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[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

[Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène

Titel: [Napoléon 4] L'immortel de Sainte-Hélène Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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tend la main.
    — Eh bien, restez, dit-il. Je ne puis vous rendre votre corps d’armée, puisque je l’ai donné à Gérard, mais je vous donne deux divisions de la Garde, allez en prendre le commandement, et qu’il ne soit plus question de rien entre nous !
    Il tourne le dos à Victor. Ces chefs sont fatigués. Et lui, ne l’est-il pas ?
    La colère le reprend.
    Il dicte une lettre pour Augereau :
    « Je vous ordonne de partir douze heures après la réception de la présente lettre pour vous mettre en campagne. Si vous êtes toujours l’Augereau de Castiglione, gardez le commandement ; si vos soixante ans pèsent sur vous, quittez-le et remettez-le au plus ancien de vos officiers généraux. La patrie est menacée et en danger : elle ne peut être sauvée que par l’audace et la bonne volonté, et non par de vaines temporisations. Vous devez avoir un noyau de plus de six mille hommes de troupes d’élite : je n’en ai pas autant, et j’ai pourtant détruit trois armées et sauvé trois fois la capitale. Soyez le premier aux balles.
    « Il n’est plus question d’agir comme dans les derniers temps, mais il faut reprendre ses bottes et sa résolution de 93 !
    « Quand les Français verront votre panache aux avant-postes et qu’ils vous verront vous exposer aux coups de fusil, vous en ferez ce que vous voudrez ! »
     
    Tout à coup, une fatigue immense l’envahit.
    Voilà des jours et des jours qu’il chevauche, qu’il est en première ligne à chaque bataille, qu’il imagine sa stratégie, dicte des centaines d’ordres, qu’il déjeune et dîne en quelques minutes, qu’il affronte le froid, la pluie, la boue, et qu’il tente de tenir hors du découragement tous ceux qui l’entourent et qui, sinon, il le sait bien, se laisseraient aller, couleraient, entraînant avec eux le pays.
    Et maintenant, ce samedi 19 février, il ne peut plus. Il lui semble qu’il a accompli la tâche qu’il s’était fixée. Il a successivement battu les Prussiens et les Russes de Blücher, et les Autrichiens de Schwarzenberg. Il peut dormir. Il s’allonge cependant que son valet lui retire les bottes. Le feu brûle dans la cheminée de cette petite chambre du château de Surville.
    Il ferme les yeux.
     
    « Ma bonne amie, écrit-il le lendemain à l’aube,
    « J’étais si fatigué hier au soir que j’ai dormi huit heures de suite. Fais tirer trente coups de canon pour le combat de Montereau. Il est nécessaire, lorsque je t’écris de faire tirer le canon, que tu écrives au ministre de la Guerre, signé de toi et que tu dises : “en conséquence de tel avantage remporté tel jour par l’Empereur”, le ministre de la Guerre devant toujours être instruit des événements militaires directement.
    « Adieu, ma bonne Louise, tout à toi.
    « Nap. »
     
    Il sort. « Le froid est horrible. » Le sol est gelé, ce qui facilite les déplacements de l’ennemi.
    Allons, en selle, vers Nogent-sur-Seine, vers Troyes. Les estafettes apportent, à la halte, les dépêches et les journaux de Paris. Dans la pièce où il s’est installé, à Nogent-sur-Seine, il s’indigne. Il faudrait aussi qu’il écrive les journaux ! Comment ne comprennent-ils pas que l’un « des premiers principes de la guerre est d’exagérer les forces et non de les diminuer » ? Pourquoi ne relèvent-ils pas les crimes commis par l’ennemi, et dont le récit « me fait dresser les cheveux sur la tête » ? D’un mouvement du bras, il balaie les dépêches et les journaux qu’on avait posés devant lui.
    — En vérité, crie-t-il, je n’ai jamais été plus mal servi !
    Il fait quelques pas dans la pièce, lance :
    — On ne peut pas être plus mal secondé que je le suis !
    Il se calme. Il contemple une bonbonnière, un envoi de Marie-Louise, sur laquelle est peint un portrait du roi de Rome. Il le fixe quelques secondes. L’enfant a les mains jointes.
    Napoléon prend la plume.
    « Je désire que tu le fasses graver, écrit-il à l’Impératrice, avec cette devise : “Je prie Dieu qu’il sauve mon père et la France.” Cette petite gravure est si intéressante qu’elle fera plaisir à tout le monde. »
    Peut-être la vue de cet enfant donnera-t-elle à certains l’envie de mieux se battre, de résister.
    Il s’emporte à nouveau. Il faudrait qu’il soit à l’intérieur de l’âme de chaque officier, de chaque soldat, de chaque ministre.
    Il répète : « Il y a remède à tout avec

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