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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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maudit à qui seul est réservée la hideuse faculté de
haïr ?…
    Il fit un effort pour sourire, mais il n’y
parvint pas. À cette minute, il sentit que la haine, dans son âme,
avait creusé de tels abîmes que jamais plus il ne pourrait les
combler… Henri restait immobile, les yeux fixés sur la fenêtre. Il
songeait que s’il laissait tomber son regard sur François, il
allait se mettre à hurler :
    – Caïn ! Je suis Caïn !…
    – Monsieur, dit François, vous allez
prendre le commandement et marcher au roi. Je ne veux pas que, pour
un malaise, il y ait retard dans les opérations. Vous direz au roi
que je rejoindrai demain ou après-demain au plus tard. Vous
m’entendez ?
    – Oui. Et si le roi me demande pourquoi
j’ai laissé le dauphin malade au lieu de rester près de
lui ?
    – Vous répondrez que vous avez obéi à
votre chef. Allez.
    Henri s’éloigna. En arrivant dans sa chambre,
il tomba assommé. Catherine, pendant deux heures, lutta contre
l’évanouissement de son mari. Et, lorsqu’il revint à lui, il vit,
penchée sur lui, Catherine qui lui disait :
    – Êtes-vous donc lâche à ce point !
Debout, et face à la Destinée ! Ou c’est le bourreau qui va
vous toucher à la tête !…
    La journée se passa pour le malade sans
incident grave. Il lui semblait, par moments, se trouver bien.
Alors, il tentait de se soulever. Mais aussitôt sa tête
retombait.
    Brusquement, sur 4 heures de l’après-midi, une
fièvre violente se déclara. D’atroces malaises survinrent, et le
ventre gonfla comme une outre. Moins de dix minutes après, le
dauphin entra en délire. Les deux médecins penchés sur lui se
regardèrent avec épouvante ; sur son visage, ils venaient de
lire la mort imminente du prince…
    La crise dura quatre heures, pendant
lesquelles toute la ville de Tournon entassée dans l’église ou aux
abords fit monter au ciel la rumeur de ses supplications. À 10
heures du soir, le dauphin recouvra les sens et la raison. Mais il
poussa un cri déchirant :
    – Je vais mourir !…
    – Mon fils, mon cher Seigneur, dit près
de lui une voix, daigne le souverain maître écarter cet immense
malheur du roi et du royaume. Mais, si l’heure marquée par Dieu a
sonné, ne pensez-vous pas à prendre des forces pour le grand voyage
que va entreprendre votre âme ?
    François se tourna vers l’homme et reconnut un
prêtre.
    – Je vais donc mourir !
répéta-t-il.
    À ce moment, quelqu’un fit irruption et
s’écria :
    – Monseigneur, vous ne mourrez pas, si
vous m’entendez !
    – Qui êtes-vous ? demanda avidement
le prince.
    – Je me nomme Anselme Pézenac, officier
de la police royale. Je sais un moyen de vous sauver…
    – Ta fortune est faite, râla le prince.
Parle. Hâte-toi.
    Tous entourèrent, haletants, cet homme qui
parlait de sauver le prince moribond. Maître Pézenac
reprit :
    – Monseigneur, ce que je vais dire peut
être attesté par notre vénérable curé et par toute la ville. Il y a
quelques mois, sur l’ordre de très saint et très Révérend Père
Ignace de Loyola, de passage à Tournon, j’ai arrêté un jeune homme
qui est au cachot dans les souterrains de ce palais. Pourquoi le
procès de cet étranger n’a-t-il pas été instruit ? Je
l’ignore. Le très Révérend Loyola l’a-t-il oublié ? N’ayant
reçu aucun ordre, je l’ai gardé au cachot. Voici pourquoi cet
inconnu a été arrêté, monseigneur. Nous avions à Tournon la petite
Huberte, la fille de la veuve Chassagne. Cette jeune fille était
paralytique depuis deux ans. Mille personnes ont été témoins de ce
que je vais dire : L’inconnu s’approcha de la paralytique et
lui dit : « Lève-toi et marche ! » Aussitôt,
Huberte se leva et marcha…
    – J’atteste ! dit gravement le
prêtre.
    Le dauphin François écoutait ardemment. Les
deux médecins souriaient d’un air goguenard. Pézenac
reprit :
    – Quinze jours plus tard, l’enfant de la
Coubeyrous, âgé de quatre ans, fut pris de fièvre maligne. Le
moment vint où il allait trépasser. La Coubeyrous vint me supplier
de la laisser entrer dans le cachot de l’inconnu. J’y consentis. Le
guérisseur examina l’enfant. Puis il sortit de son pourpoint une
douzaine de petites boules blanches et ordonna à la Coubeyrous d’en
faire avaler une d’heure en heure au petit moribond. Le lendemain,
le petit allait mieux. Huit jours plus tard, il jouait sur la
place…
    – J’atteste !

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