[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène
battus.
Napoléon arrive ainsi sur les bords de la Marne. Les coalisés ont fait sauter le pont de Château-Thierry. Il s’avance malgré les tirailleurs ennemis. Il faut commencer à le réparer, dit-il. Mais la poursuite est ralentie.
Il surveille les travaux des pontonniers, et la bataille reprend à Vauchamps. Nouvelle victoire.
Il fait allumer un feu au bord de la route et regarde défiler les prisonniers, puis il interroge les grenadiers, les Marie-Louise qui passent et montrent les trophées pris à l’ennemi. Il remet des croix de la Légion d’honneur, distribue des récompenses. Voilà des hommes qui changent le cours du destin.
« Ce qu’ils ont fait, dit-il, ne peut se comparer qu’aux romans de chevalerie et aux hommes d’armes de ces temps où, par l’effet de leurs armures et l’adresse de leurs chevaux, un en battait trois cents ou quatre cents. L’ennemi doit être frappé d’une singulière terreur. La Vieille Garde a de beaucoup surpassé tout ce que je pouvais attendre d’une troupe d’élite. C’était absolument la tête de Méduse. »
Il écrit à Marie-Louise. Qu’on répète cela à Paris. Qu’on fasse défiler les prisonniers dans les rues de la capitale.
Mais alors que mes soldats se surpassent, Murat me déclare la guerre ! C’est un fou et un ingrat !
« La conduite du roi de Naples est infâme et celle de la reine, ma soeur Caroline, n’a pas de nom. J’espère vivre assez pour venger moi et la France d’un tel outrage et d’une ingratitude aussi affreuse. »
Il donne l’ordre de marcher sur Montereau pour arrêter l’avance des troupes de Schwarzenberg, qui profitent des combats contre les armées de Blücher pour progresser.
Sur la route, il apprend que le général Guyot, qui commande la deuxième division de cavalerie de la Garde, a abandonné deux pièces à l’ennemi.
Napoléon s’arrête dès qu’il aperçoit Guyot, hurle, saute de cheval, jette son chapeau à terre. Il se laisse emporter par la fureur, puis remonte à cheval, mais la colère s’incruste en lui.
Il avance malgré les obus qui commencent à tomber autour de lui, dans cette bataille qui se déroule autour de Montereau. Il rejoint les canons en batterie, descend de cheval, pointe lui-même une pièce. L’ennemi réplique mais Napoléon paraît ne pas entendre ces explosions, ces boulets qui sifflent. Il lance, en se tournant vers les artilleurs :
— Allez, mes amis, ne craignez rien, le boulet qui me tuera n’est pas encore fondu !
Il s’expose ainsi toute la journée. Il se sent invulnérable, comme au cours de toutes ces batailles qu’il a commandées.
« Ma bonne Louise, écrit-il le soir, je suis fatigué. J’ai eu une journée superbe. J’ai défait les corps de Bianchi, forts de deux divisions, et les Wurtembergeois… Mais ce qui est meilleur que tout cela, je leur ai pris le pont de Montereau, sans qu’ils aient pu le couper. J’ai débouché sur l’ennemi, j’ai pris deux drapeaux autrichiens, un général et plusieurs colonels. Adieu mon amie, tout à toi.
« Nap. »
Mais le soir, au château de Surville, la colère est encore là en lui.
Que valent ses maréchaux ? Victor ? Oudinot ? Ils ont reculé. Le général Montbrun a laissé les cosaques envahir la forêt de Fontainebleau. Le général Digeon a laissé ses canons manquer de munitions. Le maréchal Augereau, à Lyon, n’avance pas, alors qu’il a des soldats aguerris et qu’il pourrait menacer les arrières ennemis.
Napoléon s’emporte.
« Partout, lance-t-il, j’ai des plaintes du peuple contre les maires et les bourgeois qui les empêchent de se défendre. Je vois la même chose à Paris. Le peuple a de l’énergie et de l’honneur. Je crains bien que ce ne soit certains chefs qui ne veulent pas se battre et qui seront tous sots, après l’événement, de ce qui leur sera arrivé à eux-mêmes. »
Voilà le maréchal Victor, duc de Bellune, qui, au bord des larmes, se présente, se justifie, déclare ne pouvoir accepter d’être éloigné du champ de bataille, lui, l’un des plus anciens compagnons d’armes de l’Empereur.
Ce n’est pas le passé qui excuse les actes présents. Victor insiste. Il a perdu son gendre, le général Chataux, tué au combat. Il est resté au milieu de ses soldats.
— Je vais prendre un fusil, dit-il, je n’ai pas oublié mon ancien métier : Victor se placera dans les rangs de la Garde.
Napoléon, tout à coup, lui
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