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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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s’éloignait du fond du cachot dont
on refermait la porte, il entendit venir jusqu’à lui, cette
imprécation :
    – Maudit ! Je vivrai pour te faire
souffrir ce que je souffre !…

III – LE PREMIER PAS DE CATHERINE DE
MÉDICIS
    Anne de Montmorency précipita sa marche à
travers la France ; son plan initial était d’attaquer
Charles-Quint sur les Alpes. Aidé de son lieutenant général, le
cardinal de Tournon, il choisit une troupe de cavalerie et
d’infanterie légère et se porta en avant avec la rapidité de la
foudre. François I er demeura avec le gros de
l’armée et l’artillerie.
    Enfin, une arrière-garde était commandée par
François. Il avait sous ses ordres son frère Henri d’Orléans. Quant
au troisième fils du roi, Charles, il était resté à Paris.
    L’arrière-garde était entrée à Vienne dans les
premiers jours d’août. Elle comprenait de nombreuses dames de la
cour, et, parmi elles, Catherine de Médicis, la toute jeune femme
d’Henri. Diane de Poitiers, qui exerçait sur le prince une grande
influence, n’avait pas voulu quitter Paris. Catherine régnait donc
sur cette sorte de cour guerrière.
    La ville de Vienne, en Dauphiné, offrit à
François
(dauphin viennois)
des fêtes magnifiques. Mais
François demeura sombre. Un soir, après un dîner, auquel
assistèrent les deux princes, les dames d’honneur et les
gentilshommes de la maison, Catherine jeta un profond regard sur
Henri, qui pâlit ; puis ce regard rejaillit sur François, qui
écoutait sans mot dire.
    – Monseigneur, fit Catherine, je sais une
recette de vins mélangés qui rendrait gaieté et oubli au plus
malheureux.
    – L’oubli ! murmura sourdement
François.
    – Oui, mon cher Seigneur, l’oubli !…
Adieu tristesse, et vive la joie, dès qu’on a bu de mon
mélange.
    – Dites votre recette, madame, gronda
François.
    – Je la donnerai à votre gentilhomme des
vins.
    – Montecuculi ! appela le
prince.
    Montecuculi était dans la maison de François
une sorte de majordome chargé des vivres et des vins. C’était un
jeune homme d’une trentaine d’années qui entra dès qu’on l’eut
appelé, et que Catherine n’eut aucunement l’air de connaître.
    – Vous êtes, demanda-t-elle, le
gentilhomme des caves de monseigneur le duc de Bretagne ?
    – J’ai cet honneur, madame, répondit
Montecuculi.
    – Eh bien ! vous trouverez là de
merveilleuses recettes.
    Elle tendit à Montecuculi un mignon petit
livre. Montecuculi, sur un regard de Catherine, sortit en titubant,
mais nul ne remarqua cette émotion. Lorsque l’échanson fut hors de
la salle, le regard qu’Henri jeta sur sa jeune femme était chargé
d’épouvante. À ce moment, le dauphin se levait en disant :
    – Messieurs, demain nous partons. J’ai
hâte de rejoindre le roi et le connétable… dût un des boulets
impériaux me fracasser la poitrine ou m’emporter la tête…
    – Ce boulet serait le bienvenu !
ajouta-t-il plus bas.
    Henri et Catherine, entendant ces mots, se
regardèrent.
    Montecuculi, une fois rentré dans sa chambre,
ferma sa porte à triple tour, boucha la serrure, et, alors
seulement, il ouvrit le petit livre que Catherine de Médicis lui
avait remis… Il y avait un titre à ce livre. Et ce titre,
c’était :
    – 
De l’usance des poisons.
    Alors l’épouvante fit irruption dans l’âme de
Montecuculi. Il tourna autour de lui des yeux hagards, et, d’un
geste fou, cacha le livre sous l’oreiller du lit…
    *
    *
*
    Le lendemain matin, après avoir entendu la
messe, les princes et leur cour franchirent le Rhône, et gagnèrent
Tournon. Les gentilshommes occupèrent les maisons de noblesse ou de
riche bourgeoise. Le dauphin et son frère Henri furent installés au
palais du cardinal archevêque d’Embrun, par maître Pézenac.
    On devait dès le lendemain, à la pointe du
jour, se remettre en route. Le soir vint. On soupa en commun. Comme
d’habitude, François demeura sombre et silencieux…, Seulement, vers
la fin du souper, il dit tout haut :
    – Je ne sais ce qui me retient de monter
à cheval et de m’en aller tout courant rejoindre M. le
connétable.
    Dans le même instant, il dit à son écuyer de
bataille :
    – Mon destrier, tout de suite !
    Catherine pâlit. Debout, elle aussi, dès
l’instant où le Dauphin s’était levé, elle se sentit chanceler.
D’un flamboyant regard, elle jeta un ordre à son mari. Mais Henri
détourna la tête. Une flamme de

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