Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
de la
pitié. Il ne le savait pas.
    L’enfant, tout à coup, s’endormit ; et,
malgré cela, comme il arrive, ses yeux fermés continuaient de
pleurer. Le bravo ne bougeait pas. L’homme de guerre drapé dans son
manteau avec une immense rapière dans les jambes regardait dormir
dans ses bras l’enfant qui pleurait. Enfin, il le déposa de nouveau
sur sa paillasse. Puis il se recula en hochant la tête et en
fourrageant des doigts sa tignasse brune, où des mèches
commençaient à grisonner.
    Il gagna la porte, descendit dans la rue, et
entra chez une marchande de lait, pour la première fois de sa vie,
Brabant-le-Brabançon acheta du lait. Il remonta à son taudis, lava
son gobelet d’étain, et le l’emplit de lait. Et il s’approcha du
petit, souleva sa tête…
    Quand le fils de Marie fut rassasié, il
étendit les mains, et se mit à tirer sur les moustaches du reître.
Brabant-le-Brabançon se laissait faire… et tout à coup l’enfant se
rendormit d’un sommeil apaisé.
    Une sorte de mugissement sonore, soudain, dans
la nuit ; le bronze de Notre-Dame.
    – Une heure du matin !… gronda le
bravo.
    L’heure où il devait remplir sa mission,
puisque le prince Henri n’était pas venu lui dire de rendre
l’enfant à sa mère.
    – Tant pis ! grogna-t-il. S’il vient
et qu’il me dise d’aller chez le bourreau, je l’éventre, tout
prince qu’il est !…
    *
    *
*
    Le jour où eut lieu le départ pour la
Provence, Henri, parmi les gens de sa suite, ne trouva pas le
bravo ; Brabant-le-Brabançon avait disparu.

Chapitre 5 LE GUÉRISSEUR.
    I – LE MIRACLE DE LA PARALYTIQUE
    Renaud s’était élancé hors Paris en tempête.
Le cœur étreint par une de ces puissantes angoisses qui tuent un
homme en quelques heures. Renaud galopait furieusement. Toute sa
puissance de volonté, il l’appliqua à essayer d’oublier la scène de
Saint-Germain-l’Auxerrois. Il se disait :
    – Puisque je serai de retour dans vingt
jours, alors, je reprendrai l’entretien commencé à l’église ;
je veux ne penser qu’à aller vite…
    Cet homme pouvait-il donc se dédoubler ?
Pouvait-il donc se commander à soi-même de penser ou de ne pas
penser ? Oui, il avait ce pouvoir surhumain !
    Le lendemain soir de son départ, son cheval
tomba mort à l’entrée d’un village. Renaud était en selle depuis
dix-huit heures. Il se coucha dans une grange et dormit trois
heures.
    Quelques paysans faisaient cercle autour de
lui. Renaud sortit sa bourse et dit : « Un bon
cheval ! » On lui en amena quatre ; il choisit le
meilleur et partit à fond de train. Il ne s’arrêta que lorsque ce
nouveau cheval s’abattit à son tour.
    L’après-midi du cinquième jour, il arriva à
Tournon, sur le bord du Rhône.
    Arrivé là, il éprouva une sorte de lassitude
mortelle, non pas du corps, mais de l’esprit.
    – Voyons, se dit-il, si je ne triomphe
pas de ce malaise, je vais mourir dans une heure et mon père
mourra, et…
    Il sentit que sa pensée, fatalement, revenait
à Marie… Renaud descendit de cheval et s’arrêta à la porte d’une
auberge sans voir la servante qui lui apportait du vin. Il
s’accouda à la table. Sa main, sous son pourpoint entr’ouvert,
incrustait ses ongles dans la poitrine à l’endroit du cœur. C’était
atroce. Ces ongles fouillaient cette poitrine, et le sang coulait.
Ce qui se passait dans cette âme était hors de toute humanité.
    Il y avait en lui une ruée effroyable de
pensées qui s’exterminaient l’une l’autre. Ce fut une heure
d’angoisse hors du réel. Et dans ce chaos vertigineux de pensées
qui tourbillonnaient, une image souriait, victorieuse de la volonté
de Renaud… l’image de Marie !… Et il hurlait :
    – Je l’aime ! ô Marie ! ô
bien-aimé ! Je t’aime, je t’adore ! Nous mourrons
ensemble,
puisqu’il faut que je te tue !…
    Alors comme il venait de prendre cette
résolution, le calme descendit sur son âme saignante.
    À ce moment, la porte d’une chapelle, devant
lui, s’ouvrit, et il en sortit deux paysans portant une chaise sur
laquelle était assise une fille d’une quinzaine d’années, jolie,
pâle, les cheveux dénoués. Près d’elle, attentive aux moindres
cahots, une vieille, la figure ravagée de larmes, suppliait qu’on
marchât doucement… c’était la mère. Les yeux de Renaud se fixèrent
sur ce spectacle, il murmura :
    – Douleur, Douleur, tu domines le
monde !
    Il se leva tout d’une pièce

Weitere Kostenlose Bücher