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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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arrêter et envoyer à Vincennes trois évêques considérés comme des meneurs. Terrifiés, craignant de voir arriver chez eux les gendarmes, les Pères conciliaires, appelés individuellement chez le ministre, se hâtent de signer le décret. Bien plus, ils ajoutent que si le texte ne se trouvait pas confirmé par Pie VII « ce serait là le cas de nécessité ». Autrement dit le métropolitain instituerait et consacrerait les évêques désignés par Napoléon.
    Pie VII, à l’étonnement général, commence par accepter, précisant simplement que le métropolitain instituera « au nom du Pape » et s’arrangera pour glisser que « l’Église romaine » est « la mère et la maîtresse de toutes les autres ». Napoléon fait rejeter le document par le Conseil d’État sous le prétexte que c’est là une formule « contraire aux libertés gallicanes ». Pie VII – déjà « effrayé, disait-il lui-même, par ses concessions » – refuse de changer un mot à son texte – ce qui permet à Napoléon de s’exclamer :
    — Son autorité n’est pas de ce monde. Mon autorité à moi vient de Dieu.
    L’Empereur demande au Pape « d’abdiquer ». Il refuse, et son gardien, le préfet Chabrol, est requis d’annoncer à son prisonnier :
    — En ce cas, très Saint-Père, je suis chargé de vous faire une notification officielle : à partir de Ce jour, Sa Majesté l’Empereur et Roi regarde les Concordats comme abrogés et ne souffrira pas que le Pape intervienne en rien dans l’institution canonique des évêques.
    Espérant avoir enfin fléchi ce « vieillard entêté », l’Empereur donne l’ordre de transférer Pie VII à Fontainebleau.

    Un autre drame empêche Napoléon d’être « d’aplomb » : le drame russe a commencé à poindre dès le refus par le tsar de donner sa soeur en mariage à l’ancien lieutenant d’artillerie. Prenant sa revanche, l’Empereur est tout heureux de montrer sa mauvaise humeur en faisant échouer l’emprunt que la Russie s’apprêtait à lancer en France. Or, le rouble se trouvait malade par suite de l’application du blocus, une application pleine d’infractions, mais suffisante pour gêner considérablement le commerce russe.
    Au même moment, l’affaire polonaise rebondissait et cette pomme de discorde refroidissait encore les rapports entre les deux pays. Napoléon refusait de signer la convention par laquelle il devait s’engager « à empêcher à tout jamais la reconstruction de la Pologne ».
    — Ce serait là, estimait-il, contraire à ma dignité et à mon honneur !... Il faudrait que je fusse Dieu pour décider que jamais une Pologne n’existera !
    Napoléon propose alors au tsar de s’engager simplement « à ne jamais donner aucun secours ni assistance à quelque puissance ou à quelque soulèvement intérieur que ce puisse être, qui tendraient à rétablir le royaume de Pologne ». Alexandre confirme le texte primitif de la convention. Napoléon fait attendre longuement sa réponse et, avec raison, maintient ses modifications. Finalement la négociation en demeure là – et le tsar, déjà vexé par la longue attente que Napoléon lui a infligée, est au surplus contrarié de n’avoir pu se montrer indiscret vis-à-vis des Polonais. Afin de les attirer à lui, il eût été heureux de leur faire passer sous le manteau le premier texte signé par leur soi-disant protecteur.
    À l’automne de cette même année 1810, un immense convoi de douze cents bâtiments marchands anglais – voyageant, bien entendu, sous pavillon neutre, et escorté jusqu’au Sund par vingt vaisseaux de guerre britanniques – naviguent à travers la Baltique à la recherche d’un port. Où débarquer les marchandises dont leurs cales sont remplies ? Le Danemark, la Prusse et la Suède ne veulent – ou ne peuvent – déplaire à Napoléon. Par ailleurs, les gabelous impériaux, protégés par les baïonnettes de Davout, gardent la côte de Dantzig à Mémel. Aussi les douze cents bâtiments prétendus neutres se mettent-ils à errer de port en port « comme les débris d’une armée en déroute ». Le tsar va-t-il accepter de les recevoir ?
    — Si Votre Majesté les admet, écrit l’Empereur à Alexandre le 23 octobre 1810, la guerre dure encore ;si elle les séquestre et confisque leur chargement, le contrecoup qui frappera l’Angleterre sera terrible ; toutes ces marchandises sont pour le compte des Anglais. Il dépend de

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