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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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et
balbutia :
    – Si je jetais ici en passant un flot de
joie pure ? Est-ce que cela ne
conjurerait
pas la
Douleur ? Essayons !…
    Il demanda à l’aubergiste :
    – Cette jeune fille est paralytique,
n’est-ce pas ?
    – Oui, répondit l’aubergiste. Monseigneur
de Tournon a dit de la conduire à la chapelle de la Vierge et que
cela la guérirait.
    – Monseigneur de Tournon ?…
    – Oui, le cardinal de Tournon, archevêque
d’Embrun, celui-là qui vient d’être nommé lieutenant général de
M. le connétable de Montmorency, et dont vous voyez là le
palais, au bout de la rue. Eh bien, Huberte a été conduite à la
chapelle, et, comme vous voyez, la Vierge n’a pas voulu la
guérir…
    – Et il y a deux ans qu’elle est
paralytique ? dit Renaud.
    – Oui, monsieur, deux ans juste. Comment
le savez-vous ?
    Renaud ne répondit pas. Il s’avança vers la
chaise que les porteurs venaient d’arrêter. Une cinquantaine de
paysans et de bourgeois de Tournon entouraient la chaise ;
quelques gardes du château du cardinal s’étaient approchés ;
dans cette foule, se tenait maître Pézenac, chef de la police
royale de Tournon donnant des explications à un moine qui venait de
sortir du palais cardinal. Ce moine était grand, mince, la figure
pâle, ascétique, l’attitude noble, révélant l’élégant cavalier
qu’il avait dû être jadis…
    La mère de la paralytique s’agenouilla. Les
femmes présentes et la plupart des hommes l’imitèrent ; sans
doute, la pauvre vieille voulait faire une dernière tentative pour
obtenir la guérison de sa fille.
    La petite Huberte, jolie, gaie, rieuse,
espiègle, avait été l’adoration de la ville. Tout à coup, un jour,
après avoir rendu visite à une paralytique
qu’elle avait
réconfortée de son mieux, Huberte fut prise d’étranges
malaises ; elle alla revoir souvent la paralytique. Après
chacune de ces visites, les malaises s’accentuaient.
    Un matin, elle essaya vainement de se
lever ; les jambes refusaient de la porter. Au bout de
quelques jours, Huberte était paralytique, et ses yeux seuls
conservaient la vie. Voilà ce que maître Pézenac expliquait au
moine.
    Dans le silence, la voix sanglotante de la
mère s’éleva :
    – Madame la Vierge, c’est monseigneur de
Tournon qui nous a envoyées à vous, ainsi que je vous le disais
tout à l’heure. Vous n’avez qu’un signe à faire et ma petite
Huberte marchera ; ô bonne Vierge, vous qui êtes si puissante,
sauvez mon enfant !
    – Sauvez-la ! cria la foule. Sauvez
Huberte !
    La petite paralytique fixait ses grands yeux
bleus sur la statue de la Vierge qu’on apercevait au fond de la
chapelle et il y avait une telle supplication dans ces jolis yeux
que le sombre moine qui regardait cette scène, en frissonnait
lui-même. Et pourtant, tout indiquait que cet homme devait avoir un
de ces cœurs qui ne s’émeuvent pas facilement.
    Il y eut un long murmure de prières ;
puis, de nouveau, le silence ; tous les regards se tournaient
vers la paralytique ; elle demeura immobile !… Longtemps,
la mère demeura agenouillée, et enfin, tristement, elle se releva.
Les porteurs saisirent la chaise. C’était fini : la petite
Huberte, à tout jamais, serait paralytique.
    À ce moment, cet étranger que tout le monde
avait pu voir devant l’auberge, ce voyageur tout couvert de
poussière s’approcha et dit aux porteurs :
    – Déposez cette chaise.
    Les porteurs obéirent. La foule se rapprocha.
Tous les yeux se fixèrent sur le voyageur, dont la figure, à cet
instant, dégageait un vif rayonnement. Renaud se pencha sur la
petite Huberte et lui prit la main en lui disant :
    – Mon enfant, regardez-moi…
    La paralytique obéit, et peu à peu, sur le
visage pâli de l’infirme, s’étendit une expression de confiance
infinie… Et alors une voix s’éleva, une voix douce, impérieuse. Et
Renaud disait :
    – Lève-toi et marche !…
    L’instant d’après, une rumeur, puis des
cris ; car, dans ce moment, tandis que la vieille mère
s’abattait sur ses genoux et saisissait la main de Renaud qu’elle
couvrait de baisers ; tandis que la foule criait :
« Noël ! Noël ! » ; tous virent cette
chose fabuleuse, impossible.
    La petite Huberte s’était levée !… Elle
marchait !… Elle obligeait sa mère à se relever !… Elle
lui parlait, elle souriait à tous, et une acclamation d’admiration
éperdue s’élevait.

II – IGNACE DE

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