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Néron

Néron

Titel: Néron Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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l’épouse de Claude.
    Pallas la faisait pénétrer, tard, la nuit, dans le palais, afin qu’elle surprît Claude dans sa chambre. Elle lui dispensait assez de sensations pour qu’il pût entrevoir et frôler les plaisirs qu’elle était capable de lui offrir, et qu’il désirât ainsi l’épouser.
    Vitellius, lui, s’employait à convaincre les sénateurs qu’il suffisait d’un décret pour que l’union entre un oncle et sa nièce cessât d’être considérée comme incestueuse. Ainsi serait écartée la vengeance des dieux.
    Le consul Vitellius était un orateur habile, mais quel sénateur aurait-il pu séduire si Agrippine n’avait soudoyé la plupart d’entre eux en leur versant des milliers de sesterces, en leur promettant, si elle devenait l’épouse de l’empereur, de rendre au Sénat toutes ses prérogatives. L’un de ses premiers gestes serait, assurait-elle, d’obtenir la grâce de Sénèque dont elle ferait le maître de son fils.
    N’était-ce pas là la preuve de son respect pour l’assemblée dont le philosophe était le plus illustre orateur ?
    Effrayé, j’ai admiré cette femme qui, alors même que son mariage n’avait pas encore été célébré, se préparait à gravir la marche suivante de l’escalier qui les conduirait elle et son fils vers le pouvoir suprême.
    Je l’ai vue entourer Pallas de ses voiles, de ses bras, de ses paroles, lui dire qu’il fallait déjà organiser les fiançailles de la fille de Claude et Messaline, Octavie, et de Lucius Domitius, son fils. Ainsi seraient unies les familles du même sang illustre.
    Pallas était tout surpris par la force de ce vent qui le poussait en avant plus vite et plus loin qu’il ne l’avait envisagé.
    — Octavie n’a que huit ans, remontrait-il, et votre fils n’en a que douze.
    D’un haussement d’épaules, puis en quelques phrases, Agrippine écartait cette difficulté, rappelant que c’était la règle de fiancer dès leur plus jeune âge les enfants des familles issues de César et d’Auguste.
    Pallas baissait la tête, murmurant qu’Octavie était déjà fiancée au fils du consul Silanus, Junius Silanus, qui s’était illustré en Bretagne à la tête des légions et que Claude traitait comme un fils : il lui avait accordé le triomphe et l’avait couvert de bienfaits, de richesses, jusqu’à lui promettre sa fille Octavie, sans doute le seul être auquel il eût été vraiment attaché.
    J’ai entendu le rugissement de la bête de proie. Agrippine a crié sa rage et son mépris :
    — Il a fiancé Octavie à Silanus ! Il a fait cela !
    Puis elle a maugréé que Claude préparait peut-être ainsi sa succession. Silanus, époux de la fille de l’empereur, pouvait y prétendre. Sa famille était d’origine noble.
    Elle s’est campée face à Pallas. Elle paraissait frêle devant cet homme gras qui la dominait de toute sa taille.
    — Cela ne se fera pas ! a-t-elle décrété.
     
    Il a suffi de quelques jours pour qu’une rumeur se répande dans Rome – Pallas et le consul Vitellius en furent, avec Agrippine, la source –, selon laquelle Junius Silanus avait eu une relation avec sa propre sœur Calvina. Comment un homme qui commettait un tel acte sacrilège pouvait-il être fiancé à la fille de l’empereur alors que les dieux punissaient l’inceste en déchaînant sur la ville et le pays leur colère sous forme d’épidémies, d’inondations, d’incendies et de vents extrêmes ?
    Junius Silanus n’était plus qu’un homme qu’on étrangle. Il tenta de rejeter ces accusations, d’en appeler aux témoignages de ceux qui le côtoyaient depuis l’enfance. Mais chacun savait qui tirait le lacet qui serrait sa gorge.
    Personne n’osa affronter Agrippine, la future épouse de l’empereur, celle dont le fils serait bientôt fiancé à Octavie en lieu et place du malheureux que l’on bannissait de Rome sous les malédictions.
    La foule, au contraire, se pressait sur le forum pour acclamer Claude qui venait de recevoir du Sénat l’ordre d’épouser Agrippine, puisque le décret rendant possible l’union d’un oncle et d’une nièce venait d’être voté. Et les sénateurs avaient exigé que Claude se pliât à leurs vœux.
    Je n’ai pas ri à cette farce qu’Agrippine, Pallas et Vitellius avaient mise en scène.
    Mais ce n’était encore que le premier acte.
    Lorsque Agrippine s’est avancée vers l’autel, les suivants étaient déjà écrits. Pour l’heure, elle

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