Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
Alliés l’ignorent même, ne répondant pas aux questions qu’il pose afin de gagner ainsi des jours pendant lesquels, on l’espère, les armées coalisées auront avancé en France.
    « Je suis si ému de l’infâme projet que vous m’envoyez que je me crois déshonoré rien que de m’être mis dans le cas qu’on vous l’ait proposé, lui écrit Napoléon. Vous parlez toujours des Bourbons. J’aimerais mieux voir les Bourbons en France avec des conditions raisonnables que de subir les infâmes propositions que vous m’envoyez. »
    Comme il l’avait pensé, il ne reste qu’à se battre.
    Il me faut « des éperons et des bottes » .
     
    Il va et vient à pas rapides, mains derrière son dos, dans son cabinet de travail des Tuileries. Il reçoit une dépêche du télégraphe. Il a une expression de mépris et de colère : « La populace d’Amsterdam s’est insurgée », dit-il, Guillaume d’Orange vient d’arriver dans la ville. Il a été acclamé par la foule.
    Ce sont les mêmes Hollandais qui m’avaient crié leur admiration ! Pourquoi, comment faire confiance aux hommes ?
    Les Anglais débarquent en Toscane, et Murat signe un traité avec l’Autriche, lance à ses soldats une proclamation où il me calomnie, m’insulte, lui, l’époux de ma soeur, lui que j’ai fait roi. « L’Empereur ne veut que la guerre, écrit Murat. Je sais qu’on cherche à égarer le patriotisme des Français qui servent dans mon armée, comme s’il y avait encore de l’honneur à servir la folle ambition de l’empereur Napoléon à lui assujettir le monde ! »
    Voilà ce que dit Murat !
    Et à Paris, les députés du Corps législatif votent par 223 voix contre 51 l’impression d’un rapport qui exprime les mêmes opinions. Eux qui, comme Murat, ont tiré profit de l’Empire ! Murat a au moins l’excuse d’avoir risqué sa vie, mais eux, rats dans le fromage, ils osent approuver un texte qui condamne une « guerre barbare… Il est temps, disent-ils, que l’on cesse de reprocher à la France de vouloir porter dans le monde entier les torches révolutionnaires » .
    Moi ! moi, qui ai mis fin ici aux incendies, moi qui ai tenté d’apporter partout le code civil, moi qui ai refusé de déchaîner la guerre paysanne en Russie .
    Il s’écrie :
    « Le Corps législatif, au lieu d’aider à sauver la France, concourt à précipiter sa ruine, il trahit ses devoirs ; je remplis les miens, je le dissous. »
    Il se calme, reprend la phrase, dicte :
    « Tel est le décret que je rends, et si l’on m’assurait qu’il doit, dans la journée, porter le peuple de Paris à venir en masse me massacrer aux Tuileries, je le rendrais encore : car tel est mon devoir. Quand le peuple français me confia ses destinées, je considérai les lois qu’il me donnait pour le régir : si je les eusse crues insuffisantes, je n’aurais pas accepté. Qu’on ne pense pas que je suis un Louis XVI. »
     
    Mais ces députés qui me rejettent, les voici, ce 1 er  janvier 1814, devant moi, pour me présenter servilement leurs voeux ! Je leur avais dit, en m’adressant à eux dès mon retour : « Tout a tourné contre nous, la France serait en danger sans l’énergie et l’union des Français ! » Mais peu leur importe ! Ils tremblent. Ils m’accusent. Dans leur rapport, l’un d’eux, Lainé, parle de ma « fatale ambition qui depuis vingt ans nuit à l’Europe ». Et il loue « la royale couronne des lys » .
    Tout à coup, Napoléon se dirige vers eux, se place au milieu du groupe qu’ils forment.
    — Que voulez-vous ? Vous emparer du pouvoir ? Mais qu’en feriez-vous ? Et d’ailleurs, que faut-il à la France en ce moment ? Ce n’est pas une assemblée, ce ne sont pas des orateurs, c’est un général.
    Il passe devant chacun d’eux, le visage méprisant, les yeux étincelants.
    — Y en a-t-il un parmi vous ? Et puis, où est votre mandat ? Je cherche donc vos titres et je ne les trouve pas.
    Il hausse les épaules, montre le siège impérial placé sur une estrade.
    — Le trône lui-même n’est qu’un assemblage de quatre morceaux de bois doré recouvert de velours. Le trône est un homme, et cet homme, c’est moi, avec ma volonté, mon caractère, ma renommée.
    D’un pas vif, il regagne l’estrade.
    — C’est moi qui puis sauver la France, ce n’est pas vous !
    Puis, brusquement, il revient vers eux.
    — Si vous avez des plaintes à élever, il fallait

Weitere Kostenlose Bücher