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Nice

Nice

Titel: Nice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Carlo, je n’étais qu’un terrassier.
Votre femme, c’était la baronne Karenberg. Vous n’imaginez pas…
    Carlo s’interrompit. Gustav Hollenstein le regardait,
dodelinant de la tête. Son sourire, peu à peu, devenait un rire que partageait
bientôt Carlo.
    — Si, disait Gustav, j’imagine, j’imagine très bien.
    Alexandre Revelli et Nathalie les surprenaient ainsi, coude
contre coude, face à la mer, le rire secouant leurs épaules. Carlo se retournait
le premier et le rire s’estompait. Alexandre avait saisi pourtant, sur le
visage de son père, ce reflet de la jeunesse, perçu quelquefois, et qui le
bouleversait. Nathalie s’approchait de son père, s’immobilisait. Elle ne
reconnaissait pas cette expression de surprise douloureuse qui creusait les
traits de Gustav Hollenstein, figeant le rire en grimace.
    — Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-elle. Vous aviez
l’air si gais tous les deux. Nous vous dérangeons ?
    Gustav prit les mains de sa fille, nia d’un mouvement de
tête. Ses traits devenaient lisses.
    — Vous nous avez surpris, dit-il, surpris. Nous étions
ailleurs, avant.
    Il fit un geste de la main, pour marquer l’imprécision, la
distance.
    — Avant, avant votre naissance.
    Ils s’assirent tous les quatre autour de la table, sous la
verrière.
    — Vous êtes arrivés à un accord ? demanda
Alexandre.
    Il regardait Gustav Hollenstein. Longtemps il n’avait pas
compris l’obstination que mettait son père à vouloir acheter l’Hôtel Impérial
ou le Grand Hôtel des Iles, qui, de toute façon, un jour, s’il y avait un
héritage, et il y aurait un héritage, reviendraient à Nathalie, et donc à Yves,
puisque, disait Carlo : « Ce n’est pas pour vous que je veux acheter,
c’est pour lui. » Chaque fois qu’Alexandre interrogeait son père il
n’obtenait pas de réponse précise.
    — Je sens comme ça, bougonnait Carlo.
    Puis, il y a quelques jours, alors qu’ils étaient assis sur
la place de Saint-Paul, au pied des remparts, Yves, jouant sur le terrain de
boules, Nathalie lisant au soleil, redressant la tête :
    — Vous ne voulez pas que cela nous vienne par mon père,
disait-elle en riant. Vous êtes un dictateur.
    Carlo se levait, s’approchait de son petit-fils, le prenait
dans ses bras :
    — Je ferai une donation à celui-là, l’Hôtel Impérial et
l’Hôtel des Iles, pour lui, lui.
    Il embrassait la main d’Yves, le déposait sur le sol
sableux, revenait vers Alexandre :
    — Quand on est vieux, disait-il, on devine. On ne
réussit jamais à prendre un vieux renard au collet, il sent.
    Il avait fait un signe de tête à Alexandre, et ils avaient
marché tous les deux vers le village, lentement, s’enfonçant dans l’ombre des
ruelles à peine tiédie par le soleil fugace de janvier.
    — Je veux acheter, disait Carlo.
    Il prenait le bras de son fils, gardait d’abord la tête
baissée.
    — C’est vrai, j’aime acheter. J’aime que ça soit à moi.
À moi. – Il levait la tête vers la tranchée de ciel limpide ouverte entre
les toitures – J’aime pas qu’on me donne, continuait-il. Tu vois, j’ai
toujours aimé prendre, je te raconterai. Mais y a autre chose, cette guerre…
    Elle était aux portes. Alexandre avait été mobilisé quelques
semaines, envoyé sur la frontière italienne. Puis retour, défilé sur l’avenue
de la Victoire, la fanfare des chasseurs alpins entraînant les troupes à son
pas rapide, les drapeaux aux fenêtres, la paix qui allait durer encore,
puisque, à Munich, on s’était entendus.
    Alexandre avait retrouvé son atelier d’architecte, Nathalie,
qui s’emportait contre Sam Lasky :
    — Vous pouvez jouer au grand politique, vous,
disait-elle d’une voix aiguë.
    — Je ne joue à rien, répondait Sam.
    Il était assis près de Violette qui avait pris Yves sur ses
genoux, ouvrait son bracelet, le plaçait autour du bras de l’enfant qui riait.
    — Je dis simplement que ce sera pire dans six mois,
continuait Sam, ou dans un an, et qu’il faudra finalement se battre.
    Il frappait son poing dans sa paume gauche :
    — Se battre, parce qu’ils sont enragés, Nathalie. Ce
sont des fous. Lisez Mein Kampf, lisez-le.
    Nathalie haussait les épaules.
    — Je ne veux savoir qu’une seule chose, Alexandre est
ici. – Elle s’approchait d’Yves qui tendait les bras – Il y a une
semaine, il était dans un fort, voilà, c’est tout.
    — C’est curieux, commençait Sam, même ceux

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