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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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cela fait, se retourner, à marches forcées, contre les cent cinquante mille hommes de Schwarzenberg.
    Folie ? Il lit ce mot dans les yeux de ses maréchaux. Mais c’est ainsi qu’il a gagné la campagne d’Italie, et cette campagne de France, il veut la conduire de la même manière. Il n’a qu’une cinquantaine de milliers d’hommes alors que les coalisés en alignent trois cent mille ! Il faut simplement les surprendre, et être plus fort là où l’on frappe.
    En avant, vers Champaubert, Montmirail, Château-Thierry, Vauchamps.
    Temps de chien, chemins où l’on s’enlise. Il est à cheval. Il y a, écrit-il à Joseph, « six pieds de boue ». Mais il donne de la voix le long des colonnes pour qu’on pousse les caissons d’artillerie. Il se rend dans les villages pour demander aux paysans qu’ils prêtent leurs chevaux, aident à tirer et à pousser. Et, arrivé sur le champ de bataille de Champaubert, les Marie-Louise subissent sans se débander le feu, les charges, et partent à l’assaut, culbutant l’ennemi.
    Il est au centre de l’affrontement, et il ne s’installe dans une ferme au coin de la grand-rue de Champaubert et de la route de Sézanne qu’à la nuit tombée, ce jeudi 10 février 1814.
    Jamais, depuis ses premières victoires d’Italie, il n’a éprouvé une telle joie.
    Il voit entrer le général Olsufieff, qui a été fait prisonnier avec plusieurs de ses généraux. Il l’invite à dîner, dit aux maréchaux, qui paraissent épuisés, sans entrain :
    — À quoi tient le destin des Empires ! Si demain nous avons sur le général Sacken un succès pareil à celui que nous avons aujourd’hui sur Olsufieff, l’ennemi repassera le Rhin plus vite qu’il ne l’a passé, et je suis encore sur la Vistule !
    Il regarde les maréchaux, aux visages sombres. Il ajoute :
    — Et puis, je ferai la paix aux frontières naturelles du Rhin !
    Il dîne en quelques minutes, se lève, consulte les cartes.
    — On marche sur Montmirail, où nous serons ce soir à dix heures, dit-il, montrant aux maréchaux les itinéraires à suivre. J’y serai de ma personne demain matin avant le jour, pour marcher sur Sacken avec vingt mille hommes. Si la fortune nous seconde comme aujourd’hui, les affaires seront changées en un clin d’oeil.
    Puis, debout, il trace quelques lignes pour Marie-Louise.
    « Ma bonne Louise,
    « Victoire ! J’ai détruit douze régiments russes, fait six mille prisonniers, quarante pièces de canon, deux cents caissons, pris le général en chef et tous les généraux, plusieurs colonels ; je n’ai pas perdu deux cents hommes. Fais tirer le canon des Invalides et publier cette nouvelle à tous les spectacles. Je serai à minuit à Montmirail et le serrerai de près.
    « Nap. »
     
    Le vendredi 11 février, il est à Montmirail. Il n’a que vingt-quatre mille hommes. Il faut qu’ils fassent des miracles. Victoire à nouveau. Les troupes russes du général Sacken sont balayées.
    En entrant dans la ferme des Grénaux où il doit bivouaquer, il voit des cadavres entassés dans les deux pièces où il doit s’installer. On s’est battu ici toute la journée.
    Il faut qu’on sache à Paris, aux Tuileries, quelle est ma victoire .
    « Pas un homme de cette armée en débâcle ne se sauvera », écrit-il à Marie-Louise. « Je meurs de fatigue. Tout à toi, poursuit-il. Donne un baiser à mon fils. Fais tirer soixante coups de canon et donner cette nouvelle à tous les spectacles. Le général Sacken a été tué. »
    Malgré l’épuisement, il ne peut dormir.
    « Ces deux journées changent entièrement la situation des affaires », dit-il.
    Tant de fois dans sa vie il en a été ainsi, au bord d’un abîme où il pouvait rouler et tout perdre. Et en se cambrant, en s’agrippant, en repoussant l’ennemi, en l’écrasant, il s’est à chaque fois éloigné du gouffre, et a consolidé son pouvoir
    Il peut, il doit en être ainsi maintenant.
     
    Il avance vers Château-Thierry ce samedi 12 février 1814. Des paysans marchent près de lui. Ils sont armés de fourches et de vieux fusils. Ils fuient les villages où, disent-ils, les cosaques violent, battent, tuent, pillent. Ils racontent comment ils tendent des embuscades aux soldats ennemis, égorgent les traînards, les isolés.
    Si ces « blouses bleues » se lèvent en masse, les coalisés sont perdus. Il combat avec les troupes toute la journée. Les Russes sont à nouveau

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