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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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joie était montée au front de
Montecuculi. Il n’y aurait pas d’empoisonnement ! François
resterait dauphin de France ! Jamais une autre occasion ne se
présenterait si belle, si facile !… Catherine sentit sa tête
s’égarer. Elle s’avança vers François.
    – Monseigneur, dit-elle, que dira le roi
quand il saura que vous avez quitté le poste qui vous était
assigné ?
    – Le roi ! fit François, qui parut
s’arracher à quelque rêve.
    – Vous connaissez sa colère, lorsqu’il
est désobéi…
    – Vous avez raison ! Il faut qu’un
roi soit obéi. Et moi qui serai roi, je dois donner l’exemple.
Écuyer, rentre mon destrier à l’écurie ! Nous partirons
demain !…

IV – CAÏN
    Catherine se courba en une profonde révérence.
Le dauphin François s’en allait lentement vers l’appartement qui
lui était assigné. Catherine et Henri passèrent dans leur
chambre : Montecuculi s’y trouvait…
    Montecuculi était livide, Henri, blafard,
Catherine flamboyante. Catherine parla. Montecuculi figé, raidi,
les yeux exorbités, demeurait immobile. Catherine disait :
    – Voici une autre histoire !
Montecuculi qui était décidé, ne veut plus à cette heure ! Ou
du moins, il ne veut plus si vous ne lui donnez pas un ordre
précis. Parlez, Henri…
    Henri poussa un soupir et secoua la tête avec
violence.
    – Quoi ! Vous ne voulez
pas ?…
    Henri, de nouveau, secoua la tête. Montecuculi
respira. Catherine posa sur le bras d’Henri une main fine.
    – Non ! gronda Henri.
    – Non ? murmura Catherine. Vous ne
voulez pas régner ? Vous serez donc toute la vie le vassal de
votre frère. Quand il régnera, il saura parler en maître, et vous
saurez obéir. On doit obéir aux rois. Le dauphin le disait tout à
l’heure. Montecuculi, tout cela n’était qu’un jeu. Retirez-vous,
mon brave, et surtout n’en dites mot à personne. Plus tard, quand
son frère aura exilé ou fait égorger Henri pour se débarrasser de
lui, alors vous pourrez dire qu’un soir d’été la fortune s’est
montrée à Henri, qu’Henri n’avait qu’un mot à dire, et que ce mot,
il ne l’a pas dit. Allez.
    Montecuculi se dirigea vers la porte. Henri
haletait.
    – Lâche ! murmura Catherine.
    – Restez ! gronda Henri.
    – CAÏN ! tonna une voix.
    Le prince eut un effrayant tressaut de tout
son être. Il n’y avait dans la pièce que Catherine et Montecuculi.
Et pourtant, une voix avait hurlé : Caïn ! Un être était
là, invisible… Catherine n’avait pas remué. Montecuculi revenait
vers le prince. Donc ils n’avaient pas entendu :
    – Seul j’ai entendu, se raisonna Henri.
Illusion, peut-être. Quoi ! François régnerait, et je serais
son vassal ! Son jouet ! Son valet ! Qu’il meure
donc, je…
    – CAÏN ! cria la voix inconnue, mais
cette fois estompée.
    – Soit ! grinça Henri. Caïn !
c’est un titre !…
    Il ajouta tout haut, en claquant des
dents :
    – Vous avez lu le livre qui vous a été
remis hier ?
    – Oui… à la page marquée d’une croix
rouge…
    – Vous avez composé… la…
boisson ?
    – Oui, monseigneur !…
    – Vous êtes décidé à la faire boire… à
qui vous savez ?
    – Oui, monseigneur, aux conditions
promises.
    – Je les connais : si vous êtes
accusé, je vous couvrirai. Vous serez plus tard échanson du roi.
C’est cela ?
    Montecuculi s’inclina. Il était à bout de
forces. Catherine était impassible. Le visage d’Henri se
décomposait à vue d’œil. Un instant, il parut prêter l’oreille.
Qu’écoutait-il ?… Puis, il prononça ces mots :
    – Eh bien, monsieur, agissez !…
    – 
Caïn !
répéta pour la
troisième fois la voix – mais si faible, si lointaine que c’était
le dernier souffle d’une agonie.
    – Maintenant, dit Catherine d’un ton
enjoué, vous pouvez vous endormir tranquille. Adieu,
sire !…
    Lorsqu’Henri redressa la tête, il vit que
Catherine était sortie, mais il n’y prit pas garde. Il vit que
Montecuculi était sorti. Il voulut lui crier de revenir. Mais sa
langue se paralysa. Alors, la voix qui avait crié
Caïn
se
fit entendre. Elle semblait revenir de très loin. Et plus elle
approchait, plus elle devenait puissante. Enfin, elle gronda comme
le tonnerre :
    – Caïn
 !
CAÏN,
CAÏN !…
    Alors, d’autres voix vinrent se mêler à cette
voix. Puis des cloches, des glas, des tocsins. Et ce fut une
clameur d’enfer. Henri, en titubant, alla tomber

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