Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
du courage, de la patience et du sang-froid. Il n’y en a pas quand on réunit tous les faits pour former des tableaux et qu’on se bouleverse l’imagination. Cette manière de voir n’est propre qu’à faire naître le découragement et le désespoir. »
     
    Il entre à Troyes. On l’acclame. Un envoyé du général Schwarzenberg demande un armistice.
    Croit-on que je ne saisis pas qu’ils veulent ainsi retarder mon offensive ? Qu’un jour de perdu pour moi peut me coûter la victoire ? Alors qu’avec leur supériorité numérique, leurs réserves, ils ont pour allié le temps et l’espace ? Mais on continue à me proposer de capituler ! On ne mesure pas que ce qu’exigent les coalisés, c’est le dépeçage de l’Empire et ma perte .
    Voici Saint-Aignan, le beau-frère de Caulaincourt, qui dit :
    — La paix sera assez bonne si elle est prompte.
    — Elle arrivera assez tôt si elle est honteuse, répond Napoléon.
    Certains sont prêts à me trahir, comme Murat .
    Des royalistes de Troyes se sont rendus, alors que la ville était occupée, auprès d’Alexandre pour solliciter le rétablissement des Bourbons. L’un d’eux est arrêté, exécuté. Et la grâce que Napoléon lui accorde vient trop tard.
    — La loi le condamnait, murmure l’Empereur.
    Il fait à cheval le tour des fortifications de Troyes. La ville a souffert des combats. On enterre les soldats morts. Il détourne la tête. Il a le sentiment que la victoire, le renversement de la situation est à portée de main. C’est à cela qu’il doit penser. Il ne doit pas se laisser prendre par cette angoisse, ce désespoir qui ronge l’âme. Mais c’est un effort de chaque instant. Il s’indigne.
    — Je ne suis plus obéi. Vous avez tous plus d’esprit que moi, et sans cesse on m’oppose de la résistance, en m’objectant des « mais », des « si », des « car » !
    Alors qu’il ne faut que de l’énergie et de l’intelligence.
     
    Blücher et les Prussiens battent retraite vers Soissons. Il faut les poursuivre, coucher dans la seule pièce d’un presbytère de village, affronter le froid, la pluie.
    À La Ferté-sous-Jouarre, il écoute les paysans qui viennent raconter les tortures et les violences qu’ils ont subies.
    Il interroge, rassure, se penche sur les cartes. Son plan est simple. « Je me prépare à porter la guerre en Lorraine, dit-il, où je rallierai toutes les troupes qui sont dans mes places de la Meuse et du Rhin. »
    Il coupera ainsi les armées ennemies de leurs arrières, et les empêchera d’avancer vers Paris. Il défendra la capitale par ce mouvement vers l’est, et non directement. Il suffira que Paris tienne quelques jours, quelques heures même.
    L’angoisse le saisit. Et si Paris ne tient pas ?
    Il écarte cette éventualité. Il n’y a pas d’autre choix que d’isoler l’ennemi de ses bases, de le contraindre ainsi à la retraite.
    Marmont se placera devant Paris et résistera pendant que je foncerai vers l’est. Il faut expliquer cela, rassurer .
    Il écrit à Cambacérès, à Clarke :
    « Il suffit de penser que la capitale aujourd’hui n’est plus réellement compromise », dit-il à l’un. « L’ennemi est partout mais il n’est en force nulle part », précise-t-il à l’autre.
    Puis il repart. À Méry, les Prussiens sont battus. Mais un équipage de pont manque pour traverser le fleuve et les poursuivre. On perd quelques heures.
    Il attend avec impatience, guettant les dépêches. Et tout à coup, après avoir lu l’une d’elles, il gesticule. Soissons, une place forte qui pouvait sur l’Aisne ralentir la retraite de Blücher, a capitulé sans raison ! « Infamie ! crie-t-il, que le général soit fusillé au milieu de la place de Grève et qu’on donne beaucoup d’éclat à cette exécution ! »
    Tout est à reprendre. Le temps me file entre les doigts . Mais il faut réagir. Il marche dans la tempête de neige. On se bat à Craonne, à Laon.
    À Corbeny, un petit village, il reconnaît une silhouette parmi les maires des localités voisines qui se sont rassemblés autour de lui. Il appelle l’homme, qui s’approche.
    Encore, comme à Brienne, un témoin du passé, M. de Bussy, ancien officier au régiment de La Fère. À chaque pas, je retrouve mes empreintes, comme si le destin se nouait en boucle .
    Il nomme M. de Bussy aide de camp. Il décore un émissaire venu de l’Est et qui annonce que les paysans des Vosges se sont soulevés.

Weitere Kostenlose Bücher