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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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la guerre avec des mots, dit Karenberg,
c’est facile.
    — Je ne vous permets pas !
    Merani s’avança jusqu’à toucher Karenberg qui eut un geste
pour montrer l’hôtel Impérial.
    — Ils donnent autre chose ! dit-il.
    Il se détourna et commença à marcher dans la direction
opposée, à grands pas, les mains derrière le dos, recevant en plein visage
l’éclat rouge du crépuscule dont on dit qu’il signifie la guerre et le sang.
    Il retrouva l’hôtel Impérial à la nuit tombée. Les notes
d’un piano, une voix de femme et à une fenêtre la silhouette d’un fumeur, peut-être
cet officier au cercle blanc autour des yeux.
    Il traversa, grimpa les marches, Helena était assise à la
réception, la tête comme ployée. Elle devina sa présence, son visage levé se
transformant, il dit seulement :
    — Je repassais… je… ça va ?
    — Bien sûr, dit-elle en venant vers lui, qu’est-ce
qu’il y a ?
    Il dit quelques mots, parla de Merani, la quitta vite.
Comment lui dire cette phrase dont il ne réussissait pas à se défaire, chacun
de ses pas la martelant : « Helena, j’ai peur que tu meures, Helena
tu vas mourir. » Cette route qu’elle avait prise, refusant Nathalie, ces
blessés autour d’elle, le choix de la mort au lieu de la vie, le jeu d’abord,
puis cette passion pour le major. L’impossible, toujours. Il vient un moment où
après avoir posé sur le tapis toutes les plaques puis les bijoux, c’est
soi-même que l’on joue.
    Karenberg avait marché jusqu’au port, il prit à gauche vers
le château, l’avenue Emmanuel-Philibert, retrouva Sauvan à la Bourse du
travail, s’assit en face de lui, feuilletant les brochures que Sauvan lui
tendait.
    — Ça repart, disait Sauvan, regarde ce que me passe
Piget.
    Le directeur de l’école de la rue Saint-François-de-Paule,
recevait d’un couple d’instituteurs, les Mayoux, des tracts Pour la reprise
des relations internationales. Des syndicalistes de Bourges écrivaient à
Sauvan que dans les usines d’armement, les ouvriers griffonnaient sur les murs :
« À bas la guerre », se rassemblaient dans les cours et malgré les
gendarmes, les exhortations des contremaîtres, criaient : « Vive
l’internationale ouvrière, vive la révolution russe. »
    — Ça repart, Karenberg, répétait Sauvan.
    Il proposait de créer un Comité de soutien aux ouvriers et
aux paysans de Russie.
    — Tu pourrais le présider, disait-il.
    Puis il s’interrompait, regardait longuement Karenberg.
    — Qu’est-ce qui ne va pas ?
    — D’accord, dit Karenberg en se levant, d’accord pour
le comité.
    Tous ceux qu’il avait rencontrés dans la librairie de la rue
des Carmes, ceux de Zimmerwald, avaient rejoint le pays des forêts et des
fleuves. Les paysans de Semitchasky, mobilisés, avaient jeté leur fusil dans
les fossés, pris d’assaut les gares, et s’entassant dans les wagons, ils
avaient roulé vers l’est, vers Semitchasky. Peut-être avaient-ils forcé les
portes du château, brisé les vitres, et maintenant ils traînaient dans les
salons leurs bonnets de fourrures enfoncés jusqu’aux oreilles, les longues
capotes salies par le voyage battant leurs bottes de cuir.
    — Tant mieux, dit Sauvan.
    Il se leva, prit Karenberg par l’épaule, l’accompagna,
descendant avec lui l’escalier.
    — On a tous nos problèmes, murmura-t-il.
    Ils restèrent un moment sur la chaussée, côte à côte, Sauvan
allumant une cigarette, s’adossant à un platane. Le haut du mur de soutènement
qui entourait la colline du château dressait devant eux une barre noire comme
celle d’une falaise.
    — Clément, dit Sauvan, tu l’as peut-être rencontré, un
électricien, lundi sa femme a reçu l’avis.
    Karenberg prit à son tour une cigarette. Il ne se souvenait
pas de Clément. Mais cet officier de chasseurs, aveugle.
    — J’ai vu Merani, dit-il, il m’a invité à rentrer en
Russie, on m’expulsera peut-être.
    — Ce doit être beau de gagner, dit Sauvan à mi-voix.
    — Ce comité, demanda Karenberg, quand ?
    — Quand tu veux.
    Ils se saluèrent d’un geste de la main, Sauvan écrasant sa
cigarette contre le platane, mettant le mégot au-dessus de l’oreille. Karenberg
s’éloignait, retrouvant cette phrase « Helena, tu vas mourir ».
    Quand il rentra Jean était déjà couché, Peggy lisait,
montrant le jeu d’échecs, disant « il t’attendait », elle avait posé
le livre ouvert sur le bras du

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