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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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scintillante de diamants, est aussi peu gracieuse que possible. « Quand elle sera un peu arrangée et habillée, avait dit Metternich en vantant celle qu’il livrait au Minotaure, elle sera tout à fait bien. » Elle n’avait jamais été bien, et l’air maussade demeurait toujours sa contenance habituelle... Cependant, lorsqu’elle regarde son mari, son visage s’anime. Napoléon continue à lui plaire : « Depuis la naissance de mon fils, écrit-elle à son père, mon amour et ma tendresse pour mon époux se sont encore accrus, si c’est possible. Jamais je n’oublierai les marques d’affection qu’il m’a données ces derniers temps et je suis émue jusqu’aux larmes quand j’y pense... »
    Durant encore trois années, elle se souviendra de l’ordre qu’il avait donné le matin de son accouchement laborieux :
    — Sauvez la mère, c’est son droit !
    Sa femme a cessé d’être simplement pour lui « un ventre ». Lorsqu’on lui demandera plus tard à quelle époque il avait été le plus heureux, il hésitera entre Tilsit et cette journée du baptême, puis conclura en optant pour le lendemain de Friedland, avouant qu’en 1811 il ne se sentait « pas d’aplomb »...
    Pas d’aplomb ? Je ne pense pas qu’en dépit de sa griserie il doute déjà de l’avenir, mais il sent autour de lui croître la lassitude de la nation. Bien sûr, la naissance du petit roi a déclenché l’enthousiasme, mais, déjà, cette joie immense devant la chance de Napoléon s’est apaisée. L’éblouissement cesse d’éblouir. À force d’avoir été saoulé de gloire, on l’apprécie moins. On la trouve « fade » comme Napoléon la considérait déjà en 1798 ! Qu’importe que des Espagnols, des Hollandais, des Allemands ou des Illyriens deviennent Français ! Cela paraît une vue de l’esprit ! Qu’importe le rêve européen ou carolingien du nouvel empereur d’Occident ! Et puis, on la paye si cher cette gloire ! Au prix de tant de sang répandu !
    La venue au monde du roi de Rome, une fois les lampions éteints, apportera-t-elle la paix ? Le jour du baptême – ce 9 juin 1811 –, le cortège avait été en retard, et, en attendant le passage des souverains, la foule ressassait ses griefs : la sécheresse était désastreuse, la farine allait manquer, on s’était rué sur les légumes secs pour faire « ses provisions ». Depuis un an on reparlait de guerre. Le tsar armait, disait-on, et Napoléon agissait de même... Une inquiétude vague ne cessait de monter. Rien ne semblait ni stable ni sacré. Napoléon paraissait vouloir briser son propre ouvrage :
    — L’Empereur, constatait Réal, laboure toujours et ne sème jamais, et rien n’anéantit le présent comme ce qui tue l’avenir.
    La censure, l’inquisition des agents gouvernementaux, la lourde suspicion douanière s’exerçant sur tout le territoire, la main de fer qui s’est abattue sur le pays, créaient un pénible malaise.
    — Je n’étais pas d’aplomb !...
    Il y avait encore les affaires religieuses qui rendaient l’atmosphère lourde et pesante. Le Pape, toujours prisonnier, avait refusé de bénir le roi de Rome, ce roi à qui l’on venait d’attribuer l’héritage de saint Pierre : Napoléon avait en somme pris au Pape, pour le donner à un enfant au berceau, la partie la plus visible de son pouvoir temporel – ce temporel qui n’appartenait pas à Sa Sainteté, mais à l’Église.
    — J’ai juré de défendre le temporel usque ad effusionem sanguinis, déclarait Pie VII ; n’ayant d’autres armes que les spirituelles, j’ai dû en user comme mes prédécesseurs. Aucun d’eux n’a été réduit au même point que moi... On a dispersé tout le Collège, on m’a enlevé de mon palais. Ces violences ne sont pas tolérables et il faudra une réparation au Saint-Siège... Si Sa Majesté ne peut se relâcher sur rien, à coup sûr les choses resteront longtemps dans cet état.
    Se relâcher ? Napoléon n’y songe point ! Et le spectre du schisme se profile sur la France.
    — Je réclame avec ardeur, répète le Pape, que mes communications soient rétablies avec les évêques et les fidèles ; il me suffit que leurs recours puissent me parvenir librement et que je me voie à même d’exercer les fonctions spirituelles de mon ministère.
    — Moi seul, dans mon empire, objecte Napoléon, je désigne les évêques chargés d’administrer l’Église : rendez à César ce qui est

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