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Noir Tango

Noir Tango

Titel: Noir Tango Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Régine Deforges
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Victoria
Ocampo. Il paraît qu’à « l’Ambassador » on passe un film avec
Humphrey Bogart et Ingrid Bergman, ensuite je dîne avec elle, sa sœur Silvina
et son beau-frère. Et toi ?
    — Je reste chez moi, j’attends des
nouvelles de François et Samuel doit passer me voir. Si tu as besoin de me
joindre… Je ne bouge pas.
    Elles s’embrassèrent. Soudain Léa demanda :
    — Comment vas-tu ?
    C’était si inattendu que Sarah se troubla.
    — Que veux-tu dire ?
    — Rien.
    — Mais encore ?
    — On ne dirait pas que Daniel est mort…
Aïe ! tu me fais mal !
    Sarah avait saisit le bras de son amie et le
serrait d’une poigne de fer.
    — Que veux-tu dire par là ?
    — Lâche-moi ! tu es folle.
    — Plus que tu ne le crois, dit-elle en
la relâchant. Mais pour Daniel, ne te méprends pas. Cela a l’air comme avant, penses-tu,
mais sache que, lui et moi, nous sommes restés là-bas et même si nous avons l’air
vivant, si nous avons encore des émotions, elles ne sont qu’un reste de mémoire
de ce qui était… avant. Nous sommes des morts vivants. Alors, mort ou pas mort,
qu’est-ce que ça change ?… Peux-tu me le dire, toi qui crois être bien
vivante ?
    Des hommes passaient, regardant ces deux
belles jeunes femmes qui devaient discuter chiffon avec ces mines sérieuses. Car,
c’est bien connu, il y a que les futilités qui soient sérieuses pour les femmes.
    Léa demanda sa
clef, la concierge la lui remit avec un message qu’elle lut sur-le-champ. Il
était d’Ernesto.
    « Ma chère Léa, je ne pourrai pas te
voir aujourd’hui, mes parents sont arrivés de Cordoba. Je pense à toi
tendrement. » « Dommage, je l’aime bien ce garçon », pensa-t-elle
en prenant l’ascenseur.
    Dans sa chambre, deux bouquets étaient
disposés dans des vases, l’un était somptueux, l’autre simple et élégant. Tous
les deux venaient du fleuriste en bas de l’hôtel. Le premier était de Rik
Vanderveen, le second d’Ernesto.
    La soirée passée
avec Victoria Ocampo s’était terminée fort tard. Léa avait mal dormi, les
fleurs du bouquet de Vanderveen lui avaient donné mal à la tête, François n’avait
pas appelé, Carmen non plus. Elle ne pouvait s’empêcher d’être inquiète pour sa
nouvelle amie : « J’ai peur qu’il lui arrive quelque chose », pensait-elle.
Levée de mauvaise humeur, avec la migraine, elle décida de se rendre en fin de
journée chez le docteur Ricardo Lopez. Quand elle arriva rue
San-Martin-de-Tours, elle éprouva un sentiment de malaise ; il y avait
beaucoup d’allées et venues dans l’immeuble. Elle se souvint d’avoir éprouvé la
même sensation avenue Henri-Martin, à Paris, devant la porte de l’appartement
du tortionnaire Massuy, des griffes de qui elle avait arraché Sarah. Elle
hésitait à monter, quand Uri entra dans le hall.
    — Ne restez pas là, venez.
    Chez le médecin, plusieurs personnes s’activaient :
parmi elles, Samuel, les cheveux en bataille, et Amos.
    — Avez-vous des nouvelles de Tavernier ?
demanda-t-il.
    — Non. Il est arrivé quelque chose ?
    — Carmen a disparu.
    — Disparu ?
    — Oui, hier soir vers minuit, elle a
lié connaissance avec le policier en civil en faction dans le café. Elle a
téléphoné ici pour faire son rapport. Depuis, plus rien.
    — Elle a pu dormir chez une amie ?
    — Non, elle nous aurait prévenus d’autant
qu’elle devait retourner au café cet après-midi. Personne ne l’y a vue.
    — Le policier y était ?
    — Oui, il semblait nerveux.
    — A-t-on appelé les radios ?
    — Oui, là non plus, on ne l’avait pas vue.
    — Que puis-je faire ?
    — Pour l’instant, rien, nos camarades
argentins s’en occupent.
    — Sarah a-t-elle était prévenue ?
    — Oui, elle avait un déjeuner à l’ambassade
de France qu’elle ne pouvait remettre. Elle ne devrait pas tarder, un des
nôtres l’attend. C’est inutile que vous restiez ici. Je vous fais raccompagner
au « Plaza ». Évitez de sortir jusqu’à nouvel ordre.
    Accablée, Léa se laissa reconduire. Elle
éprouvait la même impression d’insécurité que pendant la guerre mais là, dans
ce pays étranger dont elle ne parlait pas la langue, elle ne savait que faire. Où
pouvait être Carmen ? Peut-être trouverait-elle un message à l’hôtel ?
C’est avec un faible espoir qu’elle s’adressa au concierge.
    — Non, mademoiselle, il n’y a aucun
message pour

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