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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Quand on la pousse sur le
lit et qu’on lui balance une trempe. Tu. Merde. Flic de merde. Doriot, l’ancien
chef communiste qui venait de fonder le Parti populaire français, un visage à
la Mussolini, une voix gueularde.
    — Doriot ? répond Luigi. Oui, je l’ai vu. Ça s’est
fait comme ça. Mais Doriot, moi…
    Charles Merani avait téléphoné à Luigi. « Il nous faut
des types costauds, pour le service d’ordre. Vous avez ça ? Ce n’est pas
difficile pour vous. »
    Zézé avait rassemblé une vingtaine de gars, toujours les
mêmes, qui vivaient dans l’attente du bon coup qui les sortirait de la merde.
On les trouvait au Castèu, jouant aux cartes, place Arson, sur les terrains
de boules, gardes du corps, expulsant les contradicteurs des réunions
électorales, indics, un peu maquereaux, trafiquants. Les plus jeunes tentaient
leur chance aux thés dansants du Palais de la Méditerranée, si jamais une
rombière, une de ces Anglaises bourrées de sucre et de rentes que ça démangeait
encore, voulait. Ils revenaient alors avec une chevalière, une épingle de
cravate ou une montre. Ils offraient la tournée de pastis. « Je me suis
farci une Anglaise. »
    Ils s’étaient massés à l’entrée du Palais des Fêtes, pas
trop rassurés parce que la foule des contre-manifestants communistes cernait le
bâtiment, chantant l’internationale, criant : Doriot fasciste, à
mort Doriot.
    La France avec nous, clamait Doriot, à la tribune. Le
Parti populaire français inquiète les conservateurs sociaux et les communistes,
ces deux frères siamois.
    À la fin de la réunion, Charles Merani avait invité à une
réception intime les personnalités du département hostiles au gouvernement de
Front populaire. Luigi Revelli avait retrouvé la maison Merani, les escaliers
ornés de grands miroirs où se reflétait, fugitive, l’image de sa jeunesse quand
il habitait là, au-dessus des hangars, avec Lisa et Vincente, puis Dante était
né.
    Luigi avait placé deux ou trois hommes dans la cour, là où
il aimait s’asseoir, jouant aux osselets, les jambes écartées, le dos appuyé au
mur encore chaud.
    — Vous êtes sûr du service d’ordre ? répétait
Charles Merani. Parce que s’il arrivait quelque chose ici… Je vous fais
confiance.
    Luigi rentrait avec lui au salon. Les meubles avaient été
changés depuis la mort du vieux Merani. Noyer verni et lampadaires d’acier.
Devant le buffet, Doriot mangeait avidement, parlait la bouche pleine. « Le
Parti populaire français, c’est un jeune géant », disait-il.
    Il regardait les uns et les autres, buvait, portait la main
à ses lunettes comme pour s’assurer avant un saut, puis, haussant la voix,
martelait : « Nous avons fait cent mille adhérents en six mois. »
Il brandissait le poing, l’expression du visage à la fois énergique et veule,
comme la parodie de ce qui aurait pu être la force. Joseph Darnand, les mains
dans les poches, le torse serré dans un veston croisé, les rubans de
décorations dessinent un arc de couleur à la boutonnière, observait Doriot,
puis, ostensiblement, se tournait vers la rue.
    — Et si nous avons gagné, continuait Doriot, c’est que
nous ne sommes pas des conservateurs. Nous ne sommes pas la droite traditionnelle.
Nous sommes autre chose, comme l’a été le fascisme ou l’hitlérisme en Italie et
en Allemagne. Mais d’abord nous sommes français. Nous n’imitons personne.
    Charles Merani s’approchait de Darnand, l’obligeait, d’une
pression de la main sur l’épaule, à faire face à Doriot.
    — Ce qu’il faut, disait Merani, c’est l’unité des
énergies nationales face à l’anarchie et au désordre que fait naître le Front
populaire. En Espagne, Franco a su…
    Luigi écartait les rideaux, apercevait les gars du service
d’ordre qui s’étaient adossés à la façade de la maison Merani. Il regardait
cette rue Saint-François-de-Paule où il avait couru. « Porte-moi ça, petit
voyou », disait le Dr Merani.
    Un silence, puis un brouhaha. Ritzen et son plus jeune fils,
le Dr Jules Ritzen, chirurgien des hôpitaux, entraient dans le salon, Merani
allant vers eux les mains ouvertes.
    On avait seulement changé les meubles. Les mêmes hommes
tenaient le jeu. Charles Merani, battu aux dernières élections, succéderait un
jour à son père. Avenir inscrit dans les murs. Ritzen était devenu député. Et
l’on parlait aussi du fils pour assurer la succession.
    Bravo,

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