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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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coup :
    — Comment voulez-vous avoir la tête à peindre ? Ou
alors comme Pablo, Guernica. Mais il n’y a qu’un Pablo.
    Il embrasse Violette.
    — Mais comment ne pas travailler ? Autant crever.
     
    La guerre aux portes.
    Carlo Revelli en parlait avec calme à Alexandre dans les
ruelles de Saint-Paul, recherchant celles qui, orientées vers le sud,
aspiraient le soleil bas jusqu’aux pavés inégaux.
    — Hollenstein est juif. Si demain il y a la guerre,
disait Carlo, est-ce qu’on sait ?
    À Rome, les députés fascistes, debout, hurlent, le bras levé : Nizza, Nizza nostra, Corsica, Savoia, et l’ambassadeur de France
s’éloigne, pâle. Jean Médecin, le maire de Nice, proclamait : Nice doit
tout à la France, Nice attend tout de la France, Nice donne tout à la France.
Ce pays est français, il n’a d’autre idéal que la France.
    — Il peut parler dans les banquets, le maire,
continuait Carlo. Si les autres sont les plus forts… La politique, c’est comme
les affaires. Celui qui a le plus de ça – il fit le geste de froisser les
billets – l’autre, il baisse le pantalon. À la guerre, ça, c’est les
armes. Alors, si on est les moins forts…
    Alexandre se mit à rire.
    — La force des Italiens, pas très bons soldats, nos
ancêtres. En Espagne, ils ont couru, vite.
    — Il y a, dit Carlo, I Tedeschi.
    Il fit une grimace en employant le mot italien.
    — Les Allemands. En 14, ils ont presque gagné.
    Un mouvement de la tête pour signifier qu’il avait décidé,
puis accélérant le pas :
    — Hollenstein est juif, répéta Carlo. S’il y a la
guerre, on cherchera des coupables. Avant, dans ma jeunesse, c’était nous, les
Italiens, moi, quand ils ont tué le président Carnot…
    Il lâche le bras d’Alexandre :
    — Je t’ai raconté tout ça, un jour, justement quand ils
ont tué Sacco et Vanzetti. Maintenant, c’est les juifs, et pour Nathalie, pour
Yves, pour toi, si j’achète, c’est mieux.
    Il pose la main sur l’épaule de son fils. Ils débouchent sur
la place. Nathalie, cachée derrière un platane, appelle Yves, qui court, tente
de la découvrir, puis se met à pleurer. Carlo va vers lui, se penche, le soulève :
    — Ce sera mieux, dit-il, si c’est à nous, à Yves.
    Il cligne de l’œil à Alexandre :
    — Lui, c’est un vrai Français. Toi déjà, aussi. Mais
Yves, tout à fait.
    — Comment va Yves ? demanda Gustav Hollenstein, en
servant le café sur la terrasse de l’Hôtel Impérial. Si nous nous mettons d’accord,
c’est à lui qu’il faut penser.
    Nathalie prit la cafetière des mains de son père, se leva,
continuant à servir.
    — Je n’aime pas vos discussions, dit-elle. On a
l’impression que vous ne pensez qu’au pire. Vous vous préparez au pire.
    Elle posa la cafetière, caressa le visage d’Alexandre,
restant debout :
    — Vous faites naître le pire en le prévoyant.
    Elle alla vers le bord de la terrasse. J’étais gaie et la
tristesse me gagne, j’ai peur pour Yves, pour Alexandre, j’ai peur. J’écoute en
moi, la nuit, la vibration plaintive d’un violoncelle. Je sais que vous avez
raison. Cette photo trouvée l’autre jour, comme un signe, ma mère, ses yeux
fixes, presque hagards. Ils se posaient encore sur moi, et pourtant je me
souviens si peu d’elle. Mais toujours, quand ma mémoire la retrouve ou que je
l’imagine, elle pleure, ou bien elle me serre à m’étouffer, et ce chant, la
nuit, sa voix, il me semble.
    — Je voulais te demander, dit tout à coup Nathalie,
interrogeant son père.
    Ils se tournèrent vers elle. Elle repoussait de son front
une mèche et Alexandre aima ce geste. Il eut envie de la rejoindre, mais les
pères étaient assis entre eux et il ne se leva pas.
    — Maman, reprit Nathalie, tu ne m’as jamais dit comment
elle était morte.
    Gustav Hollenstein fut seulement capable de secouer la tête.
    — Elle s’est suicidée, n’est-ce pas ?
    Il fit oui.
    Nathalie regarda l’horizon. Il suffisait de dire le pire. Et
il était là.
44
    Si jamais il doit…
    Louise Revelli n’osait aller au delà. Elle se mouchait,
essuyait ses yeux, s’appuyait à la table, elle entendait sonner midi à l’église
du port. Machinalement, elle mettait l’eau à bouillir, commençait à couper le
pain, versait lentement le riz et, tout à coup, elle posait le paquet, allait
s’asseoir, enfouissait son visage entre ses bras. Si jamais il doit…
    Trop pour une vie, trop pour

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