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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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de
courage…
    Helena avait interrompu Merani, présenté le major Delvail,
un officier blond, légèrement voûté, qui portait une blouse blanche flottant
sur son uniforme.
    — Le major Delvail, disait Helena, excusez-moi Docteur
le major voulait…
    Il serrait la main de Karenberg, la secouant et Karenberg,
souriant, laissait son bras aller, parce que Delvail rougissait comme un jeune
homme qu’on présente au père de sa fiancée. Il avait une trentaine d’années et
selon Peggy était l’amant d’Helena, rêvant de l’épouser sitôt la guerre finie.
    « Une passion » expliquait Peggy, « je n’ai
jamais vu Helena comme cela, elle est… Peux-tu comprendre ? Une femme,
continuait Peggy, surtout Helena, a besoin d’aimer. Gustav, elle l’a épousé si
vite, trop vite. Avec Nathalie, elle n’a pas su, pourquoi ? Ce major, tu
le rencontreras, c’est un peu comme son fils, il te ressemble aussi, elle a
besoin de donner, de se dévouer, et Gustav… ».
    Delvail se tenait devant Karenberg, regardant Helena,
Merani, incertain sur ce qu’il fallait dire ou faire et Karenberg cessa de sourire.
Trop jeune, trop frêle Delvail pour la force d’Helena.
    Karenberg observa sa sœur, cependant que Merani interrogeait
avec une bienveillance ironique le major. Helena avait coupé ses cheveux, ce
qui la rajeunissait, mais à bien la regarder, Karenberg découvrait la
boursouflure du visage. La peau quand elle ne levait pas la tête, formait des
rides sous le cou. De temps à autre, Helena portait la main gauche à sa gorge,
comme si elle eût voulu les masquer ou bien en caressant son cou, les faire
disparaître. À moins, parce que le visage devenait rouge, que ce ne fût le
retour de ces étouffements, la gorge prise, l’envie de vomir.
    — Charmant ce petit major, dit Merani après qu’Helena
et Delvail se furent éloignés.
    Il se retourna et Karenberg suivant son regard, vit sa sœur
très cambrée, entrer dans le salon, le major voûté, s’effaçant pour la laisser
passer. Karenberg, un instant oublia la présence de Merani, il imagina,
Nathalie courant derrière sa mère. Pourquoi Helena avait-elle refusé de donner
cette force qu’elle avait à sa fille ? Gustav aussi était responsable, ou
la guerre ou…
    — Vous ne m’écoutez pas, dit Merani !
    Karenberg s’excusa, Merani riait, ils étaient sur le perron
de l’hôtel Impérial, face à la Baie.
    — Je disais que la guerre, parfois, commença Merani.
    Mais il s’interrompit, découvrant le visage tendu de Karenberg.
    — Eh bien, la guerre…
    — Mon cher…
    Il tenta de saisir le bras de Karenberg mais celui-ci
s’écarta et, loin l’un de l’autre, ils descendirent les escaliers de l’hôtel,
traversant en silence la chaussée, commençant à marcher sur le trottoir de la
Promenade, au bord de la mer, Merani reprenant :
    — Mon cher, vous et moi, nous sommes en désaccord sur
la guerre et sûrement à propos de bien d’autres choses, mais pourquoi s’emporter ?
Regardez !
    Ils avançaient vers les jardins et l’embouchure du Paillon,
le soleil couchant se décomposant en facettes roses sur les vitres des villas
basses du quai des Ponchettes et des immeubles adossés à la colline du château.
    — Ce pays, Karenberg, je vous assure chaque jour la
lumière est différente, je ne pourrais pas vivre ailleurs.
    — Et mourir ?
    Merani s’immobilisa.
    — Voilà bien le russe, dit-il en riant, vous êtes comme
les Italiens, le grand air de l’opéra n’est-ce pas ? Eh bien, oui la mort,
si vous étiez médecin, vous sauriez que c’est le phénomène le plus banal, le
plus…
    — Combien de morts depuis août 1914, Merani, combien,
dites-moi un nombre !
    Merani se remit à marcher.
    — Vous voyez, vous vous emportez, comme si j’étais…
    — Je ne m’emporte pas, dit Karenberg, je vous accuse.
    Merani s’exclama. Son visage le plus souvent souriant
s’était figé. Les yeux, comment Karenberg n’avait-il pas vu ces yeux, petites
boules grisâtres, sans expression.
    — J’aurai dû m’en douter, vous êtes un fanatique,
Karenberg.
    Karenberg voulut s’éloigner mais Merani se plaça devant lui,
agressif :
    — M’accuser, mais de quel droit ? Un peu de
modestie, mon cher, ce sol…
    Merani tapa du pied à plusieurs reprises, nerveusement.
    — Nous vous avons accepté ici, vous êtes français, vous
avez des devoirs. La Russie vous est ouverte, j’imagine ? Vos amis…
    — Vous faites

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