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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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envers moi, vous n’avez pas voulu m’abandonner sans rien me dire, et même vous m’avez promis de me reconduire jusqu’au Rhin. Aujourd’hui, je veux vous donner de bons conseils. Si vous m’abandonnez, je n’aurai plus le droit de parler de vous. Et je crois que, malgré les désastres qui ont eu lieu, je suis encore le plus puissant monarque de l’Europe.
    Il lance son cheval au galop. Il entend les cris de « Vive l’Empereur ».
    Il n’est pas encore terrassé.
     
    Voilà longtemps qu’il n’a pas senti en lui une telle détermination. Les Bavarois du général de Wrede ont pris position à Hanau. Ils sont, disent quelques soldats faits prisonniers, plus de cinquante mille. Cette armée compte même en son sein, outre des Autrichiens, des cosaques. Wrede pérore. Il va faire prisonnier l’Empereur, clame-t-il.
    J’ai dix-sept mille hommes, mais c’est ma Garde .
    Il la harangue. Il donne ses ordres. L’artillerie du général Drouot va s’avancer, dit-il, seule. Ouvrir le feu, puis la cavalerie s’élancera. Il faut bousculer ces traîtres.
    La canonnade emplit le défilé étroit dans lequel passe la route. Il attend dans la forêt, à quelques pas seulement de la bataille. Les obus tombent. L’un d’eux s’enfonce à moins d’un mètre, sans exploser. Il ne tourne même pas la tête. Il continue de bavarder avec Caulaincourt.
    Si la mort me veut, qu’elle me prenne !
    Les troupes bavaroises sont bousculées, et il peut continuer sa route, arriver le dimanche 31 octobre à Francfort.
    Il s’installe pour quelques heures dans une maison des faubourgs de la ville. Il écrit.
    « Ma bonne Louise,
    « Je suis arrivé à Francfort, je vais me rendre à Mayence. J’ai bien rossé les Bavarois et les Autrichiens hier 30 à Hanau. Ils étaient forts de soixante mille hommes. Je leur ai pris six mille prisonniers, des drapeaux et des canons. Ces fols voulaient me couper ! Ma santé est bonne et n’a jamais été meilleure. Addio mio bene . Un baiser au roi.
    « Nap. »
     
    Il faut exploiter cette victoire. Pendant que les troupes marchent vers Mayence sous une pluie torrentielle, il dicte une lettre officielle cette fois à la régente Marie-Louise :
    « Madame et très chère épouse, je vous envoie vingt drapeaux pris par mes armées aux batailles de Wachau, de Leipzig et de Hanau. C’est un hommage que j’aime à vous rendre… »
    Il envoie ses ordres au ministre de la Guerre. Il faut une parade dans Paris, avec ces bannières ennemies, chacune d’elles portée par un officier à cheval. « Vous savez depuis longtemps ce que je pense de ces pompes militaires, mais dans les circonstances actuelles, je crois qu’elles seront utiles. »
    Paris, la France doivent savoir que je suis encore vainqueur.
    D’ailleurs, a-t-il jamais été battu ? Vraiment battu ? Il lui est arrivé de ne pas vaincre, mais quel général ennemi peut dire qu’il l’a vaincu ?
    Il peut tout reprendre dans une autre partie.
     
    Il arrive à Mayence le mardi 2 novembre. Voilà trois cents kilomètres depuis Leipzig qu’il court la route à cheval.
    Il lit toutes les dépêches qui sont parvenues de Paris. Son frère Louis est dans la capitale. Que veut-il ? Il faut mettre en garde l’Impératrice.
    « Cet homme est fol, écrit Napoléon à Marie-Louise. Plains-moi d’avoir une si mauvaise famille, moi qui les ai accablés de biens. Je réorganise mon armée. Tout prend tournure. Donne un baiser à mon fils. Tout à toi.
    « Nap. »
    Il parcourt les rues de la ville. Des soldats se traînent en guenilles. Les hôpitaux, les caves, lui dit-on, sont pleins de malades. Le typhus abat les hommes aussi bien que l’ont fait les balles et les boulets.
    Il faut partir pour bâtir une autre armée.
     
    Le dimanche 7 novembre à vingt-deux heures, il quitte Mayence. Pas d’escorte impériale, mais seulement deux voitures inconfortables, et une suite de trois personnes. Le temps n’est plus au faste.
    Il arrive à Saint-Cloud le mardi 9 novembre 1813, à dix-sept heures.
    À plus de quarante-quatre ans, il se sent l’âme d’un jeune général qui a tout à conquérir.

Cinquième partie
    Je pars. Que ce dernier baiser
 passe dans vos coeurs
    10 novembre 1813 – 3 mai 1814

16.
    Il fait quelques pas dans le vestibule du château de Saint-Cloud, que la pénombre, en cette fin de journée du mardi 9 novembre 1813, envahit déjà.
    Il voit cette jeune femme et cet enfant qui avancent vers

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