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Napoléon

Napoléon

Titel: Napoléon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: André Castelot
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douloureuse incertitude où vous viviez et de faire cesser une agonie qui achevait d’anéantir vos forces et vos ressources ; je viens d’ouvrir à votre industrie le Continent. Le jour viendra où vous porterez mes aigles sur les mers qui ont illustré vos ancêtres.
    L’Empire démesuré, hybride, démentiel, monstrueux, se construit ! Il faudra quinze jours aux courriers pour le traverser ! Un empire qui va dévorer nationalités, provinces et royaumes ! Car la Hollande ne suffit pas ! Le 18 août 1810, l’Empereur annonce à Jérôme :
    — Je viens d’ordonner que mes troupes occupent tout le pays depuis le Holstein jusqu’à la Hollande et dans cette mesure se trouve compris le pays entre Bremen et Vulkenbourg ; je vous prie d’en retirer vos troupes.
    Cette même année 1810 – le 30 novembre–,l’Empire s’approprie la république du Valais, qui formera le département du Simplon, sous le prétexte que « cette chétive population, précisait Napoléon, séparait l’Italie de la France à mon détriment  ». Et le grand bailli Stockalper déclare à la « chétive population » : « Déjà Sa Majesté vous regarde comme bons et braves Français et tout semble vous mériter ce titre glorieux. Soyez aussi fiers que jaloux du rayon de gloire française qui va briller sur vos têtes. » Treize jours plus tard, c’est au tour des vieilles villes hanséatiques – Brème, Hambourg, Lubeck – de devenir chefs-lieux de départements français :
    — Ce n’est pas mon territoire que j’ai voulu accroître, explique-t-il, mais bien mes moyens maritimes.
    Toujours l’Angleterre !
    Cent trente départements réunissent quarante-cinq millions de Français – auxquels il faut ajouter les quarante millions d’habitants des États vassaux : Italie, Espagne, Naples, le grand-duché de Varsovie, la Confédération du Rhin et la Confédération helvétique. Étranges frontières « françaises » que le Niémen, Gibraltar, Messine, Hambourg, Zara et Laybach !
    Tout en marchant vers l’inévitable catastrophe, Napoléon forge ainsi l’empire de son héritier – car Marie-Louise attend maintenant un enfant et cet enfant, Napoléon l’affirme, ne pourra être qu’un fils ! Il en est persuadé. Ce nouveau-né trouvera une couronne dans son berceau de vermeil. Il ne sera pas prince, mais roi – roi de Borne ! On l’appellera Sire et Votre Majesté ! Il sera entouré par toute une cour titrée, dorée et emplumée.
    L’Empereur Napoléon II ? Le maître d’un empire fédératif plutôt ! Et l’Empereur ne divague point lorsqu’il prédit :
    — Mon fils doit être l’homme des idées nouvelles et de la cause que j’ai fait triompher partout... réunir l’Europe dans les liens fédératifs indissolubles.
    Mais ce n’est pas fini. Le rêve européen s’est emparé de lui.
    — Ma destinée n’est pas accomplie ; je veux achever ce qui n’est qu’ébauché ; il me faut un code européen, une cour de cassation européenne, une même monnaie, les mêmes poids et mesures, les mêmes lois ; il faut que je fasse de tous les peuples de l’Europe un même peuple et de Paris la capitale du Monde.
    Même un pays, alors à l’autre bout du monde – la Suède – et sur lequel il n’exerce d’autre influence que celle de son nom, va demander à l’Empereur – en cette année 1810 – un de ses lieutenants pour roi.
    Une révolution a chassé du trône Gustave IV et sa descendance. Le frère du roi déchu, le duc de Sudermanie, est devenu souverain de Suède sous le nom de Charles XIII. N’ayant pas d’enfant, le prince héritier est le prince Auguste d’Augustenburg. Or, celui-ci étant mort subitement, le roi ne sait qui désigner pour lui succéder. Il a d’abord proposé, sans succès, le frère du prince héritier défunt : le duc Frédéric-Christian. D’autres postulants se sont alors présentés, entre autres le prince de Holstein et le roi de Danemark. Napoléon, qui se mêle de tout ensa qualité « d’empereur d’Occident », envisage plutôt la candidature de Berthier ou de Murat.
    C’est le baron Otto Mörner – ce 25 juin 1810–,qui, le premier, pense à Bernadotte. Il se souvient qu’un de ses cousins éloignés – le comte Gustave Mörner – a été fait prisonnier par Bernadotte à Lubeck et traité par celui-ci avec une rare courtoisie. Le baron arrive à Paris pour annoncer à l’Empereur la mort du prince héritier et va voir

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