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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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décrire vos
propos à présent ?... vous avez parlé de Helstone avec sarcasme, comme d’un
quelconque village de conte de fées.
    — Jamais je ne recommencerai, dit-il sur un ton pénétré.
Ils tournèrent à l’angle de la terrasse.
    — Margaret, si j’osais...
    Il s’interrompit et hésita. Pour un avocat à la parole facile,
il lui était si inhabituel d’hésiter que Margaret leva les yeux et le regarda, passablement
étonnée et intriguée ; mais aussitôt, percevant chez lui une émotion qu’elle
ne pouvait définir au juste, elle souhaita être auprès de sa mère, de son père,
en un mot, ailleurs, car elle avait la certitude qu’il s’apprêtait à dire une chose
à laquelle elle ne saurait que répondre. L’instant d’après, sa solide fierté naturelle
lui permit de dominer son agitation subite, dont elle espérait qu’il ne l’avait
pas remarquée. Bien sûr qu’elle était capable de répondre et de trouver la réplique
appropriée ; de plus, c’était chez elle une réaction mesquine et méprisable
que de redouter quelque discours que ce fût, comme si elle n’avait pas le pouvoir
d’y mettre un terme du haut de sa dignité virginale et féminine.
    — Margaret, reprit-il et, la prenant au dépourvu, il s’empara
soudain de sa main, si bien qu’elle fut forcée de s’immobiliser et d’écouter, fâchée
de sentir son cœur palpiter tout ce temps. Margaret, j’aimerais vous voir moins
attachée à Helstone, moins sereine et heureuse ici. Ces trois derniers mois, j’ai
espéré que vous regretteriez un peu Londres, et vos amis de Londres, assez même
pour vous convaincre d’écouter avec plus d’indulgence – car elle s’efforçait doucement,
mais fermement, de dégager sa main de l’étreinte de Mr Lennox – un homme qui
n’a pas grand-chose à offrir, il est vrai, hormis ses perspectives d’avenir, mais
qui vous aime, Margaret, presque malgré lui. Margaret, vous ai-je un peu trop surprise ?
Parlez !
    Il voyait en effet ses lèvres trembler, elle semblait près de
fondre en larmes. Au prix d’un gros effort, elle recouvra son calme, et ne répondit
que lorsqu’elle eut réussi à maîtriser sa voix. Alors elle dit :
    — Oui, vous m’avez surprise. Je ne soupçonnais pas que vous
aviez pour moi de tels sentiments. J’ai toujours pensé à vous comme à un ami ;
et je vous en prie, je préférerais qu’il continue à en être ainsi. Je n’aime pas
que l’on me parle comme vous venez de le faire. Je ne puis vous répondre ce que
vous aimeriez m’entendre dire, et pourtant, je serais désolée de vous fâcher.
    — Margaret, répéta-t-il en en scrutant ses yeux.
    Elle lui rendit son regard avec une candeur qui traduisait sa
totale bonne foi et la répugnance qu’elle éprouvait à blesser.
    — Est-ce que...
    Il allait dire : « Vous en aimez un autre ? ».
Mais il lui apparut qu’une telle question serait une insulte à la sérénité si pure
de ces yeux-là.
    — Pardonnez-moi. Je me suis montré trop brutal. Je suis
puni. Permettez-moi seulement d’espérer. Accordez-moi la piètre consolation de me
dire que jamais encore vous n’avez vu personne qui fût susceptible de...
    Une fois encore, il marqua une pause. Il était incapable de terminer
sa phrase. Margaret s’en voulut amèrement d’être la cause de sa détresse.
    — Ah, si seulement vous ne vous étiez jamais mis pareille
folie en tête ! C’était un tel plaisir de songer à vous comme à un ami.
    — Mais je peux espérer, n’est-ce pas, Margaret, qu’un jour
vous penserez à moi comme à un soupirant ? Pas encore, je le vois bien, rien
ne presse, mais un jour...
    Elle garda le silence une ou deux minutes, essayant de scruter
son cœur et de découvrir la vérité qu’il abritait avant de répondre.
    — Je n’avais jamais pensé à... vous autrement que comme
à un ami, reprit-elle. J’ai plaisir à penser à vous ainsi ; et je suis sûre
que je ne penserai jamais à vous autrement. Je vous en prie, oublions toute cette...
(elle allait utiliser le mot « désagréable », mais se reprit) ... conversation.
    Il hésita avant de répondre. Puis, reprenant son habituel ton
détaché, il déclara :
    — Naturellement, puisque vos sentiments sont si tranchés
et que cette conversation vous a été si manifestement déplaisante, mieux vaut ne
pas se la rappeler. C’est très facile en théorie, ce projet d’oublier ce qui a été
pénible, mais il sera assez

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