-il, de propositions de Metternich et des coalisés.
    Napoléon lui fait signe de parler, puis marche autour de lui, les bras croisés. Saint-Aignan s’exprime d’une voix exaltée. Les puissances reconnaîtraient à la France les frontières naturelles, « une étendue de territoire que n’a jamais connue la France sous les rois ».
    Napoléon l’arrête. Qu’est-ce que cela signifie ? Quels territoires ? Qui ne voit que c’est une manière de faire croire au peuple que les Alliés veulent accorder une paix honorable, qu’ils ne font point la guerre à la France, mais seulement à l’empereur Napoléon !
    Il renvoie Saint-Aignan.
    Metternich est habile. On propose même un Congrès de la Paix. Et l’on m’empêche de mobiliser le peuple, on crée l’espoir de la fin des combats, on utilise contre moi tous ceux, ministres, maréchaux, qui ne veulent plus se battre. On m’isole. Voilà le but .
    Mais je peux les démasquer .
    Le 20 novembre, il convoque aux Tuileries Caulaincourt, Maret et le général Bertrand. Il a décidé, dit-il, de nommer Caulaincourt, l’homme de la paix, ministre des Relations extérieures à la place de Maret, qui reprend la secrétairerie d’État. Quant au général Bertrand, il sera grand maréchal du Palais.
    Il fait quelques pas aux côtés de Caulaincourt.
    — À vous de négocier, dit-il.
    Caulaincourt est l’un de ceux qui croient que l’on peut conclure un traité avec les coalisés. L’un de ceux qui s’imaginent que les puissances ne veulent pas ma perte, mais seulement me rendre raisonnable ! Qu’elles ne désirent pas mutiler la France mais la respecter ! Alors que Metternich ne rêve que de ma chute pour laisser sur le trône un descendant des Habsbourg. Que les Anglais, avec Castelreagh, poussent vers Paris les Bourbons. Et qu’Alexandre hésite entre l’intronisation de Louis XVIII à Paris ou celle de Bernadotte !
    Comment ne voient-ils pas cela, les Caulaincourt, les Saint-Aignan ?
    Il trouve sur sa table de travail un exemplaire d’une déclaration des puissances coalisées qui est distribuée dans toute la France par les armées ennemies ou par les bandes royalistes qui commencent à s’organiser dans le Sud. Des milliers de copies de cette Déclaration de Francfort commencent à circuler. Voilà la preuve de la manoeuvre politique, s’exclame-t-il en lisant le texte :
    « Les puissances alliées ne font point la guerre à la France mais à cette prépondérance que, pour le malheur de l’Europe et de la France, l’empereur Napoléon a trop longtemps exercée hors des limites de son Empire. Les souverains désirent que la France soit grande, forte et heureuse. »
    Il jette à terre cette feuille.
    — Quel est l’homme qui convient mieux que moi à la France ? s’exclame-t-il.
    Il prend connaissance des propositions dont les Alliés accompagnent cette déclaration. Ils ne parlent déjà plus de frontières naturelles. Ils arrachent la Belgique, la rive gauche du Rhin, la Savoie. C’est la France de 1790, sans aucune des conquêtes de la Révolution, qu’ils proposent.
    Il dicte une dépêche à Caulaincourt. Celui-ci, qui va négocier avec les représentants des coalisés, est humilié. Les

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