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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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seconde où s’écroulait
l’échafaudage de sa vengeance, il s’aperçut que c’était la joie qui
le faisait, trembler.
    Marie ne l’avait pas trahi !…
    Il oublia que Marie était morte, il oublia que
Le Royal de Beaurevers allait mourir. Haletant, d’une voix
rauque :
    – Elle vous a résisté ?…
    – J’étouffe ! bégaya Henri. C’est la
fin… Je meurs…
    – Un mot ! rugit Nostradamus. Un
seul mot !…
    Henri étendit la main vers un crucifix, et, le
visage transfiguré par l’approche de la mort :
    – Sur Dieu devant qui je vais paraître,
je jure que je dis la vérité : Marie de Croixmart mourut sans
tache. Elle n’a cédé ni à moi ni à mon frère. Adieu… Époux de
Marie, l’enfant de Marie n’est pas mon fils… Ah !… je…
    Le roi se renversa, sur le lit. Ses traits
s’immobilisèrent à jamais… Hagard, Nostradamus rugissait en
lui-même :
    – Oh !… mais… si Le Royal de
Beaurevers n’est pas son fils… cet enfant que j’ai conduit à
l’échafaud… c’est donc…
    Il n’osa pas ! Non ! Il n’osa pas
achever !… Mais quelqu’un, à ce moment, acheva pour
lui !… Et ce quelqu’un, c’était Djinno… Le petit vieux
s’avança, le toucha à l’épaule et dit :
    – Cette pensée qui mille fois s’est
présentée à ton esprit, c’était la vraie !… Le Royal de
Beaurevers est ton fils.

VI – DEVANT LA TOMBE
    Comment Nostradamus se retrouva-t-il en son
hôtel. Il ne le sut pas. Il avait vaguement conscience d’être tombé
assommé, dans la chambre royale. Presque aussitôt, sous l’influence
de quelque révulsif que lui administra Djinno, il était revenu à
lui. Le petit vieux l’avait entraîné. Confusément, Nostradamus se
souvenait que la chambre du roi avait été envahie par une foule, et
qu’une voix avait dit : Le roi est mort !… Il avait
entendu alors un grand cri de : Vive le roi ! Et il
s’était retrouvé dans son hôtel.
    Il était seul. Il voulait courir à la
recherche de Djinno. Et il ne pouvait faire un pas. Enfin, il put
hurler : Djinno !… Le vieillard apparut. Nostradamus
voulut s’élancer pour l’interroger. Mais Djinno étendit la main et
Nostradamus demeura cloué sur place. En même temps, il s’aperçut
que l’aspect de Djinno s’était étrangement modifié. La taille du
petit vieux semblait s’être développée. La flamme narquoise de ses
yeux avait fait place à un regard où il n’y avait aucun sentiment
humain. Alors il sembla à Nostradamus qu’il avait déjà vu cette
figure.
    – Qui êtes-vous ? fit-il tout
haletant. Où vous ai-je vu ?
    Djinno parla. Sa voix était d’une grande
pureté.
    – Tu m’as vu, dit-il, il y a vingt-trois
ans dans les souterrains de la grande Pyramide. Je suis l’un des
mages gardiens de l’Énigme. L’un de ceux qui ont essayé de
t’enseigner la sagesse.
    – Maître ! Maître ! bégaya
Nostradamus éperdu.
    Lourdement il tomba à genoux. Djinno
continua :
    – Tu nous cachais tes projets de
vengeance. Lorsque nous t’eûmes donné une partie de cette puissance
réelle dont tu étais digne, nous t’avons renvoyé sur la terre pour
savoir si tu triompherais de tes pauvres sentiments humains…
    – Maître ! Maître ! sanglota
Nostradamus.
    – Alors, t’ayant mis en contact avec ton
fils, nous t’avons défendu de savoir que c’était ton fils… Je t’ai
suivi depuis ta sortie de la Pyramide. Je t’ai aidé. J’ai espéré
que tu saurais t’élever au-dessus des misérables sentiments qui
s’agitaient dans ton cœur. Alors, tu eusses pardonné ! Alors,
je t’eusse reconduit auprès de tes paisibles maîtres et tu fusses
devenu notre égal. Nostradamus, tu es resté homme par la vengeance.
Nous t’avons laissé faire. Nous t’avons caché soigneusement la
destinée de tous ceux qui te sont chers, et, avant tout, celle de
ton fils…
    – Sauvez-le ! oh !
sauvez-le ! râla Nostradamus.
    – Par tes douleurs comme par tes colères,
tu es toujours un homme… Tes douleurs sont néant. Tes vengeances
étaient néant ! Adieu…
    Il sembla à Nostradamus que Djinno
s’évanouissait… Il tendit les bras vers cette apparition de plus en
plus fluide :
    – Puisque vous m’avez mis un bandeau sur
les yeux, cria-t-il, laissez-moi au moins une parole d’espoir ou de
pitié…
    Nostradamus entendit en lui des paroles
lointaines :
    – Poussière d’humanité… siècles et
millénaires, poussière de temps…

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